« Ça suffit maintenant, il faut libérer Stanis ! »

Smockey, Claudy Siar, Rama Yade, Achille Mbembe, Mamane ou encore Mia Farrow et Samantha Power… Tous réclament la libération immédiate de Stanis Bujakera Tshiamala, correspondant de Jeune Afrique à Kinshasa, incarcéré depuis le 8 septembre.

 © Free Stanis ; DR

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FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 2 octobre 2023 Lecture : 3 minutes.

Vingt-cinq jours de privation de liberté pour Stanis Bujakera Tshialama, vingt-cinq jours de trop. Arrêté le 8 septembre, notre correspondant est depuis le 14 septembre en détention préventive au centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, plus connu sous le nom de prison de Makala.

Construite en 1957 pour abriter 1 500 détenus, cette prison dont les bâtiments vétustes s’étendent sur 13 hectares entre les communes de Makala et de Selembao compte aujourd’hui près de 10 000 pensionnaires, incarcérés pour la plupart dans des conditions de surpopulation infra-humaines. Pavillon 8, revêtu de la tenue bleue à bandes jaunes des captifs, Stanis Bujakera Tshialama est de ceux-là.

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Ce qu’on lui reproche – et qui se résume au fait qu’il se refuse à livrer les sources d’un article signé de la rédaction de Jeune Afrique, mais que les autorités congolaises, pour qui il s’agit d’une « fake news », le soupçonnent d’avoir écrit : situation parfaitement kafkaïenne – ne mérite la prison que dans les pays où les notions de liberté de la presse et de respect du travail des journalistes ne sont que des leurres. C’est pour le dire, et répéter que le Congo de Félix Tshisekedi se doit de mériter son qualificatif de « démocratique », que Jeune Afrique a lancé, en collaboration avec Actualité.cd et Reuters, soit les trois médias pour lesquels travaille Stanis, la campagne « Free Stanis ».

Dans ce cadre, une quarantaine de vidéos, regardées rien que sur les comptes X et Facebook de Jeune Afrique par plus d’un million de visiteurs, ont été produites, qui s’ajoutent aux communiqués des organisations de défense des droits humains et aux tweets de soutien émanant de personnalités comme l’administratrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid), Samantha Power, ou l’actrice américaine Mia Farrow.

Tous ces appels exigent la libération immédiate de Stanis Bujakera Tshiamala, lequel « doit être libre pour participer à la tâche urgente d’approfondissement de la démocratie en RDC, mais aussi en Afrique », explique l’historien et philosophe camerounais Achille Mbembe. L’ancienne secrétaire d’État française Rama Yade, l’activiste et rappeur burkinabè Smockey, le journaliste et écrivain ivoirien Serge Bilé, le mathématicien congolais Jonathan Esole… Tous partagent cette exigence et rejoignent l’opinion de l’expert onusien des droits humains Alioune Tine, pour qui « le seul crime de Stanis Bujakera, c’est son professionnalisme », ou encore celle de la romancière Calixthe Beyala, selon qui sa détention est « une honte pour toute l’Afrique ».

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D’autres interpellent directement le gouvernement congolais, comme l’animateur et producteur Claudy Siar – « Nous savons, vous savez et nous savons que vous savez, que sa place n’est pas en prison » – et le journaliste d’investigation ghanéen Anas Aremeyaw Anas, qui appelle « à faire savoir au président Tshisekedi que nous sommes solidaires de notre ami ».

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Nombreux sont aussi ceux qui estiment que l’emprisonnement de celui que l’essayiste sénégalais Elgas qualifie « d’éclaireur » revient à « priver le demi-million de personnes qui le suivent d’informations sûres, dans un moment où la désinformation est grande », ainsi que s’en désole l’activiste congolais Fred Bauma, du Groupe d’experts sur le Congo. Ses compatriotes universitaires Richard Kapend et Poncia Nyembo sont formels : Stanis Bujakera Tshiamala est, sur la RDC, l’une des meilleures sources d’informations « fiables, vérifiables et certifiées » et son incarcération, à moins de trois mois de l’élection présidentielle, est inquiétante. « Je lui dis de tenir bon, la prison ne tue pas l’homme », insiste le journaliste nigérien Moussa Aksar, passé lui aussi par la case détention, alors que son compatriote, l’humoriste Mamane, résume ce que pensent et disent tous ceux qui connaissent Stanis, à commencer par ses collègues de Jeune Afrique : « Ça suffit maintenant, il faut le libérer ! »

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