L’Afrique du Sud accuse les industriels du médicament de comploter « un génocide »

Le ministre sud-africain de la Santé, Aaron Motsoaledi, a accusé les multinationales pharmaceutiques de conspirer contre son projet de réforme du droit des brevets, dénonçant un complot « de dimension satanique » et « génocidaire », dans une interview vendredi.

Le ministre sud-africain de la Santé Aaron Motsoaledi à Johannesburg le 28 novembre 2013. © AFP

Le ministre sud-africain de la Santé Aaron Motsoaledi à Johannesburg le 28 novembre 2013. © AFP

Publié le 20 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.

La réforme vise à faciliter la fabrication de médicaments génériques moins chers. Sa finalisation légale pourra prendre deux à trois ans. Mais l’hebdomadaire Mail&Guardian a mis la main sur un document détaillant, sur neuf pages, le lobbying sans pitié que les industriels entendent déployer pour contrer le projet, avec l’aide de financements américains.

"Je n’utilise pas de termes forts, j’utilise les termes justes. Ceci est un génocide", a déclaré M. Motsoaledi au Mail&Guardian. "Ce document peut condamner à mort beaucoup de Sud-Africains."

la suite après cette publicité

Le système actuel permet aux compagnies pharmaceutiques de multiplier les demandes de brevets, sous prétexte d’innovation, pour protéger de nouvelles versions du même médicament et rentabiliser les lourds investissements en recherche et développement par un prix de monopole plus élevé, en interdisant la fabrication de génériques par d’autres entreprises, selon les ONG.

La réforme mettrait fin à cette pratique et le gouvernement espère pouvoir distribuer notamment des traitements anti-rétroviraux aux quelque 6,4 millions de séropositifs à moindre coût. Les traitements contre le cancer et la tuberculose pourraient aussi être mieux pris en charge par les assurances-santé.

L’industrie pharmaceutique, puissante en Afrique du Sud, et l’association Ipasa, qui représente les filiales sud-africaines de la plupart des grands laboratoires mondiaux, projettent une campagne de pression sur Pretoria.

"Ils veulent prouver aux patients que le manque d’accès aux médicaments n’a rien à voir avec la propriété intellectuelle mais avec l’incompétence du gouvernement", s’est insurgé M. Motsoaledi. "Leur espoir n’est pas d’influencer le gouvernement mais la société pour qu’elle se retourne contre le gouvernement".

la suite après cette publicité

Selon le Mail&Guardian, l’Ipasa a engagé la société de lobbying américaine Public Affairs Engagement pour sa campagne.

Interrogée par le Mail&Guardian, Val Beaumont, porte-parole d’Ipasa, a indiqué que l’association "étudiait diverses stratégies de communication et propositions".

la suite après cette publicité

L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a salué la réaction ferme du ministre de la Santé. "Le ministre a raison de prendre position fermement contre les sociétés pharmaceutiques qui cherchent à protéger leurs marges de profit au détriment des Sud-Africains", a déclaré une porte-parole de MSF, Julia Hill.

"Le gouvernement est en train d’harmoniser les lois nationales avec les normes internationales, et ainsi il aura la possibilité d’agir si les prix montent et placent des médicaments essentiels hors d’atteinte" de prix pour la population, a-t-elle ajouté.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires