Soudan du Sud : négociations directes attendues à Addis Abeba
Des pourparlers directs entre belligérants au Soudan du Sud sont attendus dimanche à Addis Abeba, après une première rencontre samedi qui n’a pas fait cesser la violence sur le terrain où des tirs d’artillerie ont retenti à proximité du palais présidentiel à Juba
Ces négociations, censées mettre fin à près de trois semaines de combats ayant fait des milliers de morts au Soudan du Sud – la plus jeune nation du monde -, devaient débuter ce dimanche à 12H00 GMT à Addis Abeba, selon la porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères, Dina Mufti.
A Juba, capitale du Soudan du Sud, des explosions et d’intenses échanges de tirs ont résonné samedi soir dans le quartier où est notamment situé le palais présidentiel, le parlement et la plupart des ministères, a constaté un journaliste de l’AFP. Juste auparavant, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, déclarait à Addis Abeba que le "souhait de tous" était que "les négociations directes vers la paix au Soudan du Sud, qui sont officiellement ouvertes, soient un succès". "Le Soudan du Sud mérite la paix et le développement, et non la guerre. Nous sommes reconnaissants envers les membres des deux équipes de négociations pour les progrès accomplis aujourd’hui", a-t-il ajouté.
"Le gouvernement sud-soudanais et l’opposition se sont engagés à régler leurs différends politiques par le dialogue", a déclaré Seyoum Mesfin, ex-ministre des Affaires étrangères éthiopien et envoyé spécial de l’IGAD, le bloc régional des pays d’Afrique de l’Est, qui assure la médiation des négociations. De son côté, l’Union européenne a "salué" samedi soir la tenue de ces "pourparlers". "Nous demandons au gouvernement de créer les conditions d’un débat politique ouvert qui passe par la libération accélérée de tous les dirigeants politiques détenus à Juba", a indiqué un porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
Des milliers de morts et 200 000 déplacés
Samedi, l’armée sud-soudanaise a combattu pour reprendre le contrôle de la ville stratégique de Bor -200 km au nord de la capitale du Soudan du Sud -, capitale de l’Etat de Jonglei, l’un des plus grands Etats du pays. D’intenses batailles impliquant des chars et l’artillerie ont été signalés aux alentours de la ville qui a changé de mains à trois reprises en près de trois semaines de conflit.
Le conflit au Soudan du Sud – dont l’économie repose entièrement sur l’exploitation du pétrole -, qui a démarré le 15 décembre entre les unités de l’armée fidèles à M. Kiir et la rébellion soutenant M. Machar, aurait déjà fait des milliers de morts et 200.000 déplacés. L’IGAD, qui comprend l’Ethiopie, le Kenya et l’Ouganda – trois puissants soutiens du gouvernement du président Kiir – a joué un rôle clé dans l’accord de 2005 mettant fin à deux décennies de guerre civile au Soudan. L’Ouganda avait déployé des troupes à l’intérieur du pays pour évacuer les habitants et renforcer le soutien au gouvernement de Kiir.
Crise humanitaire
Les combats ont commencé quand M. Kiir a accusé M. Machar – limogé de son poste en juillet 2013 – d’avoir tenté un coup d’Etat. M. Machar a rejeté cette accusation, reprochant au président d’avoir voulu éliminer ses rivaux. La rivalité politique se double d’un conflit entre ethnies. Des violences ont éclaté à travers le pays, les rebelles prenant le contrôle de plusieurs régions du nord, riches en pétrole.
Les conflits dans ce pays enclavé de près de 11 millions d’habitants ont forcé environ 200.000 personnes à fuir leurs foyers et "touché indirectement plusieurs centaines de milliers de personnes", a déclaré le coordinateur humanitaire de l’ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer. Selon l’ONU, des dizaines de milliers de personnes ont cherché refuge auprès des Casques bleus.
"Davantage de gens sont arrivés dans nos camps à Juba (…) Nous accueillons désormais 30.000 personnes dans la seule capitale", a déclaré M. Lanzer, ajoutant que la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) allait "renforcer sa présence" dans le pays.
L’ONU a rappelé qu’il était impératif pour les belligérants de protéger les civils. Les forces de maintien de la paix des Nations Unies ont déclaré cette semaine que des atrocités continuent à être perpétrées dans ce pays qui a obtenu son indépendance en 2011. Les combats revêtent une dimension tribale, exacerbant les antagonismes entre Dinka, tribu de M. Kiir, et Nuer, celle de M. Machar.
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