Élection sans suspense à la Fédération algérienne de football
Walid Sadi va être élu président de la FAF, ce 21 septembre. L’ancien manager général de la sélection nationale ne risque pas de voir la succession de Djahid Zefizef lui échapper : il est le seul candidat en lice…
On connaît le principe des élections jouées d’avance. À son niveau, la Fédération algérienne de football (FAF) en a fait une marque de fabrique. Walid Sadi, qui va être désigné aujourd’hui, n’est en effet pas le premier président de l’instance – et sans doute pas le dernier – à être élu sans avoir eu à affronter le moindre adversaire.
En 2017, Kheireddine Zetchi, que l’on savait proche du clan de l’ancien chef de l’État Abdelaziz Bouteflika, puis en 2021 Charaf-Eddine Amara – le PDG du holding d’État Madar – s’étaient eux aussi installés dans le fauteuil présidentiel de cette façon. Mais puisqu’il faut bien apporter un peu de variété à un spectacle bien rôdé, Djahid Zefizef, pour succéder au démissionnaire Amara, s’était retrouvé en juillet 2022 face au remuant Abdelhakim Serrar, alors président de l’ES Sétif, qu’il avait battu assez facilement, « puisqu’on voulait que ce soit Zefizef », rappelle ironiquement un proche de l’instance.
Erreur supposée
Sadi va donc être élu ce 21 septembre et devenir le 29e président de l’instance depuis sa création en 1962, année de l’indépendance de l’Algérie. Deux candidats avaient pourtant bien déposé leur dossier de candidature. Il s’agit d’Abdelkrim Medouar, ancien président de l’ASO Chlef, ex-député FLN et actuel président de la Ligue de Football Professionnel (LFP). Et de Meziane Ighil (71 ans), un ancien international algérien devenu ensuite entraîneur, sélectionneur national et même président du NH Hussein Dey, un club mythique d’Alger.
L’argent a coulé à flots, et il se dit que la situation économique de l’instance n’est pas très bonne
Ce dernier a déposé un recours devant Tribunal de Résolution des Litiges Sportifs (TRLS) pour contester la décision de la Commission électorale de la FAF, qui a invalidé son dossier en raison d’une erreur supposée sur le mandatement. Mais le TRLS a confirmé la sentence de la fédération, le 19 juin. « Je ne peux que le déplorer. Ma candidature était parfaitement recevable, mais je suis persuadé qu’il y avait une volonté de laisser un seul candidat en course, afin d’éviter une surprise. Je pensais que les choses allaient enfin changer par rapport aux anciennes méthodes, mais je me suis hélas trompé », peste Meziane Ighil, ulcéré par la situation. Et lorsqu’on lui demande s’il soupçonne une – discrète mais décisive – intervention politique dans le processus de cette élection, l’ancien défenseur des Fennecs se montre lapidaire : « Apparemment, cela semble être le cas, et je ne suis pas le seul à le penser… »
« Adoubé par le pouvoir politique »
Walid Sadi n’est pas un inconnu dans le monde du football algérien. Il a été manager général de la sélection nationale quand Mohamed Raouraoua dirigeait la fédération et dirigeant à l’Entente Sportive Sétifienne, un des meilleurs clubs du pays. Il avait déjà envisagé d’être candidat en 2022 face à Zefizef, avant d’y renoncer. « Il a forcément été adoubé par le pouvoir politique, comme pour les autres présidents avant lui. C’est inévitable, mais cela ne fait pas de lui un homme que l’intégralité du pouvoir algérien va soutenir. Il y a déjà des opposants, qui n’ont pas envie qu’il vienne leur demander des comptes sur la gestion financière de la FAF depuis quelques années. L’argent a coulé à flots, et il se dit que la situation économique de l’instance n’est pas très bonne, alors qu’elle était assise sur un véritable trésor de guerre », détaille un consultant sportif.
Le futur président de l’instance, qui dirige la société familiale Sadi Ceram, spécialisée dans la céramique et basée à Sétif, est aussi connu pour être resté très proche de Mohamed Raouraoua, l’ancien président de la FAF (2001-2005 et 2009-2017). De là à supposer que ce dernier va profiter de l’élection de Sadi pour effectuer son grand retour aux affaires, même dans l’ombre, il y a un pas que Meziane Ighil n’hésite pas à franchir. « Je pense qu’il sera très influent », tranche-t-il.
Un avis partagé par ce dirigeant d’un club professionnel, sous couvert d’anonymat : « Je n’irai pas jusqu’à dire que Sadi ne pourra lever le petit doigt sans demander son avis à Raouraoua, mais le nouveau président va beaucoup s’appuyer sur lui, sur son expérience, et je pense qu’il ne prendra pas de décisions sans son accord. »
Le nouveau président va chercher à écrire sa propre histoire
Une impression assez largement répandue, quele journaliste Yazid Ouahib, chef du service des sports du quotidien El Watan, préfère quant à lui nuancer. « Que Sadi consulte ponctuellement Raouraoua, c’est probable et ce serait logique. Mais je pense que le nouveau président va chercher à imprimer sa marque, à écrire sa propre histoire. »
Pour y parvenir, les chantiers ne manquent pas : lutter contre la corruption toujours très présente dans le football algérien, mettre en place un vrai projet pour le football amateur et la formation des jeunes, améliorer la visibilité des championnats professionnels et nouer une relation de confiance avec Djamel Belmadi, le sélectionneur national, que l’on savait très proche de Zetchi et Zefizef, mais beaucoup moins d’Amara. Les deux hommes auront l’occasion de faire plus ample connaissance en octobre prochain, à l’occasion des deux matches amicaux de Fennecs contre le Cap Vert à Constanbtine (le 12) et l’Égypte à Dubaï (le 17). Une feuille de route bien remplie.
À condition, bien sûr, que Sadi aille au bout de son mandat de quatre ans. Une perspective assez éloignée de la réalité ces derniers temps dans le football algérien…
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