Museveni en croisade contre les « vêtements de Blancs morts »

Le président ougandais a annoncé l’interdiction de l’importation de vêtements usagés venus de l’hémisphère nord.

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Publié le 22 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.

La logique économique semble pertinente et l’intention légitime : les industries textiles africaines gagneraient à échapper à la concurrence du commerce de vêtements d’occasion venus du nord. Mais, comme dans bien d’autres débats, le chef de l’État ougandais s’est encore distingué par des mots fleuris et une argumentation surprenante. Yoweri Museveni a en effet dénoncé le fait que ses compatriotes porteraient – selon lui –  des « vêtements de Blancs morts ».

Concurrence déloyale ?

S’il est difficile de déterminer quelle part de la friperie provient de personnes décédées, le président ougandais est catégorique : « Lorsqu’un Blanc meurt, [ses proches] rassemblent ses vêtements et les envoient en Afrique ». L’ONG Oxfam affirme que 70 % des vêtements donnés à des œuvres caritatives, en Europe et aux États-Unis, se retrouvent sur le continent africain, souvent en vente sur des marchés et à des prix défiant évidemment toute concurrence. Alors qu’il présidait une cérémonie d’inauguration de neuf usines, dans un parc industriel sino-ougandais de la ville Mbale, Museveni s’est désolé que ce dumping empêche les Ougandais « qui produisent de nouveaux vêtements » d’ « infiltrer le marché ».

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Avant l’Ouganda, le Rwanda avait embouché la même trompette, en 2016, en refusant les vêtements de seconde main. Là, aussi, la question de la fierté avait été mise en avant. D’autres pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (l’EAC, qui compte sept membres) refuse également – sans pour autant prendre les mêmes mesures – que le continent africain soit la poubelle des Occidentaux en matière de vêtements.

Mesures de rétorsion

Tous les acteurs économiques ougandais ne voient toutefois pas les déclarations de Yoweri Museveni du même œil. Le marché va devoir s’organiser pour compenser la disparition de la friperie ; les revendeurs et les consommateurs risquent de voir, à court terme, leur budget vestimentaire augmenter. Par ailleurs, certains observateurs craignent des mesures de rétorsion. En 2018, à la suite de la décision rwandaise, les États-Unis avaient suspendu le droit de Kigali d’exporter des vêtements en franchise de droits vers les États-Unis, remettant ainsi en cause l’un des avantages de la Loi américaine sur la croissance et les opportunités en Afrique (Agoa).

Du côté de l’Ouganda, Museveni entend étendre l’interdiction de la vente des produits de « seconde main » aux secteurs des compteurs et des câbles électriques.

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