Corée du Nord : l’oncle de Kim Jong-un exécuté, Séoul et Washington inquiets

La Corée du Nord a annoncé vendredi l’exécution de l’oncle du dirigeant Kim Jong-un, qualifiant de « traître » ce personnage très influent jusqu’à peu, alors que Séoul et Washington s’inquiètent de cette purge soudaine dans ce pays à parti unique.

Jang Song-thaek emmené par des gardes à la sortie du tribunal peu avant son éxécution. © AFP

Jang Song-thaek emmené par des gardes à la sortie du tribunal peu avant son éxécution. © AFP

Publié le 13 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Jang Song-thaek, 67 ans, était considéré comme le numéro deux du régime et mentor de son neveu depuis que ce dernier a succédé à son père Kim Jong-il à la tête du pays, fin 2011. Arrêté soudainement la semaine dernière, en pleine réunion politique, le haut dirigeant a été jugé jeudi par un tribunal militaire spécial, qui l’a condamné à mort, a indiqué vendredi l’agence officielle KCNA. La peine a été exécutée dans la foulée.

"L’accusé est un traître à la nation qui a perpétré des actes factieux contre le parti, et contre-révolutionnaires, afin de renverser la direction de notre parti et de l’État et du système socialiste", a rapporté KCNA. Pendant son procès, Jang a reconnu qu’il avait tenté de fomenter un coup d’État en mobilisant ses complices à l’armée, selon l’agence, qui publie une photo de l’accusé, courbé et menotté, entre deux gardes.

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"J’ai essayé d’attiser les plaintes du peuple et de l’armée contre l’échec du régime actuel à gérer la situation économique et les moyens de subsistance de la population, aussi affreux soient-ils", selon les propos de Jang rapportés par l’agence nord-coréenne, qui du même coup semble reconnaître les graves difficultés économiques du pays. Le régime accuse notamment Jang Song-thaek d’avoir trahi Kim Jong-un et le père de ce dernier, Kim Jong-il, qui avait dirigé le pays de 1994 jusqu’à sa mort en 2011.

Applaudissements insuffisamment vigoureux

Le jeune Kim Jong-un – une trentaine d’années – lui avait pourtant accordé "toute sa confiance", a déploré KCNA. "Il a révélé sa véritable image de traitre de tous les temps". L’homme aurait aussi commis plusieurs affronts selon KCNA : des applaudissements insuffisamment vigoureux lors de réunions politiques et le blocage d’une mosaïque pourtant créée en l’honneur du dirigeant dans une usine.

Pyongyang avait confirmé lundi la mise à l’écart de ce dignitaire. Les services de renseignements sud-coréens avaient aussi évoqué, quelques jours plus tôt, l’exécution de deux de ses proches. Washington a indiqué ne pas pouvoir confirmer l’exécution de Jang "de manière indépendante". "Mais nous n’avons aucune raison de douter de l’information de KCNA", a déclaré la porte-parole adjointe du Département d’État, Marie Harf. "Si c’est confirmé, nous avons un autre exemple de la brutalité extrême de ce régime. Nous suivons de près les développements en Corée du Nord et consultons nos alliés et partenaires dans la région".

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À Séoul, voisin et frère ennemi du Nord, le gouvernement a exprimé sa "profonde inquiétude à propos de (ces) développements récents". Le pays sera pleinement préparé à "toutes les possibilités dans l’avenir", tout en travaillant étroitement avec ses alliés, a ajouté le ministère de l’Unification, en charge des relations entre les deux Corées.

Menace interne

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Les experts sur ce pays, l’un des plus secrets et les plus fermés au monde, estiment qu’une vaste purge va probablement avoir lieu contre les proches de Jang. Époux de la soeur de Kim Jong-il, Jang Song-thaek était vice-président de la Commission de défense nationale, considérée comme l’organe de décision le plus puissant du pays. Il avait considérablement étendu son influence après l’attaque cérébrale de Kim Jong-il en 2008, puis à sa mort trois ans plus tard, et était considéré comme le mentor de Kim Jong-un.

Les analystes avancent que le jeune dirigeant a pris peur de l’influence croissante de son oncle. "On peut penser que Kim Jong-un se sentait menacé par Jang Song-thaek car (l’oncle), partie prenante dans quasiment tous les aspects politiques et militaires du pays, représentait une autre source de pouvoir, et donc une menace", déclare Abraham Denmark, expert Bureau national de la recherche asiatique, un centre d’études basé aux États-Unis. "L’autre interprétation, c’est que (Jong-un) n’avait plus besoin de lui et ne voulait pas voir son pouvoir dilué. Mais on ne peut faire que des suppositions, étant donné la nature du régime", ajoute-t-il.

Kim Jong-un a succédé à son père Kim Jong-il en décembre 2011. Kim Jong-il présidait lui-même aux destinées de la Corée communiste depuis le décès en 1994 de son père Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 1948. La dynastie des Kim dirige d’une main de fer la Corée du Nord sur un modèle communiste doté d’un important culte de la personnalité du dirigeant et ses prédécesseurs. Son économie est en lambeaux, les pénuries alimentaires récurrentes, l’opposition inexistante et ses citoyens contrôlés de près.

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