Félix Tshisekedi investi, la course à la présidentielle officiellement lancée

Sans surprise, la coalition au pouvoir en RDC a investi le chef de l’État sortant comme son candidat à la présidentielle du 20 décembre prochain, au terme de son premier congrès tenu à Kinshasa.

Le président congolais Félix Tshisekedi, le 21 septembre 2023. © Présidence RDC

Publié le 2 octobre 2023 Lecture : 4 minutes.

La semaine s’annonce mouvementée en RDC : plusieurs prétendants sérieux à la magistrature suprême doivent en effet déposer leurs dossiers devant la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avant le 8 octobre s’ils souhaitent pouvoir participer à l’élection présidentielle de décembre prochain.

Après Matata Ponyo Mapon, Constant Mutamba, Rex Kazadi ou encore Adolphe Muzito, qui se sont déjà pliés à l’exercice, ce sont désormais Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege ou encore Delly Sesanga qui sont attendus. Ainsi que le président Félix Tshisekedi, prétendant à sa succession et dont la candidature a été entérinée par l’Union sacrée ce 1er octobre.

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Pas de suspense

Le premier congrès de la formation au pouvoir a été organisé pour l’occasion et la quasi-totalité des membres du presidium étaient présents au Palais du peuple, siège du Parlement à Kinshasa : Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, le Premier ministre qui s’est éclipsé peu de temps après le début de la cérémonie, Christophe Mboso, le président de l’Assemblée nationale, Modeste Bahati Lukwebo, celui du Sénat…

Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre et ministre de la Défense, était lui aussi de la cérémonie, qui s’est tenue sous un grand chapiteau protégeant les invités du soleil de plomb de Kinshasa. Vital Kamerhe, ministre de l’Économie, séjournait quant à lui à Lubumbashi et a été représenté par Billy Kambale, le secrétaire général de l’Union pour la nation congolaise (UNC), son parti. Félix Tshisekedi était lui en déplacement dans le Haut-Katanga.

Le suspense n’était pas à son comble et l’ambiance est restée timide. Une partie des formations membres de l’Union sacrée avait d’ores et déjà annoncé leur soutien à la candidature de Félix Tshisekedi. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba l’avait déjà fait, tout comme Sama Lukonde Kyenge et son mouvement Agissons et Bâtissons (AB), l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et l’UNC.

Premiers couacs

Rassemblement hétéroclite né de la rupture entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila fin 2020, l’Union sacrée s’est mué en plateforme politique en avril dernier, faisant de Félix Tshisekedi sa « haute autorité politique ». Pour les élections générales, elle se donne non seulement l’objectif de faire élire son champion, mais aussi de lui donner une majorité parlementaire « confortable ».

Le travail ne fait que commencer et nous allons le poursuivre

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« Le travail ne fait que commencer et nous allons le poursuivre », a lancé Christophe Mboso. Les soutiens du président sortant vantent son bilan et notamment la mise en œuvre de l’enseignement primaire gratuit et le lancement de la couverture maladie universelle, qui a débuté le mois dernier avec l’instauration de services gratuits à la maternité à Kinshasa. Le 28 septembre dernier, à Bruxelles, Félix Tshisekedi a affirmé avoir hérité d’un pays qui était « dans le gouffre » et s’efforcer de le réhabiliter.

Des premiers couacs ont toutefois déjà été constatés dans cette précampagne. Le 27 septembre, une équipe de campagne a été annoncée à la presse par François Muamba, qui pilote le Conseil présidentiel de veille stratégique (CPVS). Mais ces 11 personnalités essentiellement issues de la région du Kasaï n’ont pas fait l’unanimité au sein de l’Union sacrée. L’ambassadeur itinérant du chef de l’État, Faustin Luanga, a critiqué vertement sur X (anciennement Twitter) une initiative prise « sans aucune concertation ».

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L’ombre de 2018

Surtout, le débat sur les circonstances de l’élection de Félix Tshisekedi en 2018 a refait surface. Le 19 septembre à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le président avait ainsi soutenu qu’il « n’y a jamais eu d’arrangements frauduleux » entre lui et son prédécesseur. Quatre jours plus tard, l’ancien président de la commission électorale, désormais passé à l’opposition, affirmait que le chef de l’État congolais avait « simplement menti ».

« Un accord politique existe bel et bien. Il a précédé la publication des résultats définitifs. J’en suis l’un des co-rédacteurs. Cet accord inaltérable a été signé devant témoins, par le président Tshisekedi et son prédécesseur », a déclaré Corneille Nangaa, qui vit désormais en exil.

Félix Tshisekedi fait aussi face aux critiques sur la transparence des élections, notamment mise en doute par Martin Fayulu. L’opposant a d’ailleurs une nouvelle fois été interpellé sur le sujet le 30 septembre, alors qu’il annonçait sa propre candidature à la présidentielle – il avait pourtant juré de ne pas participer au scrutin si la Ceni n’organisait pas un nouvel audit du fichier électoral.

« Nous n’avons pas obtenu la transparence par l’audit du fichier électoral, mais nous l’aurons par la surveillance des élections », a-t-il répliqué, comptant notamment sur la mission d’observation électorale des Églises catholique et protestante. Pour cela, l’opposition devra sans doute faire un important effort de rassemblement pour faire face à la machine électorale mise en place par Félix Tshisekedi. Ce qui, au vu des divisions observées ces derniers mois, n’est pas gagné.

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