En France, l’extrême droite accuse Benzema de sympathies islamistes

Si les footballeurs trentenaires qui emboîtent le pas de Cristiano Ronaldo, en Arabie saoudite, espèrent dépenser leurs revenus faramineux en relative discrétion sportive – les clubs saoudiens brillent essentiellement dans leur aire géographique –, ils savent désormais qu’ils restent scrutés sur les réseaux sociaux. À son arrivée à Ryad, le sociétaire du Al-Hilal Football Club Neymar Jr avait provoqué quelques grincements de dents pour avoir arboré une croix chrétienne ostentatoire. Si la tenue du Brésilien fut jugée déplacée par certains, un choix vestimentaire de l’avant-centre du Al-Ittihad Club, Karim Benzema, a été considéré, lui, trop « saoudien »…

Le 23 septembre, à côté du drapeau de l’Arabie saoudite, le Ballon d’or 2022 postait, sur son compte Instagram, une photo de lui en tenue traditionnelle saoudienne à l’occasion de la fête nationale du royaume d’Arabie Saoudite. Likée plus de 2,5 millions de fois, la publication précise : « Regarde la vie qu’on a. Happy Saudi national day » (Bonne fête nationale saoudienne).

C’est le lendemain, dans son pays, la France, que s’en est ému le président du Rassemblement national (RN). Sur la chaîne de télévision BFM TV, Jordan Bardella s’est désolé que le footballeur pose « en tenue traditionnelle saoudienne, qui est un pays islamiste, rigoriste ». Et de conclure que, selon lui, Benzema était « un compagnon de route de l’idéologie islamiste ».

Police du vêtement ?

Que le politicien partisan de l’assimilation radicale s’investisse d’une mission de « police du vêtement » à l’étranger est cocasse, lui qui écrivait sur Facebook, le 30 mars 2019 : « À Rome, fais comme les Romains ! ». À Djeddah, ne fais manifestement pas comme les habitants de Djeddah…

Si le député européen s’est hasardé à renchérir que Benzema est « cohérent », puisqu’il « veut un mode de vie islamiste », c’est que l’extrême droite cible régulièrement le footballeur, sur ce registre d’une présumée radicalisation religieuse.

En 2020, circulait un cliché montrant le joueur en compagnie de l’imam de Meaux (région parisienne), dont la mosquée fut perquisitionnée après la décapitation de l’enseignant Samuel Paty. À la même époque, une autre photographie de Benzema le montrait le doigt pointé vers le ciel, geste qu’un proche d’Eric Zemmour « décryptera » – photomontage à l’appui – comme celui des jihadistes en armes. Le footballeur déposera plainte pour diffamation. Le politicien sera relaxé, pour « bonne foi », par le tribunal de Lyon…