« Ensevelis sous la boue ou emportés par la mer » : en Libye, Derna cherche ses morts

L’état du pays après des années de conflit et l’inefficacité des autorités sont pointés du doigt par les habitants et la communauté internationale pour expliquer l’ampleur du désastre.

Un volontaire assis sur les décombres d’un bâtiment dans une zone endommagée à Derna, le 14 septembre 2023. © Abdullah DOMA / AFP

Publié le 15 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Le 15 septembre, secouristes et volontaires s’activaient toujours à la recherche de milliers de personnes portées disparues à Derna, après des inondations rappelant un tsunami qui ont dévasté la ville côtière de l’est de la Libye.

Parlant d’une situation « catastrophique », le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha) a lancé un premier appel de fonds de plus de 71 millions de dollars pour venir en aide immédiatement aux quelque 250 000 personnes les plus touchées par les inondations, provoquées par la tempête Daniel.

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Après la destruction de nombreuses routes, « la municipalité (de Derna) exhorte les autorités à mettre en place un couloir maritime pour l’aide d’urgence et les évacuations », a indiqué l’Ocha, estimant à quelque 884 000 le nombre de personnes affectées directement par la catastrophe.

Emportés par la mer

Selon un photographe de l’AFP sur place, le centre ville de Derna ressemble désormais à un terrain aplati par un rouleau compresseur. Les arbres ont été déracinés, les immeubles et les ponts détruits.

Des habitants racontent que des centaines de corps gisent encore sous les tonnes de boue et de décombres. Selon certains d’entre eux, les autorités libyennes n’ont pas pris les mesures nécessaires pour se prémunir de la catastrophe, se contentant d’ordonner aux habitants de rester chez eux en prévision de la tempête Daniel, qui s’était abattu sur la Turquie, la Bulgarie et la Grèce avant d’atteindre le pays d’Afrique du Nord le 10 septembre dernier.

Depuis, des dizaines de corps sont découverts chaque jour et enterrés parfois dans des fosses communes. De nombreuses personnes ont été emportées vers la mer qui a rejeté des dizaines de cadavres, faisant craindre des épidémies liées à leur décomposition, selon les autorités sanitaires.

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Le nombre de sacs mortuaires distribués dans la ville illustre l’étendue du drame. Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué à lui seul en avoir fourni 6 000.

Des morts « qui auraient pu être évités »

Le patron de l’Ocha, Martin Griffiths, a déjà débloqué dix millions de dollars d’un fonds d’urgence en faveur des victimes, disant que l’ONU avait déployé sur le terrain « une équipe solide pour soutenir et financer la réponse internationale ». De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir commencé à fournir une aide alimentaire à plus de 5 000 familles déplacées par les inondations, précisant que des milliers d’autres à Derna sont « sans nourriture ni abri ».

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L’ONU, les États-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont promis d’envoyer de l’aide. Des équipes de secours étrangères sont déjà à l’œuvre à la recherche d’éventuels survivants.

La plupart des morts à Derna « auraient pu être évitées », a estimé Petteri Taalas, patron de l’Organisation météorologique mondiale qui dépend de l’ONU. Les années de conflit en Libye ont « en grande partie détruit le réseau d’observation météorologique », tout comme les systèmes informatiques, a-t-il déclaré à Genève.

(Avec AFP)

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