Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré fait le ménage dans l’armée
Une semaine après l’annonce de la mise en échec d’une tentative de coup d’État, le président de la transition a suspendu huit officiers et limogé le chef d’état-major de la gendarmerie nationale.
Les sanctions sont vite tombées. Une semaine après avoir affirmé qu’il avait déjoué une tentative de coup d’État, le capitaine Ibrahim Traoré a suspendu, le 4 octobre, huit officiers qu’il soupçonne d’avoir comploté contre lui. Une décision concomitante au limogeage, pour les mêmes raisons, du lieutenant-colonel Evrard Somda, le chef d’état-major de la gendarmerie nationale.
Sans surprise, les quatre gradés interpellés le 27 septembre font partie des officiers suspendus. Il s’agit du commandant Abdoul Aziz Aouoba, qui dirigeait le Commandement des opérations spéciales (COS), du lieutenant-colonel Boubacar Keïta, directeur de l’Institut supérieur d’études de protection civile (ISEPC), du lieutenant-colonel Cheick Hamza Ouattara, commandant de la légion spéciale de la gendarmerie nationale, et du capitaine Christophe Maïga, commandant adjoint de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale (Usign).
Trois officiers en fuite
Le commandant de gendarmerie Cheick Omar Ouédraogo qui, selon nos informations, s’est lui-même rendu à la justice militaire, est également visé par cette mesure.
Trois autres officiers suspendus, eux, sont considérés comme étant « en fuite » et les autorités de transition burkinabè les recherchent toujours activement : le lieutenant-colonel Roméo Ouoba, figure respectée et appréciée des forces spéciales, et les commandants Sékou Ouédraogo et Mahamadi Belem, membres de l’Agence nationale de renseignement (ANR).
La suspension de ces huit officiers est une mesure administrative conservatoire qui devra être définitivement tranchée par le ministère des Armées dans un délai de quatre mois.
Une décision contestée
Ce grand ménage initié par Ibrahim Traoré n’est évidemment pas du goût de tous dans une armée déjà sous tension, en particulier au sein des forces spéciales et de la gendarmerie nationale, où certains ne goûtent guère le traitement infligé par les autorités de transition à leurs chefs.
Depuis le 27 septembre, le capitaine Traoré, qui a renforcé le dispositif de sécurité autour de la présidence, garde aussi un œil vigilant sur les camps Paspanga (qui abrite la gendarmerie nationale, à Ouagadougou) et Kamboinsin (où sont cantonnées les forces spéciales, dans les faubourgs nord-ouest de la capitale).
Le 25 septembre, le gouvernement burkinabè avait annoncé la suspension de « tous les supports de diffusion » de Jeune Afrique après la publication d’articles faisant état de tensions au sein de l’armée.
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