Armajaro quitte le négoce du café-cacao

Le négociant britannique Armajaro va céder ses activités de courtage dans le cacao, le café et le sucre à Ecom Agroindustrial, une maison de négoce familiale basée en Suisse.

Armajaro a été co-fondé par le britannique Anthony Ward (photo) en 1998. DR

Armajaro a été co-fondé par le britannique Anthony Ward (photo) en 1998. DR

Publié le 13 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Rétrospectivement, la décision d’Armajaro de bouder la campagne cacao 2013-2014 en Côte d’Ivoire (cf. encadré) a été comme le signe avant-coureur de l’arrêt des activités de négoce de matières premières agricoles du britannique. En effet, selon le quotidien économique The Financial Times (FT), l’entreprise s’apprête à céder Armajaro Trading group, sa branche en charge des activités de courtage dans les matières premières « soft » (cacao, café et sucre notamment), à Ecom Agroindustrial, une maison de négoce familiale basée en Suisse, forte d’un chiffre d’affaires d’environ 4 milliards de dollars en 2011.

Coup de poker

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Fin septembre 2013, Jeune Afrique a souligné les intentions du groupe de bouder la campagne cacao 2013-2014 en Côte d’Ivoire en raison notamment du barème de la filière défini par le Conseil Café-Cacao ivoirien. Selon Armajaro, ce dernier sous-estime les charges de transport entre le champ et l’usine et réduit la marge des opérateurs. À l’époque beaucoup ont pensé qu’il s’agissait d’un autre coup de poker d’Anthony Ward.

L’ex-trader en matières premières et co-fondateur d’Armajaro est habitué des stratégies risquées. En juillet 2010, « Chocolate finger » comme il est surnommé, a tenté d’assécher le marché mondial du cacao en s’emparant de 6,3 % de la production mondiale, soit 240 000 tonnes de cacao, afin de raréfier l’offre et de faire monter les cours.

Ce coup risqué a payé : entre septembre 2010 et septembre 2011, Armajaro Trading a vendu 2,9 milliards de dollars de matières premières soft et réalisé un bénéfice net de 15,4 millions de dollars.

Pertes

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Cette opération intervient après une année 2012 difficile pour Armajaro. Le négociant a enregistré une perte nette de 10,3 millions de dollars à la fin septembre 2012. Sur les douze mois précédents, l’entreprise a enregistré des flux nets de trésorerie négatifs et déboursé 28 millions de dollars en paiement d’intérêts, souligne le Financial Times.

Les détails de la transaction n’ont pas été divulgués, mais les deux entreprises sont entrées en négociations exclusives le 8 novembre 2013. Armajaro Trading serait valorisé entre 200 et 300 millions de dollars. Armajaro conserverait sa branche de gestion d’actifs Armajaro Asset Management.

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Nouveau leader

Avec cet accord, Ecom pourrait devenir l’un des plus importants acheteurs de cacao au monde, aux côtés du suisse Barry Callebaut et de l’américain Cargill – qui a annoncé début octobre 2013 son intention de racheter les activités « cacao » du numéro 3 mondial Archer Daniels Midland (ADM).

La société, qui fournit déjà les géants Starbucks et Procter & Gamble, devrait également récupérer le portefeuille de clients de la branche « cacao » d’Armajaro parmi lesquels figurent Nestlé, Lindt, Unilever et Kraft Foods. Dans la filière café, Ecom devrait rejoindre le duo de tête aux côtés de l’allemand Neumann.

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