Soudan du Sud : poursuite des affrontements malgré le cessez-le-feu
Le gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles s’accusaient mutuellement dimanche de violation du cessez-le-feu censé être en vigueur depuis deux jours et qui devait mettre fin au conflit dans le jeune pays.
Un porte-parole des rebelles, Lul Ruai Koang, a dénoncé des "claires violations" de l’accord de cessez-le-feu, accusant les forces gouvernementales d’avoir attaqué les positions rebelles dans l’Etat pétrolier d’Unité (nord), ainsi que dans l’Etat de Jonglei (est).
"Face à toutes ces offensives de l’armée gouvernementale, nos forces n’ont réagi que pour se défendre", a affirmé ce porte-parole, dans un communiqué.
De son côté, l’armée a rejeté ces accusations, dénonçant les rebelles d’avoir rompu la trêve. Samedi, le gouvernement avait déjà accusé les rebelles d’avoir violé le cessez-le-feu. Interrogé dimanche par l’AFP, le porte-parole de l’armée gouvernementale, Philip Aguer, a indiqué ne pas avoir été informé de nouveaux affrontements.
Les deux parties s’accusent également mutuellement de ne pas contrôler leurs troupes sur le terrain.
Les belligérants ont néanmoins réaffirmé leur volonté de respecter au mieux la cessation des hostilités. Dans un vaste pays aux régions pour la plupart inaccessibles et reculées, les affrontements jusqu’à présent signalés semblent être plutôt des incidents isolés, et non des attaques de grande envergure. Les informations sont également difficiles à collecter, alors que le réseau de téléphonique mobile ne couvre qu’une partie du pays.
Signé jeudi à Addis Abeba, le cessez-le-feu était censé entré en vigueur vendredi à 17H30 GMT. L’ONU avait fait état de "combats sporadiques" le soir-même.
10 000 morts
Le Soudan du Sud est ravagé depuis le 15 décembre par des combats opposant les forces loyales au président Salva Kiir à des troupes fidèles à l’ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet. Le conflit a fait des milliers de morts – peut-être 10.000 selon des observateurs – et environ 700.000 déplacés.
Quelque 76.000 civils sont désormais réfugiés sur des bases de l’ONU dans le pays en raison du conflit.
Après trois semaines de laborieux pourparlers à Addis Abeba sous la médiation de l’organisation régionale Igad – qui regroupe des pays d’Afrique de l’Est – les deux camps ont finalement signé jeudi soir un cessez-le-feu qui devait entrer en vigueur sous 24 heures, soit vendredi en fin de journée.
Les combats de ces dernières semaines ont donné lieu à des atrocités perpétrées par les deux camps, et le conflit a pris un caractère interethnique, MM. Kiir et Machar instrumentalisant les rivalités entre les peuples Dinka et Nuer dont ils sont respectivement issus.
Le porte-parole des rebelles, M. Koang, a estimé à ce propos que les ordres donnés par le président Kiir à ses troupes de ne pas tuer de civils démontraient qu’il "ne contrôle pas totalement ses forces", selon le communiqué.
Dimanche, le porte-parole du président Kiir a assuré que Juba voulait "vraiment maintenir le cessez-le-feu". "Tout ce que nous espérons c’est que les deux camps vont respecter l’accord de paix", a déclaré samedi Ateny Wek Ateny.
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