En Afrique, les ventes de smartphones repartent à la hausse
Après une morosité de plus d’un an et demi, le marché des téléphones connectés est reparti de plus belle sur le continent africain. En attendant le boom des cellulaires entièrement « made in Africa » ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 27 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.
Si la doctrine souverainiste à la mode exige de « réafricaniser » les modes de fonctionnement sociétaux, il n’est guère question de jeter, avec l’eau des monnaies postcoloniales, le bébé de la technologie importée. Ainsi en va-t-il des téléphones portables connectés, qui, d’ailleurs, sont devenus les vecteurs idéaux de la mobilisation panafricaniste.
Selon le dernier rapport « Worldwide Mobile Phone Tracker » de la firme américaine International Data Corporation (IDC), les ventes de smartphones ont connu une augmentation de 2,6 millions au deuxième trimestre de 2023, ce qui représente une hausse de 15 %, par rapport au trimestre précédent, et de 7,6 % par rapport à la même période de 2022. Ce sont 19,6 millions de téléphones connectés qui ont ainsi été expédiés, d’avril à juin, notamment en Afrique du Sud, au Nigeria et en Égypte.
Minerais africains
La statistique doit être remise en perspective, la livraison de ce type de produits en Afrique ayant enregistré une baisse continue de sept trimestres. Cette morosité du marché était liée à l’impact de la crise du Covid-19, à la hausse de l’inflation, à l’instabilité économique, à la dépréciation des monnaies locales, mais aussi à la baisse logique du nombre de « primo-accédants », lesquels n’étaient jusque-là pas équipés. Les spécialistes observent que le redressement du marché devrait se confirmer en 2024.
Si les partisans du retour à l’africanité authentique n’ont guère de raisons de snober ces appareils, devenus quasiment des prothèses humaines, c’est que nombre de leurs composants proviennent de minerais extraits des sols africains : l’étain, utilisé pour les soudures des circuits imprimés, le coltan, présent dans les condensateurs, ou encore le cobalt, essentiel dans la composition des batteries.
Il reste au discours souverainiste à condamner les extractions de mines clandestines, où les conditions de travail sont effroyables, et à promouvoir la production de smartphones 100 % africains. En Afrique, le marché des téléphones intelligents est dominé par le chinois Transsion – les marques Tecno, Itel et Infinix –, ainsi que le sud-coréen Samsung, et le chinois Xiaomi.
Si certains téléphones sont assemblés en Égypte, en Éthiopie, en Algérie ou en Afrique du Sud, c’est en octobre 2019 que l’entreprise Mara Group du millionnaire britannico-ougandais Ashish Thakkar annonçait, au Rwanda, l’inauguration de la première usine de production de smartphones 100 % africains. La souveraineté n’est décidément pas qu’une affaire militaire…
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