Écarté de la présidentielle à Madagascar, Monja Roindefo en colère contre la Haute cour constitutionnelle
Le président du parti Monima ne digère pas d’avoir vu sa candidature à la présidentielle du 9 novembre refusée. Une contestation qui fait grand bruit.
Sa réaction ne s’est pas fait attendre. Et elle a été d’autant plus cinglante que la décision n’est pas susceptible de recours. Après l’invalidation de sa candidature par la Haute cour constitutionnelle (HCC), le 10 septembre, Monja Roindefo Zafitsimivalo a dénoncé une décision « injuste », allant jusqu’à interroger la légitimité de l’institution l’ayant écarté de la course à la présidentielle du 9 novembre prochain.
Sa candidature a été rejetée au motif qu’il n’a pas versé la caution de 200 millions d’Ar prévue au titre d’un décret gouvernemental du 11 juillet 2023, pris à l’initiative du Premier ministre, Christian Ntsay. Une disposition que remet en cause le candidat écarté, qui préfère, lui, se rapporter à la loi organique de 2018.
« La HCC bafoue l’indépendance de la Ceni »
« Il y a, dans la décision de la HCC, au-delà d’une mauvaise foi, un non-respect de la loi en vigueur », s’est emporté celui qui fut le Premier ministre de transition d’Andry Rajoelina, en 2009, lors d’une conférence de presse très offensive. « Il est clair, dans la loi organique, que le montant émane d’une proposition de la Ceni [Commission électorale nationale indépendante], et non pas du ministère de l’Intérieur, a-t-il argué. La HCC bafoue l’indépendance de la Ceni, voire remet en cause l’existence et l’utilité de cet organe dans la gestion du processus électoral. »
Monja Roindefo Zafitsimivalo affirme avoir présenté un chèque de 50 millions d’AR, libellé à l’ordre de la Caisse de dépôt et de consignation du Trésor. S’appuyant sur le fait que la Ceni avait, lors des précédents scrutins, fixé la caution à 50 millions d’Ar, il estime donc avoir rempli ses obligations. Il insiste en outre sur le fait que la HCC ne lui a pas signalé le problème avant d’invalider sa candidature. L’ancien Premier ministre a également évoqué une possible saisine des instances de la Communauté économique des États d’Afrique australe (SADC).
Autre motif de colère de Roindefo Zafitsimivalo à l’égard de la HCC : la décision de la Haute cour de confier au gouvernement collégial sous la houlette du Premier ministre Christian Ntsay les « attributions présidentielles courantes » par interim jusqu’à la fin du processus électoral. Selon la Constitution, la candidature d’Andry Rajoelina, président sortant, ayant été validée, il revenait au président du Sénat d’« assumer les fonctions de chef de l’État par interim » le temps du scrutin. Sauf que ce dernier a renoncé à exercer ces fonctions, avançant des « raisons personnelles ». En acceptant cet état de fait, et de confier les fonctions intérimaires au gouvernement collégial, la HCC provoque un « glissement transitionnel unilatéral du pays », dénonce l’ancien chef du gouvernement de transition.
En perte de vitesse
Empêché de se lancer dans la course à la présidence, Monja Roindefo Zafitsimivalo espère continuer de peser dans le débat. Le patron du Mouvement national pour l’indépendance de Madagascar (Monima), formation historique fondée en 1958 par Monja Jaona – combattant anticolonialiste qui fut notamment à la pointe de l’insurrection de 1947 contre les colons français – a lancé un appel à la mobilisation de ses militants.
Mais le parti, en perte d’influence, devrait pâtir encore de l’invalidation de la candidature de son champion. À la tête de la manifestation pacifique devant le palais d’Ambohitsorohitra du 7 février 2009, qui s’était terminée dans un bain de sang, Roindefo Zafitsimivalo avait été nommé un mois après Premier ministre de transition. Mais huit mois plus tard, il avait été contraint de céder sa place à Eugène Mangalaza. Ses faibles résultats à la présidentielle de 2013 l’avait écarté de la scène politique malgache, sur laquelle il tente, depuis le début de 2021, de retrouver une place. Difficilement. La décision de la HCC signera-t-elle l’épilogue de la carrière politique du patron du Monima ?
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