Bientôt un procès contre Pascaline Bongo Ondimba
La sœur d’Ali Bongo Ondimba, président du Gabon jusqu’au 30 août dernier, sera jugée début 2024 à Paris pour des soupçons de corruption en lien avec des marchés publics passés en 2010 et 2011.
Pascaline Bongo, qui a été la directrice de cabinet de son père, Omar Bongo Ondimba, puis a travaillé auprès de son frère Ali Bongo Ondimba, président du Gabon renversé par un putsch le 30 août dernier, est soupçonnée d’avoir accepté d’intervenir en faveur d’Egis Route dans l’attribution de marchés publics contre la promesse de 8 millions d’euros.
Elle sera jugée pour corruption passive d’agent public étranger. Ce procès, révélé par le journal français Libération, se tiendra du 29 janvier au 1er février 2024, selon une source judiciaire.
La fille aînée du défunt Omar Bongo Ondimba, qui conteste les faits, « n’a été en contact avec personne ». « Il n’y a pas de contrat signé et rien dans le dossier ne permet de dire qu’il y a eu une remise d’argent », a affirmé son avocate Corinne Dreyfus-Schmidt, qui a ajouté : « Rien ne va dans le dossier, la procédure et les qualifications pénales. »
Selon Libération, Pascaline Bongo, 67 ans, avait accepté un « partenariat fictif » pour qu’Egis participe à la création de l’Agence nationale des grands travaux du Gabon via un marché public de consulting. Cette structure, créée par Ali Bongo Ondimba après son arrivée à la tête du Gabon, supervisait les importants chantiers d’infrastructures comme les routes, les stades et les projets immobiliers publics.
8 millions de rétrocommission
Également annoncés sur le banc des prévenus, la société Egis Route ainsi que deux anciens cadres de la société et son actuel directeur commercial, Christian Laugier, anciennement chargé des activités Afrique et directeur général du groupe. Ces trois hommes sont soupçonnés d’avoir proposé à Pascaline Bongo une rétrocommission de 8 millions d’euros en échange d’un contrat.
« Nous contestons les faits de corruption avec la plus grande fermeté », a réagi le groupe français spécialisé dans la construction de routes et d’infrastructures dans le monde.
Une avocate française, Danyèle Palazo-Gauthier, ainsi que l’homme d’affaires gabonais Franck Ping, fils de Jean Ping, comparaîtront également pour complicité de corruption passive d’agent public étranger. « Mme Palazo-Gauthier n’a jamais commis la moindre infraction » et les poursuites la visant sont « totalement infondées et déraisonnables », ont réagi ses conseils, Julie Fréal-Saison et Cédric Labrousse.
« Biens mal acquis »
L’enquête préliminaire a été ouverte en 2019 par le parquet national financier français après la découverte « de curieux échanges, mails et documents évoquant l’affaire Egis », selon Libération, lors d’une perquisition dans le cabinet parisien de Danyèle Palazo-Gauthier dans le cadre de l’information judiciaire sur des soupçons de biens mal acquis.
Dans ce dossier, des juges parisiens se penchent depuis plus de quinze ans sur des soupçons de détournements de fonds publics ayant permis notamment aux Bongo de se constituer un patrimoine considérable en France.
Dans le volet gabonais, 18 personnes sont à ce jour mises en examen, dont dix enfants d’Omar Bongo Ondimba. Parmi eux figurent Pascaline Bongo et Omar Denis Jr Bongo Ondimba, 29 ans, également petit-fils du président congolais Denis Sassou Nguesso.
Ils sont soupçonnés d’avoir bénéficié de ces « biens mal acquis », évalués par la justice « à 85 millions d’euros ». Tous ont contesté avoir eu connaissance du caractère frauduleux des biens immobiliers, offerts par leur père Omar Bongo Ondimba, président du Gabon de 1967 à sa mort, en 2009.
(Avec AFP)
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