Le procès d’Oscar Pistorius pourrait être prolongé jusqu’à la mi-mai
Le très médiatique procès du champion handisport sud-africain Oscar Pistorius, accusé d’avoir assassiné sa compagne Reeva Steenkamp, pourrait se prolonger jusqu’à la mi-mai, la Cour n’ayant encore entendu qu’un faible nombre de témoins.
Les audiences ont débuté le 3 mars et devaient théoriquement s’achever jeudi 20 mars, au bout de trois semaines. Le tribunal de Pretoria a annoncé dimanche qu’il ajoutait sept semaines supplémentaires au programme: du 24 mars au 4 avril, puis du 14 avril au 16 mai.
Il s’agit de "permettre à l’accusation et à la défense de présenter leurs cas, quel que soit le temps nécessaire", a précisé à l’AFP Lulama Luti, porte-parole du système judiciaire.
"Il est possible que ça ne prenne pas jusqu’au 16 mai, c’est une date indicative. (…) Il est très possible que ça prenne moins de temps – ça dépendra si ils ont fini, ou pas", a-t-elle toutefois nuancé. "Vous ne pouvez jamais savoir ce qui va se passer au tribunal!" Avec une telle prolongation, le procès de l’athlète va télescoper la campagne des élections générales du 7 mai à la une des journaux sud-africains.
Oscar Pistorius, 27 ans, est accusé d’avoir prémédité le meurtre de son amie Reeva Steenkamp, un mannequin de 29 ans, qu’il a abattue de quatre balles aux premières heures de la Saint-Valentin 2013. Lui, prétend qu’il s’agit d’une terrible méprise, et qu’il croyait avoir à faire à un cambrioleur qui se serait enfermé dans les toilettes. Après treize jours d’audiences retransmises en direct à la télévision, la Cour n’a entendu que 18 témoins.
Le procureur Gerrie Nel avait indiqué mercredi, avant que le procès ne soit ajourné jusqu’à lundi, qu’il n’avait plus que "quatre ou cinq témoins" à appeler à la barre. Mais il a dressé une liste de 107 noms dans laquelle il peut piocher, alternant témoignages directs sur le meurtre de Reeva Steenkamp et ceux sur la personnalité d’Oscar Pistorius.
La défense va également présenter ses témoins, et Pistorius lui-même doit aussi être interrogé, avant le réquisitoire de l’accusation et la plaidoirie de l’avocat du sportif Barry Roux.
Maison en vente
Me Roux n’est pas étranger à l’extrême lenteur des audiences, vu qu’il n’a cessé depuis trois semaines de porter ses contre-interrogatoires sur des détails en apparence fort éloignés du fond de l’affaire, répétant ses questions à outrance, en tentant de déstabiliser les témoins à charge.
S’il a remarqué publiquement mercredi que le procès était "onéreux, coûteux", l’avocat profite directement de ces longueurs, puisque son équipe de défense coûterait selon la presse sud-africaine environ 100.000 rands (6.700 euros) par jour à l’athlète.
Oscar Pistorius a d’ailleurs dû mettre en vente la maison où il a tué Reeva pour payer ses avocats. Selon l’agent immobilier chargé de l’opération, Ansie Louw, l’épouse de son coach Ampie Louw, il devrait en tirer au moins les 5 millions de rands (330.000 euros) estimés l’an dernier.
Les trois semaines du procès ont confirmé le portrait du jeune homme dont se délectent les médias sud-africains depuis plusieurs mois: celui d’un garçon flambeur, amateur de jolies femmes et de voitures puissantes, et aussi d’armes à feu, craignant constamment pour sa sécurité.
Contre-expertise
L’accusé lui-même a montré une très grande sensibilité, vomissant à plusieurs reprises pendant les audiences quand on évoquait la façon dont il a tué Reeva et refusant de regarder des photos prises par la police après le meurtre.
Si la défense s’est employée à ridiculiser les errements des enquêteurs – qui ont après les faits souillé les lieux, manipulé l’arme du crime sans gants, déplacé sans ménagement la porte des toilettes à travers laquelle Oscar Pistorius a tiré, et même volé une montre de prix – il lui reste à rendre plausible la version de l’athlète, malmenée par des témoignages et des expertises.
Il lui faut notamment fournir une contre-expertise montrant que Reeva Steenkamp a d’abord été touchée à la tête, et n’a donc pas eu le temps de crier avant les coups de feu suivants comme l’ont entendu des témoins. Pourquoi Pistorius n’a-t-il pas vérifié que son amie était bien couchée avant d’aller tirer sur le supposé cambrioleur? Pourquoi a-t-il tiré pour tuer, alors qu’il savait qu’on ne doit pas décharger son pistolet sur quelqu’un qui n’est pas directement menaçant? Pourquoi ne pas avoir tiré d’abord des coups de semonce? Les questions sont nombreuses… Le verdict et la sentence ne sont attendus que plusieurs semaines après la fin des audiences.
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