La France restreint-elle les visas des étudiants camerounais ?

Alors que, depuis plusieurs jours, une rumeur très relayée sur les réseaux sociaux fait état de difficultés nouvelles pour venir étudier dans l’Hexagone, Jeune Afrique fait le point.

Sur l’année scolaire 2020-2021, 8 329 étudiants camerounais étaient inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur français (ici amphithéâtre Léon-Binet de l’université Paris-Cité). © LAURE BOYER/Hans Lucas via AFP.

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Publié le 29 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

À l’approche de la dixième édition du Salon pour la promotion des études françaises (Sapef), prévue du 10 au 11 octobre à Yaoundé et du 13 au 14 à Douala, une rumeur persistante sur les réseaux sociaux fait état d’une restriction du nombre de visas accordés par la France aux étudiants camerounais qui souhaitent poursuivre leurs études dans des universités françaises.

Il n’en fallait pas plus pour que de nombreux internautes voient en cette présumée restriction des représailles de Paris à la suite d’une montée du sentiment anti-français en Afrique ou de la mort récente du consul général de France à Douala, Christian Hué. Mais qu’en est-il réellement ? Jeune Afrique s’est penché sur cette rumeur, dont on trouve l’origine sur le compte Facebook du Camerounais Boris Bertolt.

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« Malgré avoir rempli [sic] toutes les formalités administratives et financières nécessaires et avoir été admis dans des universités françaises, les étudiants camerounais se retrouvent dans l’incapacité de se rendre en France pour poursuivre leurs études », a écrit le 26 septembre celui qui se définit comme journaliste et lanceur d’alerte, et qui a acquis une large audience au Cameroun et au sein de la diaspora.

En constante augmentation

Ces allégations, devenues virales et aussitôt reprises par certains médias du pays, ont été jugées infondées par Thierry Marchand, ambassadeur de France au Cameroun, lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de l’inauguration du nouveau centre de prise en charge du dossier de demandes de visas de l’ambassade de France, le 27 septembre.

Du 1er janvier au 31 août 2023, plus de 14 500 visas ont été accordés aux Camerounais

Le diplomate explique ainsi que depuis le 1er janvier, plus de 3 200 visas ont été délivrés aux étudiants camerounais, bien plus que l’an dernier, ce qui constitue « un nombre record de visas ». Et si l’on prend l’ensemble des Camerounais sur la période allant du 1er janvier au 31 août de cette année, ce sont plus de 14 500 visas qui leur ont été accordés, contre près de 13 000 pour la même période en 2022, et 11 500 avant la pandémie de Covid-19 en 2019.

D’octobre 2020 à septembre 2021, 8 329 étudiants de nationalité camerounaise étaient inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur français, contre 9 037 un an plus tard, selon les chiffres de Campus France.

Des chiffres « pas crédibles »

Mais qu’en est-il des refus de visa pour 2023 ? Boris Bertolt affirme qu’ils ont explosé. « Récemment, au consulat de France à Douala, sur les deux cents passeports de futurs étudiants, un seul a reçu un visa », croit-il savoir. Soit 0,5 % de réponses favorables. Faux, répond l’ambassade de France : à l’en croire, la part de refus « représente, comme l’an dernier, environ 25 % des dossiers instruits ».

Il y a un nombre extrêmement important d’étudiants souhaitant partir en France

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Joint par JA, le service presse de l’ambassade de France, concède toutefois des délais de traitement plus longs que souhaités, dans une période de forte demande. « Il y a un nombre extrêmement important d’étudiants souhaitant partir en France. Le temps de traitement n’a malheureusement pas été aussi rapide que dans une situation normale », a indiqué l’ambassade, qui affirme que « tous les dossiers seront traités d’ici à quelques jours ».

Le récent décès du vice-consul de France à Douala et les rumeurs faisant état de malversations autour de la délivrance de visas pour la France ont-elles joué un rôle ? C’est encore ce qu’affirme Boris Bertolt, citant un diplomate français ayant requis l’anonymat. Mais cette hypothèse est contestée par les services consulaires français, Thierry Marchand préférant souligner que la « croissance forte des demandes de visas » est observée « alors que les effectifs en charge du traitement des dossiers n’ont pas augmenté ».

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