Guerre Israël-Hamas : l’Afrique et le monde entre appels à la paix et prises de position tranchées

Depuis le déclenchement de l’offensive du Hamas contre Israël, les capitales africaines, comme le reste du monde, appellent à l’arrêt des violences et à un retour aux négociations. Si le soutien à la cause palestinienne est fort, le massacre de civils israéliens a provoqué des réactions indignées.

L’armée israélienne a annoncé avoir frappé 500 cibles à Gaza dans la nuit du 9 au 10 octobre 2023. © MAHMUD HAMS / AFP

Publié le 9 octobre 2023 Lecture : 4 minutes.

Dans un communiqué publié dès le soir du 7 octobre, date à laquelle a débuté l’offensive du Hamas contre Israël, l’Union africaine (UA) a tenté le difficile exercice qui consiste à synthétiser l’opinion de ses membres.

Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, y appelle donc les deux parties « à revenir, sans conditions préalables, à la table des négociations pour mettre en œuvre le principe de deux États vivant côte à côte ». Tout en souhaitant « rappeler que le déni des droits fondamentaux du peuple palestinien, notamment celui d’un État indépendant et souverain, est la cause principale de la tension israélo-palestinienne permanente » et qu’il revient « à la communauté internationale, et aux grandes puissances mondiales en particulier » à « assumer leurs responsabilités pour imposer la paix et garantir les droits des deux peuples ».

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Les Comores, qui assurent la présidence tournante de l’organisation panafricaine, ont également fait part, dans un communiqué, de leur « stupéfaction », craignant que le regain de violence ne pèse sur « la paix dans l’ensemble de la région » et appelant les deux parties « à faire preuve de retenue, en cessant immédiatement les hostilités. »

Des déclarations auxquelles sont vite venues s’ajouter celles de plusieurs capitales africaines, adoptant des positions parfois diamétralement opposées. Ainsi, tandis que le président congolais Félix Tshisekedi condamnait « avec fermeté les attaques terroristes » et exprimait « sa solidarité au peuple israélien », tout en assurant que la République démocratique du Congo et l’État hébreu « sont unis pour combattre le terrorisme sous toutes ses formes », l’ANC sud-africain déclarait que « la dégradation de la situation est directement liée à l’occupation illégale de la Palestine par Israël ». « L’apartheid fait partie de l’histoire de l’Afrique du Sud mais c’est aujourd’hui la réalité de la Palestine occupée« , poursuivait le parti majoritaire, estimant qu’il n’était « pas surprenant » de voir les Palestiniens « répondre » à la brutalité imposée par Tel-Aviv.

À Dakar, le Sénégal a également réagi « en sa qualité de président du comité des Nations unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien ». Dans leur communiqué officiel, les autorités « réitèrent la nécessité de raviver au plus vite les négociations » et rappellent l’objectif « de deux États indépendants, Israël et Palestine, vivant côte à côte, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues ». Inquiète pour ses concitoyens vivant en Israël, la Côte d’Ivoire a quant à elle émis un communiqué les « exhortant » à « ne pas s’éloigner des abris de protection ».

Des grandes puissances divisées

Au Cameroun, si les réactions officielles ne sont venues que lundi 9 octobre, le président Paul Biya a exprimé dans un communiqué adressé à son homologue israélien, Isaac Herzog, son « réel émoi » face au bilan de l’attaque du Hamas. L’ambassade d’Israël dans le pays a également relayé les messages de soutien de Mohamadou Bayero Fadil, un influent homme d’affaire membre d’une famille proche du pouvoir, dont le frère, Mohamadou Fadio, a été plusieurs fois élu maire. « J’ai eu à visiter votre pays à maintes reprises et à chaque fois je me suis senti chez moi. Une terre bénie », écrit le businessman qui se présente comme « un croyant musulman » aux diplomates israéliens. Qui ajoute, estimant que le Hamas « n’a jamais voulu négocier une paix durable » : « En tant qu’ami et soutien du peuple israélien, je m’associe pleinement à vous pour partager toute décision prise par vous pour éradiquer définitivement ces actes. »

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Parmi les grandes puissances appelées à intervenir pour empêcher une escalade dans le conflit, l’Union européenne (UE) a annoncé qu’elle réunirait ses États membres en urgence le mardi 10 octobre pour évoquer la crise. Plus tôt, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait écrit sur X que la « brutalité de l’attaque terroriste du Hamas » laissait les Européens « sans voix » et que l’UE se tenait « fermement aux côtés d’Israël ».

À l’ONU, le secrétaire général, António Guterres, a condamné « dans les termes les plus forts » l’attaque du Hamas, et une réunion du Conseil de sécurité a été convoquée en urgence le dimanche 8 octobre au soir. Mais les discussions s’y annoncent compliquées.

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Si le président américain, Joe Biden, a immédiatement réaffirmé le soutien « indéfectible » de son pays à Israël, ainsi que l’envoi de munitions et d’équipements militaires, la Chine s’est dite « profondément préoccupée » par la situation et a appelé à un « cessez-le-feu immédiat ». Quant à la Russie, son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, reçoit aujourd’hui à Moscou le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, pour évoquer le sujet.

« Pourquoi le problème ne trouve pas de solution »

« Je suis sûr que la Russie et la Ligue arabe travailleront avant tout à arrêter l’effusion de sang » avec les pays qui veulent « une paix durable au Moyen-Orient », a déclaré le chef de la diplomatie russe, qui a jugé « nécessaire non seulement d’arrêter les combats, de résoudre le problème avec les civils », mais aussi « d’établir la raison pour laquelle le problème (israélo-palestinien) ne trouve pas de solution ». En écho, Ahmed Aboul Gheit a appelé à trouver « une solution juste au conflit israélo-palestinien », assurant que la Ligue arabe rejette la violence « des deux côtés ».

En Europe, la France « condamne fermement » l’offensive lancée par le Hamas, tandis que l’Allemagne évoque « des attaques barbares » et souligne le droit d’Israël à se défendre. À Londres, le gouvernement britannique a exprimé son « soutien inébranlable » à Tel-Aviv, se disant prêt à apporter son aide pour que « le terrorisme ne l’emporte pas ». La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a assuré Israël de la « complète solidarité de Rome », tandis que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, estimait que « le terrorisme est toujours un crime ».

En Inde, le Premier ministre, Narendra Modi, s’est déclaré profondément choqué par les nouvelles attaques terroristes » et a assuré que son pays était « solidaire d’Israël en ces heures difficiles ».

(avec AFP)

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