Ali et le péché originel : la chute des Bongo, écrite depuis 2009 ?

Le 30 août 2023, Ali Bongo Ondimba était renversé par le patron de sa Garde républicaine, Brice Clotaire Oligui Nguema. Pourquoi ce membre du clan Bongo est-il passé à l’action ? Pour le comprendre, il faut remonter au mois de juin 2009, alors qu’Omar Bongo Ondimba s’éteignait à Barcelone.

Le président Omar Bongo Ondimba (à dr.) et le général Brice Oligui Nguema (2e rangée au c.), lors des funérailles d’Edith Lucie Bongo, Première dame du Gabon, le 19 mars 2009, à Libreville. © MONTAGE JA : WILS YANICK MANIENGUI / AFP.

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Publié le 2 octobre 2023 Lecture : 6 minutes.

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[Série] La chute de l’empire Bongo

Pourquoi Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 2009, s’est-il retrouvé abandonné de tous ? Comment Brice Clotaire Oligui Nguema a-t-il pu renverser aussi facilement une dynastie vieille d’un demi-siècle ? D’élections contestées en règlements de comptes politiques, plongée dans la saga Bongo.

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LA CHUTE DE L’EMPIRE BONGO (1/4). Dans la chambre VIP du troisième étage de la clinique Quirón, à Barcelone, les machines ont cessé de clignoter. Leur bruit, que les visiteurs s’étaient habitués à ignorer, ne se fait plus entendre. Signe d’une fin que chacun ici redoutait. Sur le lit, sous un drap blanc immaculé, se devine encore la silhouette du patient, recouvert quelques instants plus tôt par les médecins catalans. Cette fois, la rumeur n’en est pas une : Omar Bongo Ondimba n’est plus. Ce 8 juin 2009, le président gabonais a poussé son dernier soupir, après des mois d’une longue maladie.

Ce cancer qui le rongeait, Omar Bongo Ondimba l’a longtemps caché. Mais, ces dernières semaines, l’effort était trop grand. Le patriarche ne pouvait plus se nourrir comme il le souhaitait, l’absorption du moindre aliment lui causait de fortes douleurs. Au Palais du bord de mer, à Libreville, il s’emportait contre les serviteurs quand ceux-ci lui apportaient une boisson inadaptée. Dans un gémissement, il appelait alors Pascaline, sa fille, à la rescousse. « Elle sait, disait-il, comment atténuer ma douleur. » Le 6 mai, il a fallu se rendre à l’évidence : le temps de l’hospitalisation était venu.

Brice Oligui Nguema, à Barcelone, en mai 2009. © LLUIS GENE/AFP

Brice Oligui Nguema, à Barcelone, en mai 2009. © LLUIS GENE/AFP

Celle-ci durera un peu plus d’un mois. À Barcelone, le premier cercle s’est installé. Au sixième étage de la clinique Quirón, une chambre a été réservée pour les aides de camp, Arsène Emvahou et Brice Clotaire Oligui Nguema. Le chef de l’État considère ce dernier comme son petit-fils – il est, en réalité, le fils d’une cousine de Jeanne Ebori, la mère du président, originaire de Ngouoni (Haut-Ogooué). Surtout, c’est le général André Oyini qui l’a élevé. Et celui-ci n’est pas n’importe qui.

En mars 2009, lors du décès d’Édith Lucie Bongo Ondimba, c’est lui qui a fait connaître la volonté du président, à savoir que la dépouille de son épouse soit transportée au Gabon, tandis que Denis Sassou Nguesso avait demandé à son propre émissaire, Jean-Dominique Okenda, de la faire revenir au pays. Cacique du clan de Ngouoni, Oyini est donc un homme de confiance. Une qualité dont son poulain a bénéficié : au soir de la vie du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema est plus qu’un aide de camp. Le patriarche se confie à ce « petit-fils » davantage qu’à certains de ses fils. Ali, l’aîné, et Frédéric, surtout, en concevront une certaine rancœur.

Pascaline, « la grande »

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