Les « belles heures » de la colonisation selon le sénateur français Bruno Retailleau

Le chef de file du groupe Les Républicains au Sénat fustige la « repentance perpétuelle » qui « affaiblit », selon lui, la France.

© Damien Glez

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Publié le 13 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Au moment où la France s’enserre dans un bras de fer quelque peu surréaliste avec son ancienne colonie nigérienne, et où le Maroc – dans lequel un protectorat français s’exerça – n’accepte pas l’aide de Paris après le séisme dévastateur dans la région de Marrakech, un politicien français de premier rang n’a rien trouvé de mieux que de tresser des lauriers aux temps coloniaux…

C’est sur l’antenne de Sud Radio que Bruno Retailleau vient de déclarer, le 12 septembre : « La colonisation, c’est bien entendu des heures qui ont été noires, mais c’est aussi des heures qui ont été belles, avec des mains tendues. » Le chef de la droite sénatoriale dénonce « l’échec de la politique africaine d’Emmanuel Macron », citant l’exemple marocain et faisant le lien avec les putschs du Mali, du Burkina Faso et du Niger, trois pays où, selon lui, « une forme de haine anti-française s’est exprimée ». Et de dénoncer la logique de la « repentance perpétuelle » qui, d’après lui, « affaiblit » la France.

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Instrumentalisation politique

Le positionnement politique de Retailleau ne surprend guère. Alors que la course aux candidatures de droite a déjà commencé, pour la présidentielle de 2027, le politicien qui rêve de plus hautes fonctions sait qu’Emmanuel Macron a siphonné des forces vives de son parti Les Républicains (LR), gonflant ainsi la notoriété de présidentiables comme Gérald Darmanin ou Bruno Le Maire. Pour galvaniser le flanc droit de sa formation politique, à la lisière de l’extrême-droite, le sénateur conservateur doit s’opposer quasi systématiquement aux positions macronistes. Or, en février 2017, sur une chaîne de télévision algérienne, Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ».

Pour faire la différence avec les présidentiables Éric Ciotti et Laurent Wauquiez qui n’ont pas été débauchés par la « macronie » ou pour se mettre à leur service, si sa fenêtre de tir personnelle devait se fermer –, Bruno Retailleau doit réchauffer la ligne politique de celui qui lui avait transmis les rênes de son mouvement Force républicaine. Il s’agit de l’ancien Premier ministre François Fillon qui, justement, vanta le « rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Pour l’ancien candidat que l’on prévoyait vainqueur, en 2017, jusqu’au « Penelopegate », « la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique », et les enseignements scolaires ne doivent pas apprendre la « honte » de son pays.

À son tour, Bruno Retailleau instrumentalise les questions africaines pour faire de la politique franco-française. Il reproche à Macron d’attiser « la haine de soi » et de s’appuyer « beaucoup sur la bourgeoisie africaine de la diaspora […] contre les dirigeants ». Se prenant manifestement pour un institut de sondage, tentant d’avoir l’air « afrophile » et faisant mine d’ignorer que l’on dit ce qui plaît à des hôtes politiques, il affirme : « Quand je me rends en Afrique […], on me dit qu’ils attendent une France qui ne soit pas repentante, qui soit forte et qui assume. » Quelle Afrique ?

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