Tunisie Leasing lance l’offensive en Afrique
Développements géographiques et nouveaux produits : Tunisie Leasing, le numéro un historique finalise la reprise de son alter ego panafricain Alios Finance. Et multiplie les chantiers pour doper sa croissance.
Plus qu’une simple opération d’acquisition, un symbole : après des années d’apathie, les entrepreneurs tunisiens lancent l’offensive en Afrique. Dans les semaines qui viennent, Tunisie Leasing devrait finaliser l’acquisition d’Alios Finance, avec le coup de pouce d’Amen Bank (actionnaire de référence de Tunisie Leasing), de Proparco (filiale de l’Agence française de développement) et de l’investisseur social ResponsAbility. Deux leaders qui se rapprochent : l’un est précurseur et leader du crédit-bail en Afrique du Nord, l’autre est un poids lourd dans le même domaine de Dakar à Dar es-Salaam.
Le leasing, c’est quoi ?
Dans le cadre d’un crédit-bail, une société financière met un bien d’équipement à la disposition d’un client (une PME généralement) pour une période déterminée, contre paiement d’un loyer. À échéance, le client peut acquérir le bien à un prix défini à l’avance.
Cinq mois après l’annonce de négociations exclusives entre les principaux actionnaires d’Alios Finance et le tunisien pour la cession de 59,34 % des parts, « la finalisation de l’opération tarde un peu, pour des questions de change et de montage du financement, mais elle entre dans sa phase de concrétisation », souligne un proche du dossier.
Tunisie : plus de marge de progression
Pour Tunisie Leasing, l’opération est stratégique. Le groupe, qui pourrait verser une trentaine de millions d’euros aux cédants, cherche de nouveaux relais de croissance. « Le management est bien conscient que le marché tunisien n’offre presque plus de marge de progression », affirme Bassem Neifer, analyste chez AlphaMena, qui suit depuis plusieurs années Tunisie Leasing, cotée à la Bourse de Tunis. « Leur priorité est désormais la bonne croissance », ajoute-t-il.
Ahmed Abdelkefi et Fethi Mestiri, les deux patrons de la société tunisienne, regardent résolument du côté d’Alger, où ils sont parvenus à bâtir le numéro un du crédit-bail du pays en un peu plus de cinq ans, avec l’aide d’Amen Bank. Maghreb Leasing Algérie, c’est son nom, engrange d’ailleurs des revenus à présent supérieurs à ceux qui sont générés en Tunisie.
Aymen Ben Zina, analyste chez Attijari Intermédiation, un courtier tunisien, le confirme : « Les mises en force [contrats dont la facturation a commencé] vont augmenter de 28 % en 2013, selon le management. » Soit plus du double de la croissance enregistrée à Tunis en 2012, qui était une année de redressement après la crise de 2011…
La route du Sud
Devant l’augmentation du coût de refinancement et la vive concurrence – menée notamment par le nouveau numéro deux du marché, Attijari Leasing -, Tunisie Leasing a très clairement mis l’Afrique à son menu. Certes, il y a peu de chances de voir le groupe se développer au Maroc, où le marché est tenu par les grandes banques locales. Mais Tripoli reste dans la ligne de mire. « Des pourparlers avancés avec un partenaire libyen ont été annoncés lors de la dernière assemblée générale des actionnaires », confirme un témoin.
Plus au sud, c’est la croissance qui attire, ainsi que la virginité du marché. À l’exception toute relative du Kenya, rares sont les pays qui disposent d’un secteur du crédit-bail développé. Alios Finance, fondé sur une myriade de sociétés actives en Afrique francophone depuis des dizaines d’années et acquis en 2006 par un consortium de financiers mené par le capital-investisseur AfricInvest, témoigne de ce potentiel.
En quatre exercices, le chiffre d’affaires a progressé de 27,9 %, pour atteindre 19,7 millions d’euros en 2012. Entre 2006 et 2012, la production de crédit a doublé. Le groupe est présent au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Mali et au Sénégal. Depuis quelques années, Alios s’est lancé dans la zone anglophone, en s’installant en Zambie, en Tanzanie et au Kenya. « Nous allons ouvrir en Ouganda d’ici à la fin de l’année et nous préparons des implantations au Nigeria et au Ghana depuis un moment, précise Jan-Albert Valk, directeur général d’Alios Finance depuis 2006.
Partout, nous sommes numéro un ou numéro deux. » S’il parvient à reprendre ce groupe qu’il connaît bien pour en être un actionnaire – très minoritaire – depuis plusieurs années et partager le même président du conseil d’administration – Ahmed Abdelkefi -, Tunisie Leasing verra ses revenus bondir de 75 %, pour frôler les 50 millions d’euros, et ses bénéfices s’envoler de moitié.
Pour en savoir plus :
Alios Finance prend l’accent anglophone
Crédit-bail : une activité qui gagne du terrain
Tunisie : Proparco finance Esprit
Avec, au final, un risque plutôt limité : si les 200 employés d’Alios se concentrent sur le développement des activités, la gestion des risques n’a pas été délaissée, les créances douteuses étant provisionnées à près de 90 %. Seule inquiétude : la rentabilité repose sur une poignée de pays (notamment le Gabon) et la zone anglophone, plus concurrentielle, subit toujours des pertes.
Nouveau souffle
Mais Alios Finance présente d’autres atouts. En particulier son activité de crédit à la consommation, qu’il pratique au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Sénégal et qui représente 15 % de ses crédits. « Un élément important quand on sait que Tunisie Leasing veut se lancer dans de nouveaux domaines dans son pays d’origine, du microcrédit au leasing islamique », commente Bassem Neifer. Car en attendant de faire ses premiers pas au sud du Sahara, le groupe continue d’innover intelligemment pour être positionné au mieux lorsque la croissance sera de retour dans le pays.
« Tunisie Leasing est entré au capital d’Ennakl, le principal réseau commercial automobile national – avec l’objectif de proposer dans les seize concessions des crédits dans le domaine automobile », rappelle Aymen Ben Zina. La société est également engagée dans l’ambitieux plan de développement du pôle de compétitivité de Sousse, une technopole. « En 2016, Tunisie Leasing pourrait générer dans ce cadre 20 % de ses revenus via des opérations de leasing immobilier », prévoit Bassem Neifer. De quoi donner un nouveau souffle au groupe trentenaire.
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