Séisme au Maroc : aide des MRE aux victimes, mode d’emploi

Si le Maroc a décliné l’offre d’assistance de Paris, il reste toujours possible pour la diaspora marocaine résidant en France d’apporter son aide aux victimes du séisme du 8 septembre. En évitant certaines erreurs pour une efficacité maximale.

Point de collecte pour les sinistrés du Maroc, en Avignon, en France, le 18 septembre 2023. © Christophe AGOSTINIS/PHOTOPQR/LE DAUPHINE/MAXPPPP

Publié le 23 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Collecter des dons et les acheminer, à quelque 2 000 kilomètres, vers des zones sinistrées, parfois montagneuses, est loin d’être une sinécure. C’est toutefois la lourde tâche à laquelle se sont attelés de nombreux membres de la diaspora marocaine en France, qu‘ils soient de simples particuliers ou des membres d’une association.

Une démarche qui commence sur les réseaux sociaux, puissant vecteur de mobilisation. Siham, Marocaine de 37 ans, résidente en région parisienne, est justement une experte de ces sujets. Avec une amie algérienne, Rania, qui dispose d’une certaine visibilité sur ses plateformes, elle lance un appel sur le réseau social Snapchat. « On a du jour au lendemain reçu des dons. Et tous les Marocains résidant à l’étranger [MRE] que je connais se sont appuyés sur les réseaux pour savoir comment aider », témoigne-t-elle.

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Même constat pour Ali Kissi, originaire de Oujda et directeur de l’association JARR (Jeunesses avenirs réinsertions romainvilloises), en banlieue parisienne : « Le soir même du séisme, on a convoqué une réunion de crise pour s’organiser et décider de la marche à suivre. Nous avons immédiatement communiqué sur les réseaux et notre démarche a été relayée et partagée. »

Une connectivité qui permet également aux associations de faire œuvre de transparence. C’est le cas d’Humanow, une entité créée dans la banlieue lyonnaise par des Marocains originaires de la région tangéroise et d’Er-Rachidia, dans le sud marocain. « On publie l’ensemble des factures sur nos réseaux. De cette manière, les donateurs ont un suivi de leurs aides », nous explique l’un des responsables, Hamid Ihyaoui.

Appeler pour identifier les besoins

Pour les bénévoles, la première mission consiste en général à opérer un tri dans le matériel reçu. En effet, les premières fournitures qui doivent être livrées sont celles de première urgence : tentes, couvertures, bâches, couettes, matériel de désinfection… « L’aide alimentaire n’est pas la priorité immédiate », explique Ali Kissi. Dès lors, comment éviter les erreurs ? Il faut, suggère le responsable associatif, que « les gens nous appellent et nous demandent quels sont les besoins avant de ramener quoi que ce soit ».

Tous les témoins s’accordent en tout cas pour noter l’ampleur inédite de l’effort de solidarité. Siham et Rania, les expertes des réseaux, indiquent même avoir dû « refuser des dons ».

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Une fois l’aide collectée, il faut faire en sorte qu’elle arrive à bon port. Les transporteurs marocains sont légion et il n’est pas compliqué d’en trouver. L’idéal étant d’avoir un contact sur place qui puisse coordonner l’acheminement de l’aide. L’association Humanow a ainsi décidé de dépêcher Hamid Ihyaoui, son président, pour coordonner le convoiement du matériel d’urgence. « La police et la gendarmerie balisaient le passage dans des régions difficiles d’accès. Du coup, on a dû montrer qu’on était bien une association agréée, afin de pouvoir accéder aux populations dans le besoin », nous explique un des responsables.

Montrer patte blanche, et bénéficier des autorisations nécessaires des autorités locales, une étape qui a parfois été sautée par certains MRE, parfois trop prompts à aider, quitte à brûler quelques étapes. « Au début, il y a des camions qui sont partis sur Marrakech sans autorisation, sans rien. Une fois arrivés là-bas, on s’est aperçu qu’ils ne pouvaient pas être déchargés en haute montagne. Du coup, ils ont été déchargés sur le bas-côté », déplore Ali Kissi.

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Précieux appui

Un écueil évité par la présence d’un contact sur place, qui informe les MRE des besoins en temps réel. Siham s’est par exemple appuyée sur les informations d’un contact vivant à une quarantaine de kilomètres de Marrakech pour orienter en priorité son aide vers le village de Tahannaout. « Nous étions informés que l’aide se dirigeait principalement vers les montagnes. Par conséquent, il y avait quelques villages dans les plaines qui étaient moins desservis. Cela aurait été plus difficile à savoir si on n’avait pas une personne sur place », détaille-t-elle.

Forte de quelque 5,5 millions de personnes à travers le monde, la diaspora marocaine est un précieux atout dans l’aide aux victimes de ce séisme qui a fait près de 3 000 morts. Chaque année, les MRE envoient environ 10 milliards d’euros au Maroc. La plus grande partie de ces dons provient des Marocains vivant en France (32,2 % des fonds transférés). Suivent ceux résidant en Espagne (13,4 %), en Italie (11,5 %) et en Arabie saoudite (7,6 %). Au 1er semestre 2023, le montant des transferts était en hausse de 10 % par rapport à la même période en 2022.

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