Pour Ibrahim Traoré, la Constitution burkinabè doit être modifiée

Sécurité, tensions dans l’armée, élections, relations avec la Russie, la France ou la Côte d’Ivoire… Le capitaine Ibrahim Traoré s’est exprimé vendredi soir à la télévision nationale.

Le président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir à la suite d’un putsch en septembre 2022. © Présidence du Burkina Faso / Facebook.

Publié le 30 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Les élections, « ce n’est pas une priorité, ça je vous le dis clairement, c’est la sécurité qui est la priorité », a répondu Ibrahim Traoré aux journalistes qui l’interviewaient vendredi soir à la Radio télévision burkinabè (RTB), et qui l’interrogeaient sur les élections théoriquement prévues en juillet 2024.

Le capitaine a néanmoins ajouté que « notre pari tient toujours » pour organiser un scrutin, sans préciser de date. À la tête du Burkina depuis le 30 septembre 2022, il a rappelé avoir déclaré « le premier jour » de sa prise de pouvoir vouloir « faire le minimum de temps possible dans cette lutte ».

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Une présidentielle sur tout le territoire burkinabè

« Il n’y aura pas d’élection qui va se concentrer uniquement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et dans quelques villes autour, il faut que tous les Burkinabè choisissent leur président », a-t-il affirmé, évoquant les deux villes épargnées par les attaques jihadistes fréquentes.

À propos d’un changement éventuel de la loi fondamentale burkinabè, Ibrahim Traoré a estimé que « les textes actuels ne nous permettent pas de pouvoir évoluer sereinement ». « On va toucher à un volet » et faire une « modification partielle » de la Constitution, a-t-il dit, déplorant que le texte ne reflète selon lui que « l’avis d’une poignée de personnes éclairées », au détriment d’une « masse populaire ».

« Pas de malaise » dans l’armée

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi à Ouagadougou et dans d’autres villes du pays en soutien au régime militaire, appelant à l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Interrogé sur la tentative de coup d’État dévoilée le 21 septembre par Jeune Afrique et confirmée mercredi 27 septembre par le gouvernement, avant l’arrestation de quatre officiers – deux autres sont en fuite –, Ibrahim Traoré a évoqué « des individus manipulés », affirmant qu’il n’y avait « pas de malaise » dans l’armée.

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Lors de sa prise de pouvoir, Ibrahim Traoré avait notamment invoqué la dégradation de la situation sécuritaire pour justifier ce coup d’État : depuis 2015, des violences jihadistes récurrentes ont fait au seul Burkina plus de 17 000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.

Rapprochement avec la Russie

Le président de transition, qui mise sur le recrutement massif de supplétifs civils de l’armée, les Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP), a assuré de leur « bonne collaboration » avec les soldats. Représentant des dizaines de milliers de personnes, les VDP, qui paient un lourd tribut lors des attaques jihadistes, « sont peut-être plus nombreux que l’armée », a précisé Ibrahim Traoré.

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Il a par ailleurs blâmé « certains acteurs » qui n’aident pas à renforcer les équipements de l’armée. « On refuse de nous vendre » du matériel, a-t-il déploré, ajoutant que « la plupart de nos équipements sont russes » et qu’il n’y a « pas beaucoup » d’« équipements français ».

Depuis qu’il a obtenu le départ des soldats français de son sol en février, le Burkina Faso s’est cherché de nouveaux alliés. Le pays s’est notamment rapproché de la Russie, qui « n’a jamais colonisé un seul pays », a affirmé Ibrahim Traoré.

Le Burkina a fait alliance avec le Mali et le Niger, deux pays dirigés par des régimes militaires, avec qui il a créé l’Alliance des États du Sahel (AES), une coopération de défense. « Nous soutenons l’armée du Niger », menacé d’une intervention armée par des États ouest-africains depuis un putsch, « pour protéger sa population », a indiqué le capitaine Traoré.

« Aucun problème avec le peuple ivoirien »

Avec « le peuple ivoirien », il n’y a « aucun problème » mais les politiques d’Abidjan et de Ouagadougou « peuvent différer », a-t-il déclaré. La Côte d’Ivoire avait condamné le coup d’État au Niger. Après des suspensions sine die et temporaires de plusieurs médias, dont Jeune Afrique, et d’une radio burkinabè, le capitaine Traoré a également affirmé que « les libertés individuelles ne doivent pas primer sur les libertés collectives ».

« Soit vous êtes avec la patrie soit vous êtes contre la patrie », a-t-il ajouté.

(Avec AFP)

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