En Tunisie, le caricaturiste Tawfik Omrane libéré
Le dessinateur devra se présenter devant un juge le 25 septembre. De nombreuses ONG dénoncent une manœuvre d’intimidation dans un contexte très tendu entre la presse et le pouvoir tunisien.
Le caricaturiste tunisien Tawfik Omrane a été relâché le 22 septembre, au lendemain de sa garde à vue pour des dessins critiquant le Premier ministre, Ahmed Hachani, a-t-on appris auprès de sa famille. « Mon père a été libéré à 02H30 (01H30 GMT) mais doit se présenter le 25 septembre devant le tribunal de première instance de Tunis », a précisé à l’AFP sa fille Aya.
Âgé de 64 ans, le caricaturiste, dont la signature est une chouette, avait été interpeléle 21 septembre devant son domicile à Megrine, dans la banlieue sud de Tunis, selon son avocat, Ayachi Hammami. Il a été interrogé par la police pendant trois heures sur deux caricatures publiées début août sur sa page « Omrane Cartoons » critiquant le choix de Hachani comme chef de gouvernement, selon Hammami. Le procureur du tribunal de Ben Arous, au sud de Tunis, l’avait alors placé en garde à vue.
Atteinte à l’image de la Tunisie
« C’est une autre violation de la liberté d’expression qui touche cette fois un grand caricaturiste », a alors déploré Me Hammami, lui-même opposant farouche de la politique du président Kaïs Saïed. L’arrestation de Tawfik Omrane, qui s’est fait connaître à partir des années 1980 par ses dessins de presse politiques, a été vivement critiquée sur les réseaux sociaux notamment par des figures de la société civile.
Dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé la « répression du pouvoir et l’arrestation du caricaturiste » qui « portent atteinte à l’image de la Tunisie ». Le SNJT ainsi que d’autres ONG locales et internationales ont déploré un recul des libertés dans le pays depuis que le président Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.
« Intimidation »
Ces ONG ont également protesté contre « l’intimidation » des journalistes à travers des poursuites judiciaires et des interpellations « purement politiques ».
Le caricaturiste, en retrait sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali, avait repris son crayon après la chute du dictateur lors de la Révolution de 2011, collaborant avec divers médias tunisiens, et en France avec le journal CQFD et le site Le Dissident. Membre de l’organisation internationale de dessinateurs Cartooning for Peace, il a reçu deux prix en 2014 et 2018 en Tunisie.
(Avec AFP)
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