Centrafrique : populations déplacées, Bangui dévastée par la violence

Familles massées autour de l’aéroport pour se placer sous la protection des soldats français, civils tchadiens qui fuient sous les menaces: Bangui, malgré l’absence de tirs dimanche, présente le visage d’une ville dévastée par des semaines de violences meurtrières.

Des civils tchadiens, musulmans, protégés par des soldats français, le 28 décembre à Bangui. © AFP

Des civils tchadiens, musulmans, protégés par des soldats français, le 28 décembre à Bangui. © AFP

Publié le 29 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

L’Unicef a recensé 55 sites de déplacés dans la capitale centrafricaine, où s’entassent – dans des conditions sanitaires désastreuses – 370 000 personnes – hommes, femmes, enfants. Il s’agit de gens de la ville, qui compte 800 000 habitants, mais aussi de Centrafricains venus de province en espérant trouver un peu de tranquillité à Bangui.

"La situation ne fait qu’empirer"

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Autour de l’aéroport, zone sécurisée par les soldats français de l’opération Sangaris et ceux de la force africaine (Misca), ils sont environ 100 000, selon des estimations de responsables humanitaires, vivant sous des tentes de fortune, dormant à même le sol. "Jusqu’à maintenant, on n’a rien obtenu", dit l’un d’eux, Eric Tabassi : "ça fait bientôt un mois qu’on est là et la situation ne fait qu’empirer".

Chrétiens pour l’immense majorité, ils sont venus se placer sous la protection des militaires français pour échapper aux exactions des ex-rebelles majoritairement musulmans de la Séléka. De leur côté, les civils musulmans, centrafricains mais surtout tchadiens, fuient la ville. Ils craignent d’être victimes de représailles de milices d’autodéfense locales chrétiennes "anti-balaka" (anti-machettes) ou de foules les accusant de connivence avec les Séléka qui ont chassé le président François Bozizé du pouvoir en mars 2013.

Les tueries intercommunautaires ont fait un millier de morts dans la capitale depuis le 5 décembre, date du début de l’intervention française. Dimanche, comme les jours précédents, camions et voitures particulières bondés de civils tchadiens prenaient la route du nord, menant au Tchad, sous les huées de passants et sous la protection de soldats français, comme dans le quartier du PK-5, au centre-ville, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Indifférence générale face à un cadavre

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Témoignage macabre du climat de violences régnant dans la ville, un cadavre gisait sur le sol, dans l’indifférence générale.

Le gouvernement du Tchad, dont des centaines de milliers de ressortissants sont établis en Centrafrique, a lancé un pont aérien depuis une semaine et a déjà évacué plus de 3 000 personnes par avion. Des milliers d’autres sont parties par la route.

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Faiseur de roi en Centrafrique, N’Djamena a armé et soutenu la Séléka, dont certains combattants viennent du Tchad, selon plusieurs observateurs, dix ans après avoir favorisé le coup de force de François Bozizé.

La proximité des soldats tchadiens de la force africaine avec certains ex-rebelles auteurs d’exactions a été dénoncée à plusieurs reprises. Samedi soir, l’Union africaine (UA) a balayé ces accusations, en apportant un soutien clair à N’Djamena et en "saluant les actions" en Centrafrique de l’armée tchadienne. "Tout ce qui se raconte sur le contingent tchadien, nous à l’UA nous ne le croyons pas: nous soutenons l’armée tchadienne, nous saluons ses actions et nous l’encourageons dans sa mission au sein de la Misca", la force africaine en Centrafrique, a déclaré le Commissaire à la Paix et la Sécurité de l’UA, Ismaël Chergui. Il s’exprimait lors d’une conférence de presse à Bangui à l’issue d’une réunion de membres du groupe international de contact sur la Centrafrique.

"Les Tchadiens ne sont pas les ennemis du peuple centrafricain"

"Ce qui se dit dans la presse est une manipulation. Le Tchad est en RCA depuis 20 ans. Le Tchad n’a pas un agenda sur la RCA", s’est insurgé de son côté le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, ajoutant: "Je lance un appel au peuple centrafricain de ne pas se laisser manipuler par des politiciens qui ont échoué". Le chef de la diplomatie tchadienne a également accusé l’ex-président Bozizé d’être à l’origine de la crise actuelle.

Après avoir été renversé, François Bozizé s’est d’abord réfugié au Cameroun mais il s’est depuis rendu dans d’autres pays africains. "L’ancien président et ses partisans ont jeté la responsabilité de leur échec sur le Tchad. Les Tchadiens ne sont pas les ennemis du peuple centrafricain", a-t-il insisté.

(AFP)

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