En Tunisie, Rached Ghannouchi à son tour en grève de la faim
Incarcéré depuis le mois d’avril, le chef historique du parti islamiste Ennahdha, âgé de 82 ans, a annoncé une grève de la faim de trois jours en soutien aux autres responsables politiques emprisonnés dans le pays.
Le chef historique du parti islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi, a commencé une grève de la faim de trois jours le 29 septembre pour dénoncer sa détention et exprimer son « soutien » aux autres « prisonniers politiques » en Tunisie.
Incarcéré depuis le 17 avril, M. Ghannouchi, 82 ans, « a décidé d’entamer une grève de la faim de trois jours pour dénoncer des poursuites politiques arbitraires et sans fondements contre les opposants », a indiqué Imed Khemiri, le porte-parole d’Ennahdha.
« Dossiers judiciaires sans fondements »
« C’est en soutien aussi à la grève de la faim entamée par Jawhar Ben Mbarek », un opposant connu de la gauche, responsable au Front de salut national (FSN), principale coalition de l’opposition en Tunisie. Ben Mbarek, critique virulent du président Kaïs Saïed arrêté le 24 février, observe une grève de la faim depuis quatre jours pour dénoncer sa détention « injuste », selon sa sœur, l’avocate Dalila Masaddek.
Le responsable du FSN a entamé « une grève de la faim illimitée jusqu’à ce qu’on lui lève cette injustice », a déclaré lors d’une conférence de presse Ahmed Néjib Chebbi, le président du parti. « Face à la détermination du pouvoir à écarter les opposants par des dossiers judiciaires sans fondements, il ne reste aux prisonniers politiques que de militer avec la grève de la faim », a déploré Imed Khemiri.
Rached Ghannouchi a entamé sa grève de la faim « pour défendre la demande de libération de tous les prisonniers politiques et lever cette injustice à leur encontre », a affirmé le parti Ennahdha dans un communiqué publié le 29 septembre. « Il a plus de 80 ans. Il est une personnalité qui a la santé de son âge et qui se trouve dans des conditions difficiles d’incarcération », a expliqué Ahmed Néjib Chebbi.
« Les libertés se sont effondrées »
« Aujourd’hui, toute personnalité politique ou nationale ayant une pensée indépendante risque la prison pour n’importe quelle raison », a-t-il déploré. « Les libertés se sont effondrées dans notre pays parce que les institutions ont été cassées, la constitution déchirée, le pouvoir accaparé par une seule personne. C’est le règne de l’arbitraire », a-t-il dénoncé.
Le président d’Ennahdha a de nouveau appelé à se mobiliser contre « une menace générale » ciblant, selon lui, les politiciens, les syndicalistes, les blogueurs, les hommes d’affaires, les responsables et fonctionnaires.
Rached Ghannouchi a été arrêté en avril après avoir déclaré que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si les partis de gauche ou ceux issus de l’islam politique comme le sien, y étaient éliminés. Le 15 mai, il a été condamné à un an de prison pour « apologie du terrorisme » dans le cadre d’une autre affaire. Il est le plus célèbre opposant emprisonné depuis le coup de force du président Saïed qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.
(Avec AFP)
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