Municipales françaises : désaveu pour l’exécutif et appel à la mobilisation avant le second tour

L’abstention record et la percée du Front national au premier tour des municipales claquent comme une sanction pour l’exécutif et un sévère avertissement aux partis traditionnels, qui appellent les électeurs à se mobiliser avant le second tour dimanche.

Ouverture d’une urne le 23 mars 2014 à Lyon. © AFP

Ouverture d’une urne le 23 mars 2014 à Lyon. © AFP

Publié le 24 mars 2014 Lecture : 4 minutes.

En boudant les urnes, avec un taux de 38,72% d’abstention jamais vu pour ce type de scrutin, les Français ont exprimé leur défiance à l’égard du pouvoir, lors de ce premier test électoral à presque mi-mandat pour François Hollande.

Bousculée par le FN dans certaines villes, l’UMP et ses alliés de l’UDI bénéficient globalement de ce mécontentement. La gauche en forte baisse prend en revanche une véritable gifle. Selon des résultats consolidés du ministère de l’Intérieur, la droite obtiendrait 46,54% des voix au premier tour, la gauche 37,74% et le FN, qui ne présentait pas des listes partout, 4,65%.

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"Sanctionné": Le Parisien résume avec une photo du chef de l’Etat, les enseignements du premier tour. "Un vote sanction" pointé également par plusieurs quotidiens régionaux. Si les électeurs se défoulent habituellement contre le pouvoir en place lors des élections intermédiaires, "il est rare de le faire dans de telles proportions", écrit Ouest France.

Symboles de ce désaveu: La victoire surprise dès dimanche du frontiste Steeve Briois à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Et le revers, à Marseille, du socialiste Patrick Mennucci, en 3e position avec seulement 20,77% des voix, loin derrière l’UMP Jean-Claude Gaudin, dans l’une des villes que le PS espérait ravir à la droite. M. Mennucci est même distancé par le FN Stéphane Ravier (23,16%).

A Paris en revanche, le suspens reste intact: Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) a obtenu 35,64% des voix devant Anne Hidalgo (PS), 34,4%, mais ses listes sont distancées dans deux arrondissements gros pourvoyeurs de conseillers de Paris.

Le FN fait éclater le bipartisme

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En réalisant des scores supérieurs aux prévisions, le Front national s’impose pour nombre de commentateurs comme "la troisième force politique du pays" et fait voler en éclats le bipartisme droite-gauche. "Peur sur les villes", titre lundi le quotidien Libération, inquiet de la poussée du FN qui peut déjà imposer des triangulaires au second tour dans une centaine de villes où ses candidats sont en mesure de se maintenir.

"Nous avons déjà 472 conseillers municipaux rien qu’après le premier tour, 102 conseillers communautaires et nous serons présents dans 315 seconds tours dimanche. C’est plus qu’un pari réussi", a estimé lundi le vice-président du FN, M. Philippot.

 
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Le nombre définitif de ces triangulaires ne sera connu que mardi après 18H00, date limite pour le dépôt des candidatures au second tour. Dans 77 villes de plus de 30.000 habitants, quatre candidats peuvent même se maintenir.

Les électeurs de droite se sont dans l’ensemble plus mobilisés, au premier tour, que ceux de gauche. Pour limiter les dégâts au second, la gauche devra bénéficier d’un sursaut des abstentionnistes en sa faveur. Elle peut, également, sauver des villes grâce à des tringulaires avec le FN comme à Reims. La droite compte sur une mobilisation de son électorat pour confirmer ses résultats du premier tour et tenter de reconquérir les électeurs du FN. "Voter FN, c’est voter PS", a résumé lundi le vice-président de l’UMP, Brice Hortefeux.

Claude Bartolone, président (PS) de l’Assemblée Nationale, a appelé lundi les électeurs de gauche à "ne pas sacrifier les maires et les équipes qui ont fait le travail au niveau local". Il a réaffirmé la nécessité de "faire barrage" au FN, "ferment de division de la société française", y compris par des retraits de listes socialistes "si c’est la solution."

L’heure est donc à la mobilisation au niveau local et national. Dès 09h30, le président Hollande devrait tirer les enseignements du scrutin lors d’un entretien avec le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l’Elysée.

L’UMP réunit pour sa part son bureau politique à 15H00. Pour son président, Jean-François Copé, "les conditions d’une grande victoire" de la droite sont réunies. L’ex Premier ministre François Fillon a affirmé que pour l’UMP, "aucun désistement et aucune alliance ne peuvent être envisagés" avec le FN au second tour.

Le Front national réunira quant à lui son bureau exécutif dans la journée.

A gauche, le Parti socialiste a appelé les électeurs à faire barrage au FN. Jean-Marc Ayrault a ainsi estimé que les "forces démocratiques et républicaines" devaient "empêcher" une victoire FN. Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, tiendra un point de presse à 11H00. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, s’exprimera à 14H00.

Le Front républicain est une "idée folle", a déjà rétorqué pour l’UMP le député Henri Guaino, assumant une "divergence" avec l’UDI. "Ceux qui ont voté pour le Front National ont voulu dire quelque chose, il faut l’entendre."

Pour Eric Decouty de Libération, "à l’UMP comme au PS, le moment est peut-être venu de redonner un peu de crédit au débat politique".

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