La grogne monte face à la longue grève des universités au Nigeria

La grève paralysant les universités depuis plusieurs mois au Nigeria, qui touche essentiellement les étudiants pauvres, a poussé le président Goodluck Jonathan à intervenir cette semaine, augmentant encore la pression sur un mouvement de plus en plus impopulaire.

Manifestation d’étudiants lors d’une grève dans les universités à Lagos, le 13 août 2013. © AFP

Manifestation d’étudiants lors d’une grève dans les universités à Lagos, le 13 août 2013. © AFP

Publié le 9 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Les membres du syndicat du personnel académique des universités (ASUU) ont entamé ce mouvement en juillet pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de travail et la rénovation des campus publics.

Cette grève, la dernière d’une longue série, a d’abord bénéficié d’un large soutien populaire, mais à mesure que les négociations restaient dans l’impasse, l’empathie s’est muée en colère et les étudiants se sont mis à manifester pour la reprise des cours.

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Les universités publiques et privées du pays comptent environ 1,2 million d’inscrits, selon la Commission nationale des universités. Et les établissements privés sont les moins touchés par les blocages.

Comme souvent au Nigeria, il existe une scission, dans l’enseignement supérieur, entre une poignée de personnes très riches et influentes, qui ont les moyens d’envoyer leurs enfants dans des établissements privés, et le reste de la population. La majorité des étudiants fréquente les bancs surpeuplés et mal entretenus du secteur public.

"Les grèves à répétition, le lot des universités d’Etat"

"Comme j’aimerais que mon père ait assez d’argent pour m’envoyer dans une université privée", se lamente Enitan Alonge, dont le cursus de quatre ans en ingénierie devait se terminer en septembre à l’université de Lagos.

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"J’aurais obtenu mon diplôme et j’aurais été épargnée par les grèves à répétition qui sont devenues le lot des universités d’Etat de ce pays", confie l’étudiante de 21 ans.

Enitan dit comprendre les professeurs mais pense que la grève a un effet "dévastateur" sur les étudiants, qui ont perdu un semestre entier.

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"Nous demandons à l’ASUU de suspendre la grève afin que nous puissions retourner à l’université. Nous sommes chez nous depuis trop longtemps", dit-elle.

Le souhait des étudiants pourrait être exaucé: le président nigérian Goodluck Jonathan a pris en main les négociations cette semaine pour tenter de sortir de l’impasse.

Selon les médias locaux, le gouvernement a accepté un plan de financement des universités sur cinq ans. L’ASUU n’a pas donné de détails, disant vouloir consulter sa base.

Selon le quotidien indépendant This Day, 100 milliards de nairas (467 millions d’euros) doivent être débloqués cette année, puis 220 milliards de nairas en 2014, pour remettre en état les infrastructures universitaires.

Emeka Wogu optimiste

Le ministre du Travail Emeka Wogu s’est montré "optimiste", assurant que l’ASUU était "très heureux" à l’issue des négociations.

"Nous pensons que l’intervention présidentielle a permis de sortir de l’impasse", a-t-il déclaré, "la balle est désormais dans le camp des dirigeants syndicaux".

Selon une source proche des négociations, les professeurs pourraient appeler à la fin de la grève d’ici la fin de la semaine.

Entre-temps, pour s’occuper pendant ces longues semaines d’inactivité, Enitan Alonge s’est inscrite à un cours d’informatique et John Alagbe, un jeune étudiant de 17 ans à Kano (nord), a appris à couper les cheveux.

"J’ai suivi une formation de deux semaines chez un barbier, puis j’ai ouvert mon propre petit commerce, où je me fais un peu d’argent", dit-il.

"Les petites économies que je fais viendront compléter ce que mes parents me donneront, quand je retournerai sur le campus".

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