Égypte : un groupe jihadiste revendique l’attentat de Mansoura
Un mouvement jihadiste disant s’inspirer d’Al-Qaïda a revendiqué, mercredi, l’attentat suicide à la voiture piégée qui a visé la veille un bâtiment de la police dans le nord de l’Egypte, tuant 15 personnes.
Ce groupe, Ansar Beit al-Maqdess, a établi sa base dans le Nord-Sinaï où l’armée, qui a mobilisé depuis plusieurs mois ses troupes au sol et son aviation, ne parvient pas à venir à bout des combattants islamistes qui s’y sont installés.
La péninsule désertique, de longue date instable, est désormais le théâtre quasi-quotidien d’attaques contre les forces de l’ordre, qui ont perdu une centaine de leurs membres depuis que l’armée a destitué le 3 juillet le président islamiste Mohamed Morsi.
Après leur coup de force, pour lequel ils se sont appuyés sur les millions de manifestants ayant réclamé le départ de M. Morsi, les militaires ont installé un gouvernement intérimaire et lancé une répression extrêmement sanglante des manifestants pro-Morsi. L’implacable campagne des nouvelles autorités a fait à ce jour plus d’un millier de morts et des milliers d’arrestations dans les rangs des islamistes.
Dans son communiqué publié sur les forums jihadistes, Ansar Beit al-Maqdess affirme d’ailleurs avoir visé le quartier général de la police de Daqahleya, parce qu’il est "un des repaires des apostats et des tyrans qui mènent la guerre contre l’Islam et les musulmans". Le texte fait ensuite l’éloge du kamikaze, présenté sous le nom d’"Abou Maryam", qui a mené l’attaque, l’une des plus meurtrières en Egypte depuis l’éviction du seul président jamais élu démocratiquement du pays.
Identification en cours du kamikaze
Tôt mardi, une explosion d’une intensité telle qu’elle a été entendue à quelque 20 kilomètres à la ronde ravageait les environs du QG de la police de Mansoura, à une centaine de kilomètres au nord du Caire. Quatorze policiers et un civil ont péri dans cette attaque perpétré par un kamikaze qui a lancé son véhicule bourré d’explosifs à travers les barrières installées devant le bâtiment selon les enquêteurs. Un haut responsable du ministère de l’Intérieur a affirmé mercredi à l’AFP que les enquêteurs tentaient toujours d’identifier le kamikaze parmi les restes humains retrouvés sur les lieux de l’attaque où un large cratère avait été creusé.
Ansar Beit al-Maqdess a déjà revendiqué plusieurs attaques, dont la plus spectaculaire avait été en septembre une opération suicide contre le convoi du ministre de l’Intérieur qui en était sorti indemne. En novembre, une autre attaque à la voiture piégée revendiquée par Ansar Beit al-Maqdess avait tué 11 soldats dans le Nord-Sinaï. Récemment, l’armée a affirmé avoir tué quelque 184 "terroristes" dans cette péninsule frontalière de la bande de Gaza.
Les Frères musulmans ont d’ailleurs condamné "dans les termes les plus forts" l’attentat de Mansoura.
Les autorités accusent régulièrement la confrérie de M. Morsi, les Frères musulmans, d’aider et de financer les auteurs de ces attaques, même si plusieurs d’entre elles ont été revendiquées par des groupes n’ayant pas de lien connu avec les Frères musulmans.
Les Frères musulmans ont d’ailleurs condamné "dans les termes les plus forts" l’attentat de Mansoura. La confrérie vieille de 85 ans est un tenant de l’islam politique et a remporté toutes les élections organisées en Egypte depuis la révolte populaire du début 2011 qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak. M. Morsi et plusieurs responsables de son administration ou de son mouvement seront cependant prochainement jugés pour "espionnage" au profit d’organisations étrangères, notamment du Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, en vue de commettre des "actes terroristes".
Mardi, le Premier ministre Hazem Beblawi a dénoncé "le plus détestable des terrorismes" évoquant l’attentat de Mansoura dans lequel il a vu "une évolution importante du terrorisme". Plus tôt dans la journée, l’un de ses conseillers avait affirmé que M. Beblawi avait déclaré les Frères musulmans "organisation terroriste", sans toutefois les accuser directement d’être derrière l’attentat.
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