Soudan du Sud : l’armée poursuit son offensive sur Bor

Les forces gouvernementales du Soudan du Sud poursuivaient samedi leur offensive pour reprendre Bor, dernière ville stratégique encore tenue par les rebelles, après avoir enlevé, la veille, la ville pétrolière de Bentiu.

Des soldats de l’armée sud-soudanaise, le 25 décembre 2013 à l’aéroport de Bor. © AFP

Des soldats de l’armée sud-soudanaise, le 25 décembre 2013 à l’aéroport de Bor. © AFP

Publié le 11 janvier 2014 Lecture : 4 minutes.

Pour favoriser un cessez-le-feu, l’ONU a demandé vendredi au président sud-soudanais Salva Kiir de libérer les prisonniers "politiques" arrêtés au début des combats à la mi-décembre.

Une exigence de son rival et ancien allié, l’ex-Premier ministre Riek Machar pour accepter une trêve des combats qui touchent nombre de civils et provoquent des déplacements massifs de population dans ce jeune Etat, indépendant en 2011.

la suite après cette publicité

"J’ai appelé le président Salva Kiir une nouvelle fois hier et je l’ai exhorté à faire montre de souplesse et de leadership en libérant immédiatement les prisonniers politiques", a affirmé vendredi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

"Le Soudan du Sud est à la croisée des chemins, cette crise ne peut se résoudre qu’à la table des négociations et je demande instamment aux deux camps de négocier de bonne foi", a-t-il ajouté.

Les négociateurs, depuis lundi à Addis Abeba, ont suspendu samedi leur réunion, dans l’attente des réponses des camps ennemis à un projet de cessez-le-feu immédiat présenté par les pays de la région, a appris l’AFP.

Sur le terrain, le gouvernement sud-soudanais, qui mobilise massivement, tente d’enlever Bor, ville-clé de l’Etat du Jonglei située à 200 km au nord de la capitale Juba.
"Il y a encore des combats près de Bor", a déclaré samedi à l’AFP le porte-parole de l’armée, Philip Aguer.

la suite après cette publicité

Un reporter de l’AFP a vu samedi, dans la région de Bor, des dizaines de soldats gouvernementaux traverser sur des barges le Nil blanc pour marcher ensuite sur la ville.
Depuis quelques jours, le gouvernement reprend l’avantage. Vendredi soir, l’armée avait annoncé avoir pris une autre ville importante, Bentiu, dans l’Etat pétrolier d’Unité, dans le nord.

"Bentiu est aujourd’hui sous notre contrôle", a dit le porte-parole de la présidence sud-soudanaise, Ateny Wek Ateny.

la suite après cette publicité

L’ex vice-président Riek Machar, a reconnu la perte de la ville mais promis de poursuivre son combat contre son rival. "Nous nous sommes retirés de Bentiu mais c’était pour éviter des combats de rue et sauver des vies humaines. Nous continuons notre combat, nous continuerons la bataille", a-t-il dit à l’AFP par téléphone. Il a cependant promis que les rebelles poursuivraient les pourparlers à Addis Abeba. "Nous nous y sommes engagés".

Bentiu livrée aux pillages

Un commandant rebelle, Lul Ruai Koang, a estimé que la perte de Bentiu, déjà livrée aux pillages et vidée de la plupart de ses habitants, n’était que temporaire, affirmant que la rébellion tenait toujours les infrastructures pétrolières à l’extérieur de Bentiu.

Les locaux dans Bentiu de plusieurs ONG, dont Médecins Sans Frontières, ont été pillés. "Il est inacceptable que l’une des rares organisations humanitaires aidant encore la population de Bentiu soit pillée", a déclaré le responsable de MSF, Arjan Hehenkamp.

"MSF demande à toutes les parties en conflit de respecter l’intégrité des locaux médicaux et de permettre l’accès aux soins des patients quelle que soit leur origine ou leur ethnie".

La station de radio indépendante Tamazuj a indiqué que la capitale de l’Etat pétrolier d’Unité était tombée à la mi-journée, après l’abandon par les rebelles de leurs positions face à une grande offensive gouvernementale.

Citant des témoins, elle a ajouté que des combats avaient éclaté au sein même des forces de M. Machar qui affrontent celles fidèles au président Kiir.

"Cesser immédiatement les combats"

Le projet de cessez-le-feu soumis aux deux camps, selon le texte vu par l’AFP, appelle à "cesser toute action militaire visant l’autre camp" et à "s’entendre sur une cessation immédiate de toutes les opérations militaires et à geler leurs forces". Les médiateurs proposent également la création d’une force non armée pour surveiller le respect d’un éventuel accord. Ils appellent enfin à permettre immédiatement la fourniture d’"une aide urgente" aux populations déplacées.

Le Conseil de sécurité a publié vendredi soir une déclaration unanime qui demande aux deux camps de "cesser immédiatement les combats et d’amorcer un dialogue".

Les 15 pays membres demandent eux aussi à Salva Kiir de "relâcher tous les responsables politiques actuellement détenus afin de créer un climat propice au dialogue". La délégation rebelle en fait une condition préalable au cessez-le-feu, ce que refuse Juba, affirmant qu’ils doivent être jugés normalement.

En attendant une éventuelle trêve, le bilan de plus de trois semaines d’affrontements "dépassera très largement" le millier de morts avancé jusqu’ici par les Nations unies, a indiqué jeudi le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous.

Il n’a pu fournir de bilan des violences par des tueries entre les Dinka du président Kir et les Nuer de son rival.

Mais selon un analyste de l’International Crisis Group, un groupe de réflexion indépendant, l’intensité des combats en une trentaine d’endroits fait craindre un bilan "approchant les 10.000 morts".
 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires