Maurice dépénalise les relations sexuelles entre personnes de même genre

La loi qui les punissait datait de l’époque coloniale britannique. La décision de la Cour suprême mauricienne a été saluée par les mouvements des droits humains.

Le drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBTQ. © Andreea Alexandru/AP/SIPA

Publié le 6 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

La plus haute juridiction de Maurice a dépénalisé les relations sexuelles entre personnes de même sexe, en déclarant non conforme à la Constitution une loi de l’époque coloniale britannique. Une décision historique aussitôt saluée par la communauté LGBTQ de cette île touristique de l’océan Indien connue pour sa tolérance. Si des événements organisés par la communauté homosexuelle s’y déroulaient déjà, un article datant de 1898 punissait encore toute personne coupable de sodomie d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.

Ce texte du Code pénal « n’a pas été introduit à Maurice pour refléter les valeurs mauriciennes, mais est l’héritage de notre histoire coloniale avec la Grande-Bretagne », ont déclaré mercredi 3 octobre deux juges de la Cour suprême. « Nous déclarons en conséquence que l’article 250 [qui punissait les relations homosexuelles] est inconstitutionnel », ont-ils ajouté. Un recours en justice avait été introduit par la communauté gay, qui estimait que la loi bafouait les droits fondamentaux.

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Une exception en Afrique de l’Est ?

La décision de la Cour suprême a été saluée par les mouvements des droits humains ainsi que par le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Onusida), qui ont souligné qu’elle allait contribuer à sauver des vies. « Les hommes ayant des relations avec les hommes pourront avoir un accès plus facile à la santé et aux services sociaux sans avoir peur d’être arrêtés ou poursuivis », a souligné Anne Githuku-Shongwe, responsable régionale de l’Onusida. Mais du travail reste à faire pour lutter contre la stigmatisation de la communauté LGBTQ, selon elle.

Plusieurs religions coexistent à Maurice : environ la moitié du 1,3 million d’habitants sont hindous, un peu moins d’un tiers sont chrétiens et les autres, musulmans. Cette décision intervient au moment où une vague de répression s’abat sur les homosexuels dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est, souvent encouragée par des conservateurs musulmans et chrétiens.

Yoweri Museveni durçit les peines

En Ouganda par exemple, pays à majorité chrétienne conservatrice, le président Yoweri Museveni a promulgué en mai une loi anti-homosexualité qui prévoit de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles et en faisant la « promotion ». Le crime d’« homosexualité aggravée » y est passible de la peine de mort, sentence qui n’est toutefois plus appliquée depuis des années par Kampala.

Cette loi, parmi les plus répressives au monde, a suscité l’indignation des Nations unies, des groupes de défense des droits humains et de nombreux pays occidentaux.

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(avec AFP)

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