Enlèvement au Cameroun : Boko Haram affirme détenir le père Vandenbeusch
Le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram a affirmé vendredi détenir Georges Vandenbeusch, le prêtre catholique français enlevé dans la nuit de mercredi à jeudi par des hommes armés dans le nord du Cameroun, près de la frontière avec le Nigeria.
"Le prêtre français est aux mains des moujahidines de Jamaat Ahl al-Sunna Li Da’wat al-Jihad (nom arabe de Boko Haram), qui a mené l’opération en coordination avec Ansaru", a déclaré à l’AFP une source au sein du groupe. Ansaru, émanation de Boko Haram, a revendiqué par le passé des enlèvements d’étrangers.
Le président français François Hollande a jugé que le religieux avait "sûrement été emmené vers le Nigeria", estimant que la France payait à nouveau "le prix" de son intervention militaire au Mali, lancée en janvier contre les groupes armés liés à Al-Qaïda qui occupaient le nord de ce pays.
M. Hollande et son homologue camerounais Paul Biya ont convenu, lors d’un entretien téléphonique, "d’accroître les mesures de protection des ressortissants français" dans la région où s’est déroulé le rapt, selon la présidence française.
Dès jeudi soir, le gouvernement camerounais avait désigné Boko Haram, qui avait déjà revendiqué en février l’enlèvement d’une famille française dans cette région, comme l’auteur du rapt du père Georges Vandenbeusch dans sa paroisse de Nguetchewe (environ 700 km au nord-est de Yaoundé), à une trentaine de kilomètres du Nigeria. Le gouverment nigérian ne s’est toujours pas exprimé sur cette affaire.
Quelques heures avant l’enlèvement, les Etats-Unis avaient inscrit sur leur liste noire "terroriste" Boko Haram et Ansaru, liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Boko Haram est "responsable de milliers de morts dans le nord-est et le centre du Nigeria ces dernières années" et Ansaru, faction ayant fait sécession en 2013, a "enlevé et tué" plusieurs étrangers, a souligné Washington.
"Ils cherchaient de l’argent"
Au Nigeria comme au Cameroun, des forces de sécurité étaient déployées vendredi pour retrouver les ravisseurs du père Vandenbeusch, une "dizaine d’hommes lourdement armés", a expliqué un officier de police camerounais sous couvert d’anonymat. Plusieurs témoignages ont fait état dès jeudi de la fuite des ravisseurs au Nigeria avec le religieux. Des éléments matériels corroborent cette hypothèse.
"Dans la précipitation, les assaillants ont abandonné 309 balles de fusil d’assaut Kalachnikov" au Cameroun, ainsi que les "papiers officiels du prêtre" et une valise vide avec un chéquier à son nom, "retrouvés le long de la route" menant au Nigeria, selon la radio d’Etat camerounaise.
Selon des soeurs présentes lors de l’enlèvement, mercredi vers 23H00 (22H00 GMT), les ravisseurs "cherchaient de l’argent". "Ils nous ont demandé de l’argent", a raconté l’une d’elles, soeur Françoise.
D’après une source policière camerounaise, les services de renseignement camerounais soupçonnaient Boko Haram de planifier des "enlèvements d’Européens" dans le Nord.
La zone "était formellement déconseillée du fait du risque terroriste et du risque d’enlèvement", a confirmé Paris, qui avait "plusieurs fois" recommandé au prêtre "expressément de ne pas y rester, mais il avait estimé qu’il devait y rester". "C’est un cas extrêmement grave et horrible qui démontre à quel point dans cette région se diffusent la haine et la violence", a déploré le Vatican.
10 000 Nigérians réfugiés au Cameroun
Le rapt du curé de 42 ans est survenu dans la région où sept Français d’une même famille, les Moulin-Fournier (un couple, leur quatre enfants et le frère du mari), avaient été enlevés en février lors d’une visite au parc naturel de Waza. Ils avaient été libérés fin avril.
L’action avait déjà été revendiquée par Boko Haram, qui a déclenché en 2009 une sanglante insurrection dans le nord du Nigeria – attentats-suicide, attaques à l’arme légère, assassinats ciblés.
Depuis mai, les forces de sécurité nigérianes mènent une vaste offensive meurtrière contre les fiefs du groupe. Vendredi, neuf présumés insurgés de Boko Haram ont encore été tués dans le nord-est du Nigeria par l’armée, selon cette dernière.
Le père Vandenbeusch s’occupait notamment d’aider les quelque 10.000 Nigérians réfugiés au Cameroun. Son enlèvement porte à huit e nombre de Français retenus en otage dans le monde. Le deuxième otage français au Nigeria est Francis Collomp, 64 ans, dont le rapt a été revendiqué fin 2012 par Ansaru.
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