Centrafrique : l’Église appelle à la réconciliation

Après l’invitation au dialogue du président de transition Michel Djotodia, l’archevêque catholique de Bangui, très respecté en Centrafrique, a appelé dimanche ses compatriotes à la réconciliation, citant Nelson Mandela en exemple.

Une jeune fille portant une croix arrive à l’église Saint-Charles Lwanga,. © AFP

Une jeune fille portant une croix arrive à l’église Saint-Charles Lwanga,. © AFP

Publié le 15 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

"Beaucoup de chrétiens ont dit qu’ils allaient se venger. Les chrétiens doivent être habités par l’esprit de Dieu, ils ne doivent pas tuer", a déclaré Mgr Dieudonné Nzapalainga, lors d’une messe célébrée en l’église Saint-Charles à la sortie nord de Bangui, pour environ 1.500 personnes.

"Nous sommes devenus des animaux, les exactions dépassent la raison quand on tue quelqu’un et qu’on brandit son bras", a insisté le religieux, avant de demander aux fidèles de s’inspirer de "l’homme de paix et de réconciliation" qu’était Nelson Mandela, inhumé au même moment en Afrique du Sud, et de ne pas répondre par la violence à la violence.

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Sur le plan militaire, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a indiqué que Paris allait demander "concours plus solide, plus fort" sur le terrain de ses partenaires européens lors du Conseil Affaires étrangères lundi à Bruxelles.

"Les Polonais seront avec nous sur le plan logistique, les Britanniques, les Allemands, les Espagnols, les Belges", a ajouté M. Fabius devant plusieurs médias français.

Certains de ces pays pourraient-ils aller au-delà d’un soutien logistique et fournir des militaires pour rejoindre les forces françaises qui tentent depuis dix jours de mettre fin à l’anarchie et à l’engrenage de la violence dans cette ancienne colonie ?

"Deux d’entre eux sont en train de s’interroger, j’espère qu’ils le diront", a répondu le ministre, sans les citer.

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A Bangui, des milliers de chrétiens centrafricains se sont rendus dans les églises à Bangui, où la situation reste tendue avec toujours des lynchages et des tirs sporadiques, une semaine après les affrontements inter-religieux qui ont fait près de 600 morts dans le pays selon l’ONU.

"Ce sont nos frères"

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A Bimbo, en périphérie sud de Bangui, un musulman a été tué dans la matinée par des chrétiens, selon une habitante du quartier qui a requis l’anonymat. "Il y a un mouvement de foule et les gens fuient", a-t-elle ajouté.

Des tirs sporadiques, symptômes d’une situation encore tendue, ont également été entendus dans le centre de la capitale à l’aube, a constaté un journaliste de l’AFP.

Samedi soir, le président centrafricain musulman Michel Djotodia, issu de l’ex-rébellion Séléka à dominante musulmane (qui a pris le pouvoir par les armes en mars 2013), a proposé de dialoguer avec les milices chrétiennes "anti-balaka" (anti-machettes, en langue sango), afin d’enrayer la spirale des violences.

Dans un entretien à Radio France internationale (RFI), Michel Djotodia a assuré que ces miliciens, aujourd’hui en lutte contre les combattants de l’ex-Séléka, "ne sont pas des ennemis", "ce sont nos frères".

Jusqu’à l’arrivée au pouvoir de la Séléka -coalition hétéroclite de groupes armés – en mars 2013, chrétiens et musulmans vivaient en bonne entente dans ce pays très pauvre de 4,5 millions d’habitants, chrétien à 80%.

Les hommes en armes de la Séléka se sont depuis lors rendus coupables d’une multitude d’exactions –vols, pillages, exécutions sommaires– contre les populations chrétiennes qui ont soif de vengeance et assimilent désormais tous les civils musulmans à l’ex-rébellion.

Le 5 décembre, des milices "anti-balaka" infiltrées parmi la population avaient lancé une offensive dans Bangui sur des positions de l’ex-Séléka et des quartiers musulmans, entrainant des représailles sanglantes.

Selon l’ONU, les tueries de cette dernière semaine ont fait "plus de 600 morts" dans tout le pays, dont 450 dans la seule capitale.

Ces violences ont précipité l’intervention militaire de la France, lancée le soir-même après un feu vert de l’ONU, et qui mobilise près de 1.600 hommes déployés pour l’essentiel dans la capitale.

Paris intervient officiellement en soutien à une force africaine, la Misca, qui compte plus de 3.000 militaires et doit être doublée à terme.

Les soldats français mènent depuis une semaine une vaste opération de désarmement des milices et groupes armés, qui dans les faits vise principalement les ex-Séléka, les seuls à circuler en armes dans Bangui.

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