Soudan du Sud : l’armée reprend une capitale pétrolière aux rebelles

Le gouvernement sud-soudanais a repris vendredi Bentiu, important centre pétrolier et une des deux capitales régionales aux mains des rebelles, au terme de violents combats.

Des soldats de l’armée sud-soudanaise, le 25 décembre 2013 à l’aéroport de Bor. © AFP

Des soldats de l’armée sud-soudanaise, le 25 décembre 2013 à l’aéroport de Bor. © AFP

Publié le 11 janvier 2014 Lecture : 4 minutes.

Sur le front diplomatique, les négociateurs des deux camps examinaient à Addis Abeba un projet de cessez-le-feu immédiat présenté par les pays de la région. Mais sur le terrain, le gouvernement sud-soudanais mobilisait massivement pour poursuivre la guerre et reprendre une seconde ville-clé, Bor, à 200 km au nord de la capitale Juba.

"Bentiu est aujourd’hui sous notre contrôle", a dit le porte-parole de la présidence sud-soudanaise, Ateny Wek Ateny.

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Le chef de la rébellion sud-soudanaise, l’ex vice-président Riek Machar, a reconnu la perte de la ville mais promis de poursuivre son combat contre son rival, le président Salva Kiir. "Nous nous sommes retirés de Bentiu mais c’était pour éviter des combats de rue et sauver des vies humaines. Nous continuons notre combat, nous continuerons la bataille", a-t-il dit à l’AFP par téléphone. Il a cependant promis que les rebelles poursuivraient les pourparlers à Addis Abeba.

La station de radio indépendante Tamazuj a ajouté que la capitale de l’Etat pétrolier d’Unité était tombée à la mi-journée, après que les rebelles eurent abandonné leurs positions face à une grande offensive gouvernementale.

Citant des témoins, elle a ajouté que des combats avaient éclaté au sein même des forces de M. Machar qui affrontent celles fidèles au président Kiir depuis la mi-décembre. La radio a ajouté que plusieurs combattants rebelles avaient été tués tandis qu’ils tentaient de se réfugier dans une base de l’ONU.

Déjà saccagée, la ville s’était vidée de la plupart de ses habitants. D’autres affrontements se poursuivaient dans l’Est autour d’une seconde ville tenue par les rebelles, Bor, capitale de l’Etat du Jonglei, qui a déjà changé trois fois de mains depuis le début, le 15 décembre, du conflit.

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"Nous devons mobiliser tous les soldats de la SPLA (l’armée sud-soudanaise), tous les anciens soldats qui étaient dans l’armée soudanaise", a dit le gouverneur de l’Etat d’Equatoria-central, où se trouve Juba.

Clement Wani Konga a précisé que 3.000 soldats avaient été mobilisés dans sa seule région et que 12.000 autres le seraient prochainement.

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Un bilan "approchant les 10.000 morts"

Des partisans du gouvernement dans différentes régions ont ajouté qu’ils étaient en train de mobiliser des milliers d’anciens soldats. Pendant ce temps à Addis Abeba les délégations des rivaux sud-soudanais examinaient vendredi un projet de la médiation est-africaine.

La proposition, selon le texte vu par l’AFP, appelle à "cesser toute action militaire visant l’autre camp" et à "s’entendre sur une cessation immédiate de toutes les opérations militaires et à geler leurs forces".

Les médiateurs proposent également la création d’une force non armée pour surveiller le respect d’un éventuel accord. Ils appellent enfin à permettre immédiatement la fourniture d’"une aide urgente" aux populations déplacées.

Gouvernement et rebelles ont entamé lundi des pourparlers mais ceux-ci continuent de butter sur la libération de détenus proches de la rébellion, arrêtés aux premiers jours des combats. La délégation rebelle en fait une condition préalable au cessez-le-feu, ce que refuse Juba, affirmant qu’ils doivent être jugés normalement et les médiateurs cherchaient un compromis.

En attendant une éventuelle trêve, le bilan de plus de trois semaines d’affrontements "dépassera très largement" le millier de morts avancé jusqu’ici par les Nations unies, a indiqué jeudi le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous. Il n’a pu fournir de bilan des violences aggravées par des tueries interethniques entre les Dinka du président Kir et les Nuer de son rival.

Mais selon un analyste de l’International Crisis Group, un groupe de réflexion indépendant, l’intensité des combats en une trentaine d’endroits fait craindre un bilan "approchant les 10.000 morts". Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a ajouté que le conflit avait déjà fait 230.000 déplacés et 43.000 réfugiés.

"La situation a continué de se détériorer", a ajouté un porte-parole du HCR, précisant que "les combats se sont propagés dans 7 des 10 Etats" du pays.

5.500 Casques bleus supplémentaires attendus commenceront à se déployer "dans les prochains jours" et seront tous sur place "dans quatre à huit semaines", a indiqué M. Ladsous.

Parrains de l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, les Etats-Unis se sont alarmés jeudi du risque d’éclatement du pays. "De manière tragique, le plus jeune pays du monde et sans aucun doute l’une des démocraties les plus fragiles est en danger d’éclatement", a averti la secrétaire d’Etat adjointe pour l’Afrique Linda Thomas-Greenfield.

La diplomatie américaine a paru prendre position pour l’ancien vice-président Machar en affirmant qu’il n’avait pas tenté de coup d’Etat mi-décembre à Juba, comme l’en accuse le président Kiir.

Les affrontements ont d’abord opposé des unités de l’armée loyales au président et d’autres fidèles à son rival limogé en juillet. Puis les combats ont dégénéré, la rébellion fédérant une alliance hétéroclite de commandants mutins et de milices ethniques.
 

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