Vatican : Don Mussie Zerai, un prêtre aux côtés des réfugiés

De par son expérience, ce prêtre érythréen, tente d’apporter des solutions sociales et politiques en faveur aux migrants en Italie et ailleurs. Il est devenu l’ange gardien du respect des droits aux réfugiés.

Le prêtre Don Mussie Zerai. © AFP

Le prêtre Don Mussie Zerai. © AFP

Publié le 21 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Rome, le 5 février 2014. C’est au Vatican que Don Mussie Zerai, prêtre catholique du diocèse d’Asmara, capitale de l’Érythrée, nous reçoit. À 38 ans, il est une figure emblématique de la diaspora érythréenne en Italie et un secours pour de nombreux migrants clandestins de la Corne d’Afrique. Et pour cause, il reçoit régulièrement des appels de migrants en détresse auquel il tente d’apporter de l’aide. Il mobilise toute son énergie pour alerter les institutions sur le non-respect de leurs droits. Il en va jusqu’à harceler les autorités maritimes en cas d’embarcations à la dérive sur la Méditerranée.

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Arrivé lui aussi comme migrant en Italie à l’âge de 16 ans, il sait ce que signifie quitter son propre pays, l’Érythrée, et affronter toutes les péripéties bureaucratiques pour obtenir le statut de réfugié. En 1992, il a connu des conditions d’accueil difficiles en Italie mais "pas pire qu’aujourd’hui", précise-t-il.

En effet, la loi Martelli (1990) prévoyait une aide financière aux demandeurs d’asile. Les réfugiés per-cevaient 27000 lires par jour soit l’équivalent de 14 euros, de quoi se louer une chambre et faire quelques courses. Depuis les lois Turco Napoletano (1998) puis BossiFini (2002), cette dernière faisant l’objet d’une polémique au sujet des droits aux demandeurs d’asile, les choses se sont compliquées.

"Confinés dans des centres d’accueil, les réfugiés n’ont plus d’interaction avec la société italienne. Ils sont entretenus à l’intérieur de ghettos dans la précarité la plus totale". Dans un contexte de crise économique, où la politique italienne a tendance à bloquer les frontières plutôt que de venir en aide aux migrants, Don Mussie Zerai ne lâche pas prise, en œuvrant notamment, pour qu’une loi italienne assure aux réfugiés une insertion sociale, culturelle et économique dans le pays. Les parlementaires italiens de centre gauche et de centre droit le consultent régulièrement pour son expertise. "Malgré leurs bonnes intentions", Don Mussie Zerai déplore de ne voir aucun fait concret.

Un humanitaire "poussé par la foi en Dieu"

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Ce sacerdoce est à l’écoute des migrants quelle que soit leur provenance ou leur religion. Il n’intervient pas au nom du Vatican mais en tant qu’humanitaire "poussé par la foi en Dieu". Néanmoins, il réfère quotidiennement ces actions au Secrétariat du Vatican. Et la dernière intervention du Pape François, saluant "le travail de tous ceux qui viennent en aide aux migrants", à l’occasion de la Journée mondiale des migrants et des réfugiés, dimanche 19 janvier 2014, le conforte dans son action.

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Son téléphone portable reste toujours allumé. Un numéro de l’espoir, largement diffusé sur les radios, en langue tigré ou amharique, et que des centaines de détenus en Libye ou au Soudan retrouvent écrit sur les murs : "Si vous avez besoin d’aide, appeler ce numéro". Au moment de la révolution en Libye en 2011, son activité a été particulièrement intense, se souvien-t-il. Il recevait de manière quasi quotidienne des S.O.S. d’embarcations en dérive sur la Méditerranée. Son intervention a permis de sauver de nombreux migrants en provenance de l’Afrique, comme le souvenir marquant du sort de trois femmes enceintes en mars 2011.

Aux vues des chiffres communiqués par le Haut-Commissariat pour les réfugiés**, 8400 migrants et demandeurs d’asile sont arrivés sur les côtes de l’Italie et de Malte durant les six premiers mois de l’année 2013, faute d’avoir pu obtenir l’asile politique au sein des ambassades. Une situation "inacceptable", c’est pourquoi il milite pour l’ouverture d’un corridor humanitaire et la réintroduction des demandes d’asiles au sein des ambassades. Dans l’espoir d’être entendu, c’est dans la jeunesse que Don Mussie Zerai place toutes ses attentes. Grâce à son association Habeshia*, il instaure des projets pour la coopération au développement en Afrique pour permettre aux jeunes d’étudier afin de les encourager à rester et construire l’Afrique de demain.

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*Habeshia : http://habeshia.blogspot.it/p/musica.html

Compte Twitter : https://twitter.com/#!/AgenziaH

**UNHCR : http://www.unhcr.fr/51d6db27c.html

 

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