Usine Peugeot à Tanger, info ou intox ?
L’information relayée par le journal français Le Parisien selon laquelle le groupe automobile français PSA envisagerait de construire une usine à Tanger crée des remous des deux côtés de la Méditerranée. Le projet est démenti par les deux parties.
Selon le quotidien français Le Parisien, une réunion privée se serait tenue le 7 novembre à Marseille au sujet de l’éventuelle implantation de PSA à Tanger, en marge du forum économique Mena (Moyent-Orient et Afrique du Nord), entre le nouveau ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, et Arnaud Montebourg, ministre français du Redressement productif. D’après une source marocaine, « il s’agissait de sensibiliser Arnaud Montebourg à cette idée, alors que des rencontres avaient déjà eu lieu à ce sujet entre des cadres de Peugeot et des officiels du royaume chérifien ».
Seulement voilà, ce projet est démenti tant du côté du constructeur que de la filière automobile marocaine. Les deux parties mettent en doute l’intérêt stratégique de s’installer dans le royaume pour un groupe qui connaît des difficultés financières, avec des pertes de 65 millions d’euros au premier semestre 2013, liées notamment à une surcapacité de production en Europe. Une situation qui a entraîné la fermeture de l’usine d’Aulnay et la suppression de 1 400 emplois à Rennes.
Spéculations
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« Il n’y a eu aucune discussion entre PSA et les autorités marocaines à ce sujet, que ce soit à Tanger ou à Marseille. La question a peut-être été posée au ministre, il est naturel que les Marocains cherchent à promouvoir leurs sites industriels, mais cela ne nous implique en rien », fait valoir Pierre-Olivier Salmon, en charge de la communication pour le groupe français. « Il est logique qu’il y ait des spéculations sur nous, car, à un moment, il a été question que nous investissions dans une usine pour y fabriquer des véhicules d’entrée de gamme, et nous avons étudié à l’époque plusieurs pistes, notamment en Europe de l’Est. Mais c’était en 2007, avant la crise économique. Depuis, du fait de notre surcapacité, nous avons attribué à l’usine espagnole de Vigo la production de nos nouveaux véhicules d’entrée de gamme : la Peugeot 301 et la Citroën C-Élysée. Un choix qui s’explique par la taille et l’organisation logistique adéquate de l’usine, située dans une zone portuaire. Par conséquent, il n’y a pas de raison que nous ayons besoin d’une nouvelle usine à Tanger », explique-t-il. Ailleurs dans le monde, PSA semble d’ailleurs concentrer ses efforts sur l’augmentation de ses capacités en Chine… et à éviter une grogne sociale dans ses usines françaises.
Stratégie
Larbi Belarbi, président de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (Amica), avoue également sa perplexité : « Je ne vois pas le sens d’une usine Peugeot à Tanger. Le groupe est en pleine négociation avec l’État français pour sa recapitalisation, mais également avec ses partenaires chinois de Dongfeng, il n’a pas les moyens d’investir et ce ne serait pas logique à court-terme. Sa stratégie ne suit pas le modèle économique basé sur des véhicules à bas coûts mis en œuvre par Renault à Tanger », indique-t-il.
« PSA, à l’instar de nombreux groupes internationaux est intéressé par l’expérience marocaine de Renault, notamment pour s’en inspirer pour améliorer ses performances en Iran. Mais cela ne signifie pas que ce groupe va changer de stratégie du jour au lendemain », estime ce connaisseur du secteur, qui a longtemps dirigé la Société marocaine de construction automobile de Casablanca (Somaca). Par le passé, cette usine assemblait des véhicules à la fois pour Renault… et PSA, jusqu’à ce que ce dernier y arrête sa production en 2010.
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