Face à Al-Qaïda, des Syriens lancent leur « deuxième révolution »

Rebelles et militants en Syrie, engagés depuis près de trois ans dans une guerre contre le régime, ont lancé une « deuxième révolution », cette fois-ci contre des jihadistes affiliés à Al-Qaïda qu’ils accusent des pires abus.

Des combattants rebelles à Deir Ezzor le 31 décembre 2013. © AFP

Des combattants rebelles à Deir Ezzor le 31 décembre 2013. © AFP

Publié le 5 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Depuis vendredi, de violents affrontements opposent trois coalitions rebelles à l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe qui était jusqu’à il y a peu l’allié de la rébellion face aux forces du président Bachar al-Assad. Signe des ramifications du conflit syrien dans les pays voisins, ce même groupe extrémiste sunnite vient de prendre le contrôle de Fallouja, à 60 km de Bagdad, et de revendiquer un attentat suicide au Liban contre un bastion du Hezbollah, parti chiite qui combat aux côtés du régime syrien.

En Syrie, face à la multiplication des enlèvements et des décapitations attribués par les militants à l’EIIL depuis l’été 2013, des bataillons insurgés ont déclaré une guerre ouverte au groupe extrémiste. L’"Armée des Moujahidines", une nouvelle alliance de rebelles, s’est engagée vendredi à "combattre l’EIIL", accusé d’"enlever, torturer et tuer des commandants (rebelles) et des militants", des accusations souvent lancées également par l’opposition politique.

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Celle-ci a d’ailleurs a annoncé samedi son "soutien total" aux tentatives des rebelles de "libérer les villes de l’oppression autoritaire de l’EIIL", accusé d’avoir "volé" la révolution contre Assad. Outre l’Armée des Moujahidines, le Front islamique –la plus puissante coalition rebelle en Syrie– et le Front des révolutionnaires de Syrie, sont également engagés dans le combat.

Dans les provinces d’Alep et d’Idleb (nord et nord-ouest), au moins 36 combattants membres ou proches de l’EIIL ont été tués et une centaine d’autres ont été faits prisionniers par ces rebelles depuis vendredi, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), faisant également état de la mort de 17 rebelles. Les combats se poursuivaient samedi soir, en particulier dans la province d’Alep, faisant cinq morts au sein de l’EIIL, qui a de son côté exécuté un rebelle dans la région d’Idleb.

"Ce sont les affrontements les plus violents entre les deux bords. Il s’agit d’une attaque organisée des rebelles contre les postes de l’EIIL" dans ces régions, qui échappent en majorité au régime, a expliqué l’OSDH. L’EIIL a réagi dans un communiqué samedi en dénonçant une "campagne médiatique" visant à "porter atteinte à l’image des vrais hommes du jihad (guerre sainte) en les représentant comme des meurtriers".

Non à la ‘terreur’ de l’EIIL

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Le régime syrien a toujours affirmé combattre des "terroristes extrémistes", sans faire de distinction entre opposants politiques, combattants rebelles et jihadistes. Mais avec ce nouveau front, les militants se sont félicités de cette "seconde révolution", où ils souhaitent combattre à la fois le pouvoir à Damas et la "terreur" imposée par l’EIIL, qui prône une version extrême de l’islam.

"La révolution est revenue sur son droit chemin", a commenté Ibrahim al-Idelbi, un militant d’Idleb sur sa page Facebook. "Le 3 janvier 2014: début de la révolution contre l’EIIL", a écrit Ammar, un militant de la région côtière de Lattaquié. L’opposition a aussi accusé l’EIIL, au départ le bienvenu car bien organisé et armé, de servir les intérêts du régime.

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Le groupe, qui milite ouvertement pour un Etat islamique en Syrie et est particulièrement puissant à Raqa (nord), est accusé d’imposer le voile aux écolières, de détenir des centaines de militants ou des personnalités comme prêtre jésuite Paolo Dall’Oglio ou encore de décapiter des citoyens sur une simple accusation de blasphème. A Alep, la métropole du nord, de nombreux manifestants ont dénoncé vendredi et samedi à la fois ce groupe et le pouvoir à Damas. "Ecrasons l’EIIL et Assad!", ont-ils scandé.

Sur le plan politique, le Conseil national syrien (CNS), le principal bloc au sein de l’opposition en exil, a annoncé qu’il ne participerait pas à la conférence de paix qui doit débuter le 22 janvier en Suisse, faute de garantie sur un départ d’Assad. Comme le régime continue "d’assiéger (les villes), d’affamer la population et de tuer sans discernement avec les barils d’explosifs (…), le CNS confirme sa première décision de ne pas participer à Genève-2", a annoncé un communiqué. "Les rebelles sur le terrain rejettent également" la conférence, a assuré Samir Nachar, un membre du CNS. "Cela signifie qu’elle n’aura pas lieu", a-t-il ajouté.

Dans le même temps à Paris, l’organisation Médecins sans frontières (MSF) a annoncé que ses employés pris jeudi soir par un groupe inconnu dans le nord de la Syrie étaient de nationalité belge, danoise, périvienne, suédoise et suisse, tout en demandant "la plus grande discrétion" concernant cette disparition.

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