Un masque gabonais acheté 150 euros et revendu 4,2 millions d’euros

Un couple de retraités français a cédé un masque pour une somme modeste, avant d’apprendre que celui-ci avait été revendu pour plusieurs millions. Ils saisissent la justice…

© Damien Glez

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Publié le 7 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

Deux retraités français de 88 et 81 ans pensaient avoir gagné 150 euros inespérés. Ils ont finalement l’impression d’avoir perdu 4,199850 millions d’euros… En 2021, le couple décide de se séparer d’objets présents dans sa résidence secondaire du Gard. Il fait appel à un brocanteur, qui leur achète notamment un masque en bois sculpté ayant appartenu à l’un des aïeux des retraités, le Français René-Victor Edward Maurice Fournier, qui fut gouverneur colonial en Afrique.

L’acheteur en propose 150 euros. Or, il se trouve que l’objet date du XIXe siècle, qu’il relève du patrimoine culturel d’une société secrète du groupe ethnique fang du Gabon, que son esthétique inspira des peintres européens majeurs comme Pablo Picasso et Amedeo Modigliani, et qu’il n’en resterait désormais qu’une dizaine d’exemplaires. Identifié comme tel, le masque est immédiatement inscrit au catalogue d’une salle de ventes de Montpellier…

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« Vendu c’est vendu » ?

Deux jours après la cession par les retraités, l’objet est revendu pour la somme de 4,2 millions d’euros, hors frais, soit l’équivalent de 2,7 milliards de francs CFA. La somme est si faramineuse que la presse s’en fait l’écho. Les anciens propriétaires découvriront, dans un journal, la valeur réelle de leur ancien bien…

« Vendu, c’est vendu », est sans doute tenté de répondre le brocanteur. Les octogénaires en colère l’attaquent tout de même en justice pour expertise tronquée. Ils demandent l’annulation de la vente à 150 euros. Le 31 octobre, le tribunal judiciaire d’Alès devra déterminer si l’expert pouvait, de bonne foi, ignorer la valeur potentielle de son achat.

Le brocanteur aurait proposé la somme de 300 000 euros aux retraités, sans que cette opération compensatoire ne soit conclue. En attendant le verdict du tribunal d’Alès – peut-être un partage plus équitable du produit de cette double vente –, la cour d’appel de Nîmes a d’ailleurs bloqué ses comptes bancaires.

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Considérant notamment le caractère rarissime de cette pièce à fort témoignage historique, nombre de Gabonais considèrent qu’il ne s’agit guère de trancher entre le vendeur à 150 euros et l’acheteur à 4,2 millions. Il s’agit plutôt, primo, d’interroger la légitimité de l’aïeul gouverneur à exporter l’objet en 1917, et, secundo, de considérer l’opportunité de le restituer au Gabon…

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