Faut-il croire au « vaccin miracle » contre le paludisme ? Décryptage en infographie
La reconnaissance d’un second vaccin antipaludique par l’OMS, en l’espace de trois ans, lève un espoir dans la lutte contre ce fléau. Comment agissent le R21/Matrix-M et le RTS,S/Mosquirix ? Qui les fabrique ? Décryptage.
Publié le 10 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.
C’est « un grand jour pour la santé, un grand jour pour la science et un grand jour pour les vaccins », a déclaré le président de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, le 2 octobre, après que celle-ci a annoncé la reconnaissance d’un second vaccin contre le paludisme, maladie qui tue chaque année un demi-million d’Africains.
Son nom : le R21/Matrix-M. En phase de test depuis quatre ans au Burkina-Faso, au Mali, au Kenya et en Tanzanie, le nouveau vaccin mis au point par des docteurs burkinabè en partenariat avec l’université d’Oxford offre une efficacité supérieure à 75 % chez les jeunes enfants. Un résultat plus que prometteur.
Le Ghana, le Nigeria et le Burkina Faso n’ont d’ailleurs pas attendu l’OMS et l’autorisent déjà sur leur territoire depuis quelques mois. L’organisation internationale doit, elle, encore valider des modalités de fabrication, mais le vaccin devrait être déployé mondialement à la mi-2024. Objectif ? 100 millions de doses par an, produites par le géant pharmaceutique indien Serum Institute of India.
Un tournant dans la lutte ?
Après l’homologation du RTS,S/Mosquirix en 2021, le feu vert pour ce second vaccin apparaît d’autant plus providentiel qu’il intervient à un période charnière de la lutte contre le paludisme en Afrique. Les campagnes d’éradication, ralenties durant le Covid-19, sont aujourd’hui entravées par les conflits et les catastrophes climatiques de plus en plus intenses. Le changement climatique favorise également la propagation sur de nouvelles zones du moustique anophèle, porteur du parasite. En outre, la résistance croissante des moustiques aux insecticides et aux médicaments existants constitue un défi majeur.
Mais surtout, les fonds manquent. En 2021, les financements consacrés à la lutte contre le paludisme ont atteint 3,5 milliards de dollars, soit la moitié de ce que préconise l’OMS et à peine de quoi maintenir les programmes vitaux existants. Même si le vaccin s’avère miraculeux, il semble impératif d’augmenter les dépenses privées, publiques, ainsi que les dons pour que l’offre – 18 millions de doses aujourd’hui pour le RTS,S – réponde à la demande colossale : 247 millions de cas de paludisme, en 2021, dont 95 % en Afrique.