Détente, culture, festivals… L’offre Dakhla se diversifie
Principalement connue pour les sports nautiques, notamment le kitesurf, Dakhla commence à opérer une diversification de son offre touristique. Et réfléchit également aux moyens de retenir les cadres qui viennent travailler dans la région.
S’il fallait donner une image de Dakhla fidèle à sa représentation dans l’imaginaire collectif, un simple cliché du « PK25 » suffirait. Cette zone, qui tire son nom de sa localisation (elle est située à 25 kilomètres au nord du centre-ville), est une bulle qui concentre à peu près tout ce que le voyageur standard peut avoir d’attentes et de projections sur la ville.
En quelques années à peine, une douzaine d’hôtels sont venus border la lagune, où s’exercent quotidiennement de nombreux pratiquants de kitesurf. Si les différents établissements varient sensiblement leur packaging, l’offre reste globalement la même, et s’adresse à une clientèle aisée à la fibre écolo. Ici, les débutants peuvent profiter de la faible profondeur de l’eau pour s’initier à la discipline, tandis que les pratiquants plus confirmés peuvent y répéter leurs figures.
Nichée aux confins des rives atlantiques du Sahara occidental, la « perle du désert » demeure presque exclusivement connue des voyageurs étrangers pour la pratique du kitesurf. Grâce à des conditions météorologiques favorables, Dakhla est devenue l’un des principaux spots mondiaux de la discipline. Au mois de septembre, elle a d’ailleurs accueilli, comme chaque année maintenant, l’une des étapes du championnat du monde. Mais peut-on faire autre chose que du kitesurf à Dakhla ?
En 2022, 23 % des projets validés par la ville étaient consacrés au tourisme. Les autorités locales le savent, la ville n’est encore qu’au début de sa transformation. Elles font donc le nécessaire pour ne pas griller les étapes. Les quelques établissements qui se sont essayés à proposer une offre basée uniquement sur le triptyque piscine-plage-cocktails, excluant les aspects faisant la spécificité de son environnement, ont vite renoncé.
« Pas une ville balnéaire »
« Dakhla n’est pas une ville balnéaire et ne le sera jamais », estime Mounir Houari, directeur général du Centre régional d’investissement (CRI) pour la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab. Les fortes rafales de vent qui soufflent vingt-quatre heures sur vingt-quatre et les courants marins trop agités ne rendent guère agréable l’expérience de la traditionnelle bronzette sur la plage.
C’est l’une des raisons pour laquelle Dakhla entend d’abord poursuivre le développement de sa niche touristique avant d’envisager de diversifier son offre. Parallèlement, la commune réfléchit aux options pouvant s’insérer dans son offre actuelle. Le marché du « bien-être », par exemple, en plein essor dans la région, est de plus en plus prisé par les opérateurs touristiques et commerciaux, et beaucoup d’hôtels dispensent désormais des cours de yoga. Certains établissements proposent déjà des « retraites » de quelques semaines destinées aux personnes souhaitant effectuer des cures spécialisées. D’autres usagers peuvent simplement s’isoler et se reposer en profitant du cadre unique qu’offre la ville, en alternant les séances de kitesurf avec les passages au spa.
« Nous opérons une diversification de notre offre d’animation. Il existe des programmes de subventions pouvant aller jusqu’à 30 % pour encourager tous les investissements dans l’animation touristique et hôtelière », commente Mounir Houari. « Des moyens sont aussi déployés pour développer la visibilité de la culture hassanie, étendre le tourisme à la partie désertique de la région », ajoute Nabil Ameziane, responsable de la promotion et de l’attractivité territoriale au sein du CRI.
Mais la région voit plus loin. Depuis les investissements massifs injectés dans ses provinces du Sud en 2015, l’État n’a pas lésiné sur les moyens pour attirer des profils diplômés à même de participer au développement de la ville. Mais la municipalité en est bien consciente, si elle compte fidéliser les gens en provenance des grandes villes venus travailler sur son territoire, elle doit être en capacité de leur offrir les mêmes opportunités socio-économiques et récréatives que les autres grandes villes du royaume.
De plus en plus d’événements
« Des efforts sont faits pour développer un écosystème local », assure Laila Ouachi, une ancienne communicante rbatie basée depuis dix-sept ans à Dakhla, où elle a investi dans le secteur hôtelier. Une piscine municipale a vu le jour et un grand nombre de restaurants, de cafés et de terrains de proximité ouvrent chaque année. La ville accueille également de plus en plus d’événements annuels : courses solidaires, festivals de musique et de films… Les élèves scolarisés dans la ville commencent aussi à profiter des spécificités de la régions, et bénéficient de séances d’initiation au kitesurf.
Plusieurs secteurs restent toutefois encore à développer, voire à créer. Comme celui du shopping. « À l’image de Tarifa, en Espagne, on pourrait tout à fait construire des espaces dédiés à l’implantation de petites boutiques », imagine Laila Ouachi. Un palais des congrès a aussi été bâti, dans le but d’accueillir davantage d’événements nationaux et internationaux, comme aime en organiser le Maroc. « C’est clair que ça n’a rien encore à voir avec Casablanca, où le degré d’animation n’est évidemment pas le même, concède Ghizlane, 37 ans, originaire de Casablanca, et qui réside aujourd’hui à Dakhla. « Mais c’est ce contraste qui me plaît. Il y a aussi pas mal de jeunes de ma génération et de plus en plus de cadres qui viennent travailler ici. »
Après l’avoir découverte en 2012 lorsqu’elle y effectuait de la photo artistique, cette passionnée de mode et de photographie est tombée sous le charme de la région, où elle a ouvert, dès 2014, une agence de marketing et d’événementiel qui conseille des hôtels sur la partie artistique et sportive. Depuis 2021, elle passe la majeure partie de l’année à Dakhla. « Pour l’instant, la ville convient plus aux artistes ou à ceux qui viennent travailler dans le secteur du sport nautique. Nous avons beaucoup de talents du côté artistique, comme dans la musique. Nous avons une maison de l’artisan, et des galeries d’art qu’il faut faire vivre », détaille-t-elle.
Pour l’instant, l’offre de loisirs dont disposent les habitants reste cependant un peu limitée. Nombre de cadres venus travailler à Dakhla effectuent des aller-retour réguliers à Casablanca ou Rabat, où résident toujours leurs familles. « Pour remplir son temps libre, il faut avoir une passion. Pour la nature ou le sport par exemple. Sinon, c’est vrai qu’on s’ennuie un peu, reconnaît Ghizlane, qui passe également plusieurs mois de l’année dans sa ville d’origine. Mais chaque chose en son temps. Il y a une vingtaine d’années, c’est à peine si la ville existait. »
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