Guinée-Bissau : début de campagne pour des scrutins censés rétablir la stabilité

La campagne pour la présidentielle et les législatives du 13 avril débute samedi en Guinée-Bissau, des scrutins censés ramener la stabilité deux ans après un coup d’Etat qui avait à nouveau frappé ce pays habitué à la violence politico-militaire.

Des soldats patrouillent dans une rue de Bissau, en Guinée-Bissau le 21 octobre 2012. © AFP

Des soldats patrouillent dans une rue de Bissau, en Guinée-Bissau le 21 octobre 2012. © AFP

Publié le 22 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

L’instabilité chronique et l’extrême pauvreté de la Guinée-Bissau, ex-colonie portugaise de 1,6 million d’habitants qui ne compte plus les coups d’Etat depuis son indépendance en 1974, ont facilité l’implantation de trafiquants de drogue avec la complicité présumée de hauts responsables de l’armée, dont son chef, le général Antonio Indjai.

Ce petit pays d’Afrique de l’Ouest coincé entre le Sénégal et la Guinée, est cité par les organisations internationales de lutte anti-drogue comme l’une des principales plaques tournantes du narco-trafic entre l’Amérique du Sud et l’Europe.

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Treize candidats se présentent à la présidentielle et ceux de quinze partis aux législatives, des élections qui auraient dû se tenir un an après le dernier coup d’Etat militaire du 12 avril 2012, mais qui ont été reportées à de nombreuses reprises.

Le putsch, mené par le général Indjai, avait renversé le régime du Premier ministre Carlos Gomes Junior et s’était tenu entre les deux tours d’une présidentielle interrompue de facto.

Parmi les candidats, figurent José Mario Vaz et Abel Incada, représentant les deux principales formations politiques du pays, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) et le Parti de la rénovation sociale (PRS) de l’ex-président Kumba Yala qui a abandonné la vie politique.

L’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, du PAIGC, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle interrompue en avril 2012, vit en exil depuis que son régime a été renversé.

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Un des candidats est Paulo Gomes, indépendant et atypique dans le paysage politique de la Guinée-Bissau jusqu’alors essentiellement dominé par des caciques de la guerre d’indépendance contre le Portugal.

Paulo Gomes est un brillant économiste de 50 ans qui a passé la plus grande partie de sa vie à l’étranger, notamment à la Banque mondiale dont il a dirigé la section Afrique subsaharienne.

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Il estime que ses compétences économiques peuvent aider à redresser son pays qui figure parmi les plus pauvres au monde, classé en 2012 à la 177ème place sur 187 du développement humain établi par l’ONU.

Un pays exsangue

L’économie repose sur l’agriculture et la pêche, qui représentent environ 63% du PIB. L’agriculture assure 80% des moyens de subsistance et 90% des exportations, principalement les noix de cajou. Les infrastructures sont exsangues et plus des deux tiers des Bissau-Guinéens vivent au-dessous du seuil de pauvreté.

Une situation aggravée par la suspension de l’aide de ses partenaires internationaux – dont le principal, l’Union européenne (UE) – après le coup d’Etat de 2012. Ils n’ont pas reconnu les autorités de transition alors mises en place avec l’aval des militaires auteurs du coup d’Etat.

Le chef des putschistes, le général Indjai, a été inculpé en avril 2013 aux Etats-Unis de complot de narco-terrorisme avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), ce dont il se défend.

Son inculpation était intervenue quelques jours après l’arrestation par des agents anti-drogue américains de l’ex-chef de la Marine bissau-guinéenne, José Américo Bubo Na Tchuto, et de plusieurs complices présumés, dans les eaux internationales ouest-africaines. Deux Colombiens suspectés d’avoir traité avec eux avaient également été appréhendés dans leur pays,.

Quel que soit le vainqueur de la présidentielle, il devra composer avec une armée toute puissante et pléthorique, héritage de la guerre de libération contre le Portugal.

Car, note Gilles Yabi, analyste politique ouest-africain, "le plus dur en Guinée-Bissau n’est pas toujours de doter le pays d’un président démocratiquement élu, c’est de lui garantir de bonnes chances de survie politique et physique jusqu’à la fin de son mandat, surtout s’il lui venait à l’esprit de toucher aux intérêts des chefs militaires et/ou des alliés locaux des réseaux internationaux de trafic de drogue actifs dans ce pays et dans toute l’Afrique de l’Ouest".

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à laquelle appartient la Guinée-Bissau et qui a maintenu son aide, sera chargée en grande partie d’assurer la sécurité des élections.

Elle a envoyé 750 hommes dans le pays après le putsch de 2012, mais leur nombre devait augmenter à l’approche des élections.

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