La RDC espère signer la paix avec le M23 lundi à Kampala

La République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23 doivent signer lundi soir à Kampala un important accord de paix, qui restera cependant insuffisant à lui seul à régler 20 ans de conflit dans l’est congolais.

Des rebelles du M23 à Rugwerero en Ouganda, le 8 novembre 2013. © AFP

Des rebelles du M23 à Rugwerero en Ouganda, le 8 novembre 2013. © AFP

Publié le 11 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Selon Ofwono Opondo, porte-parole du gouvernement ougandais, médiateur des pourparlers, les délégations du M23, du gouvernement de RDC mais aussi des observateurs européens, américains, de l’ONU et de l’Union africaine sont arrivés à la résidence présidentielle où doit se dérouler la signature à Entebbe, localité proche de la capitale ougandaise située sur le Lac Victoria.

Le Mouvement du 23 mars (M23), rébellion de Tutsi congolais, a été mis en déroute la semaine dernière par l’armée congolaise, appuyée par une brigade d’intervention de l’ONU, après avoir sévi 18 mois dans la riche province minière du Nord-Kivu. Des dizaines d’autres groupes armés continuent de terroriser les populations locales dans les montagnes de l’est de la RDC.

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L’accord de lundi doit fixer le sort des quelque 1.700 combattants du M23 – un chiffre avancé par Kampala, remis en question par certains observateurs – réfugiés dans des camps en Ouganda. Une centaine de rebelles blessés ont également fui au Rwanda, accusé, comme l’Ouganda, de soutenir la rébellion.

Le cas de certains commandants est cependant compliqué, notamment celui du chef militaire Sultani Makenga, accusé de massacres, viols, enrôlements d’enfants et qui figure sur des listes de sanctions onusienne et américaine.

Selon le porte-parole du gouvernement de RDC, Lambert Mende, l’avenir des rebelles se règlera "au cas par cas", avec sans doute une proposition à la majorité des combattants de base de réintégrer l’armée congolaise.

L’envoyée spéciale de l’ONU pour les Grands Lacs, Mary Robinson, estime que l’accord sera "une étape très importante vers la paix" dans la région.

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Mais d’autres opérations seront nécessaires, qui viseront d’autres groupes rebelles.

Le rôle de l’Ouganda et du Rwanda

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Les observateurs appellent à la prudence car de précédents accords de paix n’ont pas empêché une reprise des hostilités, soit parce qu’ils n’ont pas été appliqués, soit parce qu’ils ne s’attaquaient pas aux questions de fond que sont le retour des réfugiés et le partage des terres.

Selon l’organisation humanitaire britannique Oxfam, une réponse militaire aux groupes armés ne suffira pas.

"Le gouvernement doit aussi offrir des alternatives crédibles aux combattants qui veulent déposer les armes", dit l’ONG, appelant à l’adoption d’un "programme de désarmement, démobilisation et réintégration afin de fournir aux combattants une alternative à la guerre".

"Il doit y avoir un processus politique qui s’attaque aux problèmes de fond, comme la terre, les moyens de subsistance, le contrôle des ressources et la représentation de toutes les communautés", juge-t-elle, tout en appelant l’ONU et Kinshasa à tout mettre en oeuvre pour que les civils ne pâtissent pas des prochaines opérations annoncées.

Au Nord-Kivu, des habitants et un ancien député affirmaient lundi que des civils accusés de collaboration avec le M23, en particulier des Tutsi, commençaient à être arrêtés.

D’autres observateurs soulignent aussi que tant que les pays de la région, Rwanda en tête, ne retireront pas leurs pions de l’est de la RDC, rien ne changera vraiment non plus.

Mme Robinson veut cependant croire que le président rwandais Paul Kagame et son homologue ougandais Yoweri Museveni, qui ont toujours nié soutenir le M23, respecteront un précédent accord de paix signé en février par 11 pays de la région.

Désormais, a-t-elle ajouté, la priorité va être de vaincre les rebelles hutu rwandais des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), qui comptent dans leurs rangs des auteurs du génocide contre les Tutsi du Rwanda en 1994.

Le gouvernement de Kigali, issu d’une rébellion tutsi, les considère comme une menace majeure pour la sécurité du Rwanda et des populations tutsi du Congo. Régler leur cas est donc essentiel pour rassurer Kigali et éviter l’apparition d’une énième rébellion soutenue par le Rwanda.

Reste enfin le scepticisme que suscite l’accord de lundi en RDC même.

Vendredi, une coalition d’ONG, d’associations et de syndicats du Nord-Kivu a qualifié le processus de Kampala de "non-sens" présidé "par un Etat agresseur, l’Ouganda" — Kampala est médiateur dans les pourparlers.

Fidel Bafilemba, chercheur pour l’ONG américaine Enough Project, "doute de la bonne foi de Kagame et Museveni à lâcher prise si facilement".

"Museveni ne cache pas ses sentiments vis-à-vis du M23 quand il plaide pour leur amnistie générale (…) Le fait d’annoncer que l’Ouganda ne va pas extrader ces rebelles laisse penser à un plan B pour reconstruire cette rébellion", juge-t-il.

© 2013 AFP

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