Comment Djibouti a musclé son port
Après avoir reçu son premier dock flottant, le port de Djibouti va démarrer ses activités de réparation navale, renforçant encore un peu plus son attractivité le long de la côte orientale africaine.
De Djibouti à l’Afrique du Sud, le réveil des ports est-africains
Après vingt ans de modernisation à l’Ouest, les opérateurs publics et privés s’attaquent ces dernières années à la mise à niveau des ports de la façade orientale du continent. Autant d’évolutions qui devraient rééquilibrer la desserte maritime du continent et soutenir l’arrivée prochaine de la Zlecaf.
Idéalement installé sur la ligne maritime Europe-Asie, Djibouti bénéficie également de la proximité du marché éthiopien pour s’imposer au niveau dutrafic comme l’un des tout premiers ports de la façade orientale de l’Afrique.
Désormais parmi les trois premières interfaces portuaires continentales sur les trafics conteneurisés, sa réussite n’est pas liée qu’à son positionnement géographique. Depuis plus d’une décennie, les investissements lourds se matérialisent le long de la baie de Doraleh, en attendant ceux à venir au sud de la capitale, à Damerjog, pour renforcer la position de hub portuaire de Djibouti, tout en lui permettant de renouer avec sa tradition de services. « À ses origines, le port avitaillait les navires français en route vers l’Asie et Madagascar », rappelle Aboubaker Omar Hadi, le président de l’Autorité portuaire djiboutienne et de ses nombreuses filiales.
Équipements parmi les plus modernes du continent
Renouant avec l’histoire, les bassins du vieux port accueillent depuis le 31 juillet un dock flottant, dont l’arrivée s’inscrit justement dans la logique « de fournir le maximum de services aux utilisateurs du port », insiste Aboubaker Omar Hadi. Il sera opéré par la compagnie Shiprepair Yard, nouvellement créée pour l’occasion.
Sorti des chantiers roumains de Damen Shipyards, où il était en construction depuis la fin de 2020, ce dock est certainement l’un des équipements de réparation navale les plus modernes aujourd’hui sur le continent. C’est également l’un des plus grands. Avec une longueur de 215 mètres sur une largeur de 37 mètres, le dock peut réparer des navires allant jusqu’à 50 000 tonnes de port en lourd (TPL), soit deux fois plus que les yards de Mombasa et d’Oman, ses plus proches concurrents.
À travers son bras financier, Great Horn Investment Holding (GHIH), le port est propriétaire à 100 % de cet investissement de 112 millions de dollars, mais qui promet d’être rapidement rentabilisé. « Le premier navire arrive en novembre, et le carnet de commandes est plein pour 2024 », confirme Aboubaker Omar Hadi, alors que les nombreuses flottes militaires qui mouillent dans la région ont déjà exprimé leur intérêt.
Personnel formé par le néerlandais Damen Shipyards
L’opération a été facilitée par les bonnes relations qu’entretient depuis longtemps le néerlandais Damen avec l’entité portuaire de Djibouti. Quarante ans plus tôt, ses chantiers avaient déjà fourni les pilotines et autres vedettes d’amarrage utilisés à l’époque par le port. L’entreprise s’occupe aujourd’hui de la formation du personnel djiboutien, ainsi que de la mise en route du chantier sur le moyen terme. Le ministère néerlandais des Finances a de son côté largement contribué en trouvant la compagnie d’assurance qui autorisait l’opération, dont les prémices remontent à 2015.
Alors que la passation doit encore se poursuivre quelques mois entre les équipes techniques de Damen Shipyards et celles du port, il est déjà prévu que le dock flottant déménage à terme et rejoigne la future Djibouti Damerjog Industrial Free Zone (DDIFZ), en cours de réalisation pour un investissement total dépassant le milliard de dollars.
Abrité derrière une longue jetée qui vient juste d’être achevée, ce site industrialo-portuaire accueillera progressivement, d’ici à 2035, de vastes dépôts de stockage de carburants et une raffinerie, une centrale électrique, une cimenterie, un port polyvalent et un terminal à conteneurs, le chantier de réparation navale venant s’intégrer au cœur de l’ensemble. Djibouti disposera alors d’un équipement « unique en Afrique, voire dans le monde », selon la direction portuaire, renforçant encore son attractivité face à la concurrence dans la région.
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Après vingt ans de modernisation à l’Ouest, les opérateurs publics et privés s’attaquent ces dernières années à la mise à niveau des ports de la façade orientale du continent. Autant d’évolutions qui devraient rééquilibrer la desserte maritime du continent et soutenir l’arrivée prochaine de la Zlecaf.
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