La crise ukrainienne s’invite à une réunion sur le Liban à Paris
François Hollande accueille ce mercredi à l’Élysée une réunion internationale sur le Liban, qui risque fort d’être accaparée par la crise en Ukraine, à la veille d’un sommet européen extraordinaire à Bruxelles pour tenter de sortir du bras de fer russo-occidental sur cette ancienne république soviétique.
Lors de la réunion du Groupe internationale de soutien (GIS) au Liban, la crise ukrainienne serait évoquée, a précisé mardi soir le président François Hollande. "Il se trouve qu’il y aura aussi bien le secrétaire d’État américain (John Kerry) que le ministre des Affaires étrangères russe (Serguei Lavrov) et nous ne parlerons pas que du Liban", a-t-il dit lors d’une intervention au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
"La Russie a pris le risque d’une escalade dangereuse", a jugé M. Hollande. "Le rôle de la France avec l’Europe, dans ces circonstances, c’est d’exercer toute la pression nécessaire, y compris par le recours à des sanctions pour trouver la voie du dialogue, pour trouver une issue politique à cette crise".
C’est la première fois depuis la prise de contrôle de la Crimée ce week-end par les troupes russes que le chef de la diplomatie de Moscou se retrouvera face-à-face avec ses homologues occidentaux, John Kerry, le Français Laurent Fabius ou le Britannique William Hague. Lundi soir, il avait rencontré en Suisse l’Allemand Frank-Walter Steinmeier, mais ce dernier a indiqué mardi qu’aucune solution n’était en vue pour l’Ukraine. Tous ces ministres ont dénoncé la violation par la Russie du droit international et les échanges sur l’Ukraine mercredi pourraient être tendus.
Concernant le Liban, M. Hollande accueillera son homologue Michel Sleimane peu après 12h15 au palais présidentiel. Les deux dirigeants doivent faire une déclaration avant un déjeuner de travail qui réunira une vingtaine de convives engagés dans le soutien au Liban qui subit les conséquences de la guerre civile en Syrie. Cette réunion intervient six mois après la création du GIS au Liban, en septembre 2013 à New York.
Selon le HCR, plus d’un million de Syriens ont trouvé refuge au Liban depuis le début du conflit et 60.000 y affluent chaque mois. "Le Liban est un pays cher à la France, qui doit être absolument préservé" du conflit syrien, a déclaré M. Hollande, constatant que la conférence de Genève "a été un échec".
Trois milliards de dollars pour l’armée
Autour de la table seront représentés les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine,États-Unis, Royaume-Uni, Russie, France), mais aussi d’autres pays engagés dans l’aide au Liban (Italie, Allemagne, Espagne, Finlande, Norvège) ainsi que l’Arabie Saoudite. Même si ce pays ne fait pas partie du GIS, il a été invité en raison de son soutien au Liban auquel il s’est engagé à octroyer trois milliards de dollars pour que l’armée libanaise, dotée de matériels vieillissants et insuffisants, puisse acquérir des armes françaises.
Hormis l’Onu, plusieurs organisations internationales ont également été conviées (PNUD, HCR, Banque mondiale, Union européenne et Ligue des Etats arabes). Le renforcement des forces armées libanaises, le soutien à l’économie par l’intermédiaire d’un Fonds créé par la Banque mondiale et l’aide aux réfugiés sont à l’ordre du jour du GIS.
L’objectif est "de prendre de nouvelles mesures dans un contexte qui s’aggrave, puisque la crise syrienne se prolonge", indique l’Élysée soulignant la recrudescence des attentats au Liban, conséquence de l’engagement du mouvement armé chiite libanais Hezbollah aux côtés des forces de Bachar al-Assad en Syrie.
Sur le plan économique, les contributions au fonds de la Banque mondiale pour le Liban "arrivent mais des étapes administratives restent à franchir", selon le Quai d’Orsay. Ces contributions, qui pourraient atteindre quelque 50 millions de dollars, doivent aller à la lutte contre la pauvreté et à l’éducation, notamment pour scolariser des enfants syriens au Liban.
L’établissement à la mi-février d’un gouvernement rassemblant les différentes tendances politiques libanaises, après dix mois de blocage, nourrit l’espoir de la communauté internationale de voir enfin la vie politique relancée.
Le GIS devrait exprimer son souhait de voir se dérouler l’élection présidentielle dans les délais prévus, entre le 25 mars et le 25 mai. De la Russie, soutien du régime syrien, on attend qu’"elle participe avec nous à la réaffirmation de l’essentiel" pour le Liban, indique un diplomate français. "La Syrie c’est une chose, le Liban c’en est une autre. Il faut qu’on puisse garder les Russes à bord", ajoute-t-il.
(AFP)
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