Égypte : appel au dialogue des Frères musulmans pour sortir de la crise

La coalition islamiste des partisans de Mohamed Morsi a appelé samedi au dialogue « pour sortir (l’Egypte) de la crise », mais sans exiger explicitement comme préalable le retour au pouvoir du président destitué par l’armée.

Des partisans des Frères musulmans et de Mohamed Morsi manifestent le 8 novembre 2013 au Caire. © AFP

Des partisans des Frères musulmans et de Mohamed Morsi manifestent le 8 novembre 2013 au Caire. © AFP

Publié le 16 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Cette coalition chapeautée par les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, qui dénonce un "coup d’Etat" et refusait de reconnaître les nouvelles autorités installées par l’armée, "appelle toutes les forces révolutionnaires, les partis politiques et les personnalités patriotiques à entamer un dialogue profond afin de sortir de la crise actuelle". Et elle n’évoque le retour au pouvoir de M. Morsi, habituellement posé comme condition préalable à toute négociation, que de façon évasive cette fois.

La coalition demande ainsi "le retour à la légitimité constitutionnelle et au processus démocratique incluant tous les mouvements politiques, sans qu’aucun ne monopolise le processus ou en soit exclu".

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La "légitimité" régulièrement évoquée par les islamistes fait autant référence au président destitué qu’au Sénat dissous et à la Constitution suspendue le 3 juillet dès l’arrestation par les militaires de M. Morsi.

Depuis, les autorités installées par l’armée ont mis en place une "feuille de route" qui prévoit la tenue d’élections législatives en février ou mars et une élection présidentielle en été.

Répression implacable

Le nouveau pouvoir a posé comme condition aux Frères musulmans d’accepter ce plan pour la transition comme préalable à toute négociation. Mais au moment où l’appel au dialogue était lancé, les médias officiels rapportaient qu’un comité de juges avait recommandé la dissolution du parti Liberté et Justice (PLJ), la vitrine politique des Frères musulmans qui avait largement remporté les législatives organisées fin 2011 et ensuite la présidentielle en juin 2012.

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Depuis le coup de force contre le seul président jamais élu démocratiquement du pays, le gouvernement intérimaire mène une répression implacable contre ses partisans.

Plus d’un millier de personnes, en majorité des manifestants pro-Morsi, ont péri depuis la mi-août, tandis que des milliers d’islamistes ont été arrêtés, dont la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans.

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Pour cette proposition de dialogue – la plus flexible proposée par les islamistes – "nous n’avons aucune condition et ils ne devraient pas non plus en avoir", a expliqué à l’AFP Imam Youssef, dirigeant du parti Assala, membre de la coalition.

La coalition, a-t-il poursuivi, plaide pour que les discussions, qui doivent mener à une solution "démocratique", commencent "sous deux semaines", ajoutant que les islamistes étaient prêts à discuter "toutes les solutions qui mèneront à la stabilité".

"Nous voulons une solution démocratique et cela ne veut pas forcément dire que nous devons être au pouvoir", a-t-il dit, assurant que fin juin le pouvoir islamiste était prêt à répondre aux aspirations des millions de manifestants descendus réclamer le départ de M. Morsi quelques jours avant sa destitution par l’armée.

"Opposition pacifique"

La coalition, qui organise régulièrement des manifestations en dépit de la violente répression, a prôné samedi l’"opposition pacifique" et appelé à la "fin de l’effusion de sang" et à l’arrêt des "campagnes de haine dans les médias".

Elle plaide également avant l’ouverture de ce dialogue pour la libération des prisonniers et la réouverture des médias islamistes fermés dès le 3 juillet. Elle a en outre réclamé le "retour des militaires dans les casernes".

A la question de savoir si la coalition allait insister pour obtenir le retour au pouvoir de M. Morsi, M. Youssef a répondu: "Ne nous précipitons pas", estimant que le sujet pourrait être abordé en temps voulu. Des responsables des Frères musulmans concèdent toutefois en privé qu’ils pourraient accepter une sortie "constitutionnelle" pour M. Morsi, une démission par exemple.

A l’ouverture de son procès le 4 novembre, pour sa seule apparition publique depuis son arrestation, M. Morsi a dit rejeter l’autorité des juges devant lesquels il comparaît actuellement pour "incitation au meurtre" de manifestants. Les plus hauts dirigeants de sa confrérie sont actuellement incarcérés et sous le coup du même chef d’accusation. Le 23 septembre, un tribunal avait prononcé une interdiction temporaire de la confrérie et ordonné le gel de ses avoirs dans l’attente d’un jugement final au fond.

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