L’épidémie d’Ebola s’amplifie en Guinée, ses voisins très inquiets

L’épidémie de fièvre Ebola en Guinée prenait vendredi de l’ampleur, Conakry la capitale, auparavant épargnée, étant désormais touchée par ce virus mortel et hautement contagieux qui inquiète de plus en plus les pays voisins.

L’hôpital Donka de Conakry le 27 mars 2014. © AFP

L’hôpital Donka de Conakry le 27 mars 2014. © AFP

Publié le 29 mars 2014 Lecture : 4 minutes.

Selon un bilan communiqué vendredi soir par le ministère guinéen de la Santé, huit cas de fièvre hémorragique, dont un mortel, ont été enregistrés ces deux derniers jours à Conakry, ville située dans le nord-ouest du pays. Tous ont été confirmés comme étant dus au virus Ebola.

De sources médicales, les personnes atteintes ont été placées à l’isolement à l’hôpital Donka, le plus grand de la capitale guinéenne.

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La fièvre hémorragique a fait son apparition dans le département de Dabola, dans le centre du pays, où un cas mortel a été signalé. Son origine n’a pas été précisée.
"Le cumul des cas suspects enregistrés de janvier au 28 mars 2014 (vendredi) donne un total de 111 cas suspects de fièvre hémorragique virale dont 70 décès (…) soit un taux de létalité de 63%", affirme le ministère de la Santé.

Le précédent bilan était de 103 cas dont 66 morts.

La grande majorité des cas ont été enregistrés dans des villes et régions du sud de la Guinée, considéré comme le foyer de l’épidémie. Les zones les plus touchées sont Guéckédou (51 décès sur 73 cas) et Macenta (12 décès sur 22 cas).

Jusqu’à vendredi, les échantillons prélevés sur 45 des cas suspects avaient été examinés, dont 19 se sont révélés positifs au virus Ebola, d’après le ministère, qui ne précise pas l’origine des autres cas.

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A ce bilan guinéen, s’ajoutent huit cas suspects – dont six mortels – de fièvre hémorragique virale au Liberia et six cas suspects – dont cinq mortels – en Sierra Leone, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Fortement préoccupée" par l’épidémie qui représente "une sérieuse menace régionale", la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) regroupant quinze pays dont la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, a appelé la communauté internationale à l’aide.

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Si certaines précautions sont prises, la fièvre Ebola "n’est pas une maladie qui, normalement, fait un nombre élevé de victimes" contrairement à "la grippe ou d’autres maladies transmissibles", a rappelé à Genève le porte-parole de l’OMS, Gregory Härtl. L’OMS n’a pas l’intention d’édicter des restrictions de voyage vers la Guinée, a-t-il dit.

Les habitants de Conakry interrogés par l’AFP vendredi étaient cependant effarés par la nouvelle de l’arrivée d’Ebola dans leur ville, parlant d’une "nouvelle malédiction divine" sur leur pays à l’histoire marquée par la violence politico-militaire et frappé par la pauvreté.

Plus grave que le sida et le choléra

Aminata Camara, employée de banque, estime que "cette maladie est extrêmement grave, plus que le sida et le choléra, plus que la tension et le diabète, parce qu’au moins ces maladies ont un traitement et peuvent être guéries à la longue".

Selon la ministère de la Santé, les cas d’Ebola à Conakry ont pour origine le décès dans la capitale d’un commerçant originaire de Dabola que sa famille est ensuite allée inhumer dans sa région natale avant de revenir à Conakry.

D’après les scientifiques, les rituels funéraires, au cours desquels les parents et amis sont en contact direct avec le corps du défunt, jouent un rôle important dans la transmission d’Ebola. La maladie peut aussi se transmettre par manipulation d’animaux porteurs du virus, vivants ou morts.

La détection de cas d’Ebola à Conakry est d’autant plus inquiétante que cette ville de plus de deux millions d’habitants est en grande partie insalubre: la plupart des quartiers ne disposent ni d’électricité ni d’eau potable alors qu’un des moyens de prévenir la maladie est d’avoir une bonne hygiène.

Il n’existe aucun vaccin ni remède contre le virus Ebola et seules des mesures préventives peuvent permettre de maîtriser l’expansion de l’épidémie, comme l’installation de centres d’isolement des malades et la désinfection systématique des domiciles des personnes atteintes.

Les organisations guinéennes et étrangères présentes en Guinée, dont l’OMS et Médecins sans frontières (MSF), s’activent depuis plusieurs semaines pour tenter d’enrayer la propagation de l’épidémie.

Plusieurs tonnes de matériel, dont des "kits d’hygiène" qui doivent permettre aux habitants de se protéger, ont été expédiées dans le sud de la Guinée et les campagnes d’information et de sensibilisation montent en puissance.

Le virus Ebola tire son nom d’une rivière du nord de la République démocratique du Congo où il a été repéré pour la première fois en 1976.

Il a tué 1 200 personnes pour 1 850 cas avérés au cours des épidémies les plus graves qui ont touché l’Afrique centrale, mais c’est la première fois qu’une épidémie de l’ampleur de celle qui affecte la Guinée a lieu en Afrique de l’Ouest.
 

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