Libye : Washington remet le pétrolier contrebandier, heurts dans l’Est
La marine américaine a remis aux autorités libyennes un navire chargé de brut acheté illégalement à des rebelles autonomistes de l’est de la Libye, où ces derniers défiaient de nouveau l’autorité de l’Etat en tentant de prendre le contrôle d’une caserne militaire.
"Aujourd’hui (samedi) les forces américaines ont remis le contrôle du M/T Morning Glory au gouvernement de la Libye. Le transfert a eu lieu dans les eaux internationales au large de la côte libyenne, et le gouvernement libyen et ses forces de sécurité contrôlent actuellement le navire", a indiqué l’ambassade américaine en Libye.
L’ambassade a précisé avoir reçu des assurances du gouvernement libyen, "que le capitaine, les membres de l’équipage et les ressortissants libyens qui sont à bord du pétrolier apatride seront traités humainement, conformément aux normes internationales des droits de l’Homme".
Le Morning Glory, un navire égyptien battant pavillon nord-coréen de complaisance, que Pyongyang a dénoncé quelques jours plus tard, était arrivé le 8 mars au port d’al-Sedra, contrôlé par les rebelles.
Peu après, il se mettait à charger du brut, vendu par les rebelles autonomistes de l’est de la Libye qui bloquent depuis juillet 2013 les terminaux pétroliers, suspendant les exportations de brut et privant ainsi le pays de sa principale source de revenus.
Le procureur général libyen avait immédiatement ordonné l’arrestation du navire et de son équipage, et la marine libyenne avait annoncé avoir cerné le port pour l’empêcher de sortir.
Mais le 11 mars, les autorités libyennes ont admis que le navire, chargé d’au moins 234.000 barils de brut, avait réussi à "profiter des mauvaises conditions climatiques pour se diriger vers le large" et échapper à l’escorte des forces libyennes.
Ce sont au final les forces spéciales de la marine américaine en Méditerranée qui sont parvenues à saisir le navire, lundi, avant de l’escorter jusqu’en Libye. Selon un responsable du port de Zawiya, à 50 km à l’ouest de Tripoli, le pétrolier devait y accoster pour vider sa cargaison.
Une autre source du port a cependant indiqué que le navire avait changé de direction en fin d’après-midi samedi pour se diriger vers le port de Tripoli.
Vaines menaces
Face aux rebelles, les autorités ont menacé à plusieurs reprises de recourir à la force, sans toutefois passer à l’action. Mais après la tentative d’exporter illégalement le brut, le gouvernement libyen mobilisé des forces dans la région de Syrte, à 500 km à l’est de Tripoli, pour préparer une offensive visant à libérer les ports pétroliers.
Les autorités ont aussi fixé un ultimatum de deux semaines aux rebelles pour lever le blocage des ports, qui expire en milieu de semaine prochaine.
Les rebelles n’ont pas cessé pour autant de défier le pouvoir. Samedi, des autonomistes affrontaient des forces gouvernementales à Ajadabiya, à 840 km à l’est de Tripoli.
Selon un haut responsable militaire, les heurts se déroulaient autour d’une caserne dans l’est de la ville, et opposaient la brigade d’Ali Hussein Jaber, qui dépend de l’armée libyenne, aux Forces de la défense de la Cyrénaïque (rebelles).
Les affrontements ont éclaté à l’aube, a ajouté ce responsable sous couvert de l’anonymat, faisant état de victimes des deux côtés, sans en préciser le nombre.
L’un des commandants rebelles a expliqué qu’ils tentaient de reprendre le contrôle de cette caserne, prise plus tôt par les forces pro-gouvernementales.
Un journaliste de l’AFP a entendu des tirs à l’arme lourde et légère dans la ville, tandis que des colonnes de fumée s’élevaient au dessus du périmètre de la caserne.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, la Libye est confrontée à une forte instabilité politique, à des tendances séparatistes et à des violences incontrôlées dans un contexte de prolifération des armes, qui empêchent tout essor économique. Le blocage des ports pétrolier a provoqué une chute de la production à 250.000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant.
Les autorités ne parvenant pas à former une police et une armée professionnelles efficaces, milices et rebelles en profitent.
Les autonomistes de la Cyrénaïque, partisans d’un système fédéral en Libye, avaient ainsi annoncé en août la formation d’un gouvernement local, d’une banque et d’une Compagnie fédérale de pétrole.
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