Libye : le n°2 des renseignements enlevé, crainte d’une escalade des violences

Le numéro deux des renseignements libyens a été enlevé, dimanche, à Tripoli, où les habitants observent une grève générale pour dénoncer les heurts meurtriers des deux derniers jours. Une escalade de la violence est à craindre.

Des boutiques sont fermées à Tripoli le 17 novembre 2013 à l’occasion d’une grève générale. © AFP

Des boutiques sont fermées à Tripoli le 17 novembre 2013 à l’occasion d’une grève générale. © AFP

Publié le 17 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

"Le vice-président des renseignements a été enlevé peu après son retour à Tripoli d’un voyage à l’étranger", a déclaré un responsable de sécurité à l’AFP.

En outre, des dizaines de manifestants ont envahi sans violence la salle de Congrès général national (CGN), plus haute autorité du pays, pour réclamer le départ des milices de la capitale.

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Vendredi, une manifestation dans la capitale contre une de ces milices a dégénéré en affrontements armés et fait 40 morts, les violences les plus meurtrières à Tripoli depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011.

La situation était redevenue plutôt calme dans la ville et dans sa banlieue-est dimanche, où, la veille, des groupes armés ont empêché des miliciens originaires de Misrata (200 km à l’est de Tripoli) de pénétrer dans la capitale.

Le gouvernement a salué ce retour au calme, affirmant que la situation sécuritaire à Tripoli était "excellente" et "sous contrôle", et assurant que "les services compétents des ministères de la Défense et de l’Intérieur ont pris toutes les dispositions nécessaires pour sécuriser la ville" après les heurts.

Ces violences avaient éclaté quand une milice de Misrata, installée dans le quartier de Gharghour dans le sud de Tripoli, avait tiré sur des manifestants pacifiques venus réclamer son départ de la capitale.

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En représailles, des hommes armés ont attaqué le QG de cette milice, au prix d’affrontements qui ont fait au moins 43 morts et plus de 450 blessés, selon le ministère de la Santé. Samedi, d’autres milices sont intervenues pour venir en aide à la première, générant de nouvelles violences.

Grève générale et désobéissance civile

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Les évènements ont ravivé la colère à Tripoli: le Conseil local (équivalent d’une mairie) a appelé à une grève générale de trois jours "en signe de deuil" et de solidarité avec les familles des victimes.

Et des habitants, exaspérés par les exactions des milices, ont appelé samedi à la désobéissance civile, érigeant des barricades sur d’importantes artères et brûlant des pneus. Dimanche en fin d’après-midi, plusieurs routes étaient fermées à la circulation, selon l’AFP.

Dans la vieille ville et au centre de Tripoli, ainsi que dans les banlieues de Fachloum, Tajoura (est) et de Janzour (ouest), les magasins ont laissé leurs rideaux baissés, à l’exception de quelques commerces alimentaires et cafés, selon des journalistes de l’AFP. Les banques ont fermé leurs portes, ainsi que la plupart des écoles et des universités. "Malheureusement, plusieurs écoles ont fermé aujourd’hui", a indiqué à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Enseignement, sans pouvoir préciser la proportion des grévistes.

"Les événements de ces derniers jours (…) illustrent l’étendue des actes irresponsables des milices (…) et l’incapacité du gouvernement à les contrôler", a estimé Hanan Salah, représentante de Human Right Watch en Libye.

Déplorant l’impunité des milices en raison des dysfonctionnements du système judiciaire libyen depuis l’insurrection de 2011, Mme Salah a estimé que "la priorité pour les autorités est maintenant d’avoir une emprise sur ces groupes rebelles, les désarmer (…) et leur demander des comptes pour les crimes commis". "Sinon, il y a un risque réel d’une escalade de la violence", a encore

Dans un communiqué, le Conseil local de Tripoli a appelé les habitants de la capitale "au calme et à la retenue", les invitant à donner une chance à des médiations en cours en vue de mettre fin aux violences.

Les Tripolitains protestent régulièrement contre la présence de factions armées. Venues d’autres localités, elles avaient participé à la libération de Tripoli du régime de Mouammar Kadhafi en août 2011, mais, profitant du vide sécuritaire, n’ont pas quitté la capitale.

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