Les artistes à la rescousse du Maroc
Pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre au Maroc, les artistes se mobilisent. La foire 1-54 et l’initiative Artists for Morocco récoltent des fonds pour les associations qui œuvrent sur le terrain.
Dans les montagnes de l’Atlas, le vendredi 8 septembre dernier, la terre a tremblé. Un séisme de magnitude 6,8 a irradié les villes de Ouarzazate, Al Haouz, Marrakech, Azilal ou encore Chichaoua, faisant tomber les maisons comme des châteaux de cartes, ensevelissant les gens sous les décombres, rasant des villages amazighs de la carte.
Depuis, le décompte des décès et des blessés ne cesse d’augmenter, plus de 300 000 personnes seraient déjà victimes des conséquences de ce mouvement tectonique. Et comme à chaque fois qu’un drame d’une telle ampleur se produit, la solidarité internationale s’engage dans un marathon pour venir en aide aux sinistrés. Outre les secours proposés par des pays du monde entier, des artistes africains du continent et issus des diasporas se mobilisent et s’allient pour collecter des fonds, et apporter un peu de lumière dans ces heures sombres.
Don de tirages photographiques
Artists for Morocco est l’une de ces forces, à l’initiative de Samira Larouci, la rédactrice en chef de GQ Middle East, du photographe Anass Ouaziz, et du designer Ismail Elaaddioui. Au lendemain du tremblement de terre, le trio comprend que la majorité des dégâts et des morts se trouvent dans les montagnes du Haut-Atlas. « Nous savions tous que ces communautés allaient être confrontées à des difficultés, non seulement dans l’immédiat, mais aussi à long terme. Étant moi-même originaire des montagnes, je me suis sentie particulièrement concernée. Artists for Morocco a été créé par nécessité et empathie », témoigne Samira Larouci.
Alors des artistes – reconnus ou émergents, par volonté « de mêler les niveaux » et de représenter au mieux la communauté artistique marocaine – sont contactés pour se lancer dans la bataille et venir en aide aux populations meurtries. « Tous ont répondu immédiatement, ont offert des œuvres et ont proposé d’aider de toutes les manières possibles », note Larouci.
Cette initiative est un canal qui redirige simplement les fonds, récoltés grâce à la vente de nos photos, vers les personnes qui en ont le plus besoin
Après une nuit de travail acharné, les trois initiateurs permettent à un site – artistsformorocco.com – de voir le jour en un temps record. Sorte de vitrine artistique où sont exposées différentes œuvres, au prix unique de 125 euros, et au format commun de 30×40 cm. Des enfants dans l’eau, un cheval à la mer, un homme devant une dentelle montagneuse, une foule qui prie, des gamins qui jouent au foot, d’autres qui escaladent une façade… La vie du Maroc est contée dans les images d’Yto Barrada, Jinane Ennasri, Hassan Hajjaj, Joseph Ouechen, Mehdi El Mallali, Meriem Bennani, Marouane Beslem, Mounir Raji, Rida Tabit… En tout, ce sont 26 artistes qui font don de leurs tirages pour répondre à l’urgence humanitaire. Samira Larouci décrit cette initiative de « canal qui redirige simplement les fonds, récoltés grâce à la vente de nos photos, vers les personnes qui en ont le plus besoin ».
Associations d’aide
Ces derniers seront reversés dans leur intégralité, répartis entre deux associations : Amal Women’s Training Center et Rif Tribes Foundation. « Chaque dollar est une bouée de sauvetage », souligne la première, qui s’est associée à World Central Kitchen pour atteindre les villages isolés que les routes ont cessé de rendre accessibles, afin de leur fournir de la nourriture et de la chaleur. Vêtements, couvertures, sandwichs seront distribués par hélicoptère. Rif Tribes Foundation parcourt les montagnes du Haut-Atlas à la recherche de villes et de villages qui n’auraient pas encore reçu d’aide. Des points de collecte, un abri d’urgence, des repas cuisinés et de l’eau seront mis à disposition. Les premières 72 heures ont déjà permis de récolter 110 000 euros, se félicite l’association à ce stade.
Mais les efforts devront s’étaler dans le temps, parce que ce drame va être « un long voyage », martèle Touria El Glaoui, fondatrice de la foire d’art contemporain africain 1-54, qui se tient chaque année à Londres, à New York et, depuis 2018, à Marrakech. La récolte va être menée en plusieurs étapes. La première, en urgence, s’est présentée sous la forme d’un communiqué de presse diffusé largement pour renseigner toutes les associations à contacter pour les victimes du séisme.
La seconde sera composée de diverses initiatives : « Hassan Hajjaj, avec qui on collabore depuis longtemps maintenant, nous a fait don de deux œuvres. La première, Love Maroc, sera vendue aux enchères par Christie’s en octobre, pour récolter des fonds solidaires. La seconde [qui n’est pas encore connue], sera une édition limitée [entre 30 et 40 exemplaires], vendue lors de l’édition d’octobre de 1-54 à Londres. Tous les bénéfices seront aussi reversés à des associations qui travaillent sur le terrain », développe Touria El Glaoui.
Parallèlement, 1-54 a décidé d’allouer un pourcentage de la vente de ses tickets et de ses marchandises (hoodies, tee-shirts, casquettes, réalisés en collaboration avec des artistes) à l’aide au Maroc. En janvier prochain, Touria El Glaoui et ses équipes ambitionnent de mettre en place une vente de charité « beaucoup plus audacieuse » avec tous les artistes qui ont déjà manifesté leur volonté de faire des dons d’œuvres. Après l’urgence humaine viendra le temps de la reconstruction, à laquelle 1-54 compte bien participer.
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