Hamas, Hezbollah, OLP… Qui est qui dans le conflit israélo-palestinien ?
Lancée cinquante ans après la guerre du Kippour, baptisée du nom de la principale mosquée de Jérusalem et recourant à des moyens d’une brutalité inédite, l’offensive meurtrière du Hamas contre Israël n’est pas le fruit du hasard. Décryptage et mise en perspective politico-historique.
C’est alors que prenaient fin les festivités de Souccot, l’une des principales fêtes juives, que les premières roquettes se sont abattues sur Israël, le 7 octobre 2023. Soit cinquante ans jour pour jour après la guerre du Kippour, elle-même déclenchée par l’Égypte et la Syrie le jour du Grand Pardon, en octobre 1973, en plein mois de ramadan.
Dans un premier temps, l’offensive semble avoir pris de court les autorités israéliennes, y compris le Mossad et le Shin Beth, les tout-puissants organes du renseignement extérieur et intérieur israélien. Quant au Premier ministre, Benyamin Netanyahou, malgré ses longues années passées à la tête de l’État hébreu, il se trouve confronté à une situation inédite pour lui : celle de devoir gérer un conflit direct d’envergure avec les Palestiniens. Jusqu’ici, le chef de la droite israélienne n’avait eu à mener – et à ordonner – que des opérations commandos de Tsahal, et l’incarcération d’activistes palestiniens.
Les enfants de 1987, lanceurs de pierres de la première Intifada, ont grandi, notent certains observateurs. Sont-ils aujourd’hui à la manœuvre ? D’autres spécialistes soulignent l’inexorable montée en puissance de contre-pouvoirs à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui incarnait, à sa création en 1964, le mouvement national palestinien et se trouve aujourd’hui complètement débordée.
Principale composante du mouvement, le Fatah de Yasser Arafat a, dans l’histoire, conduit la lutte armée et pratiqué la guérilla. Un processus qui a néanmoins mené aux accords d’Oslo, en 1993, puis à la mise en place de l’Autorité palestinienne, en 1996.
Soutenu par l’Iran
En 2006, pourtant, le Fatah, à l’occasion des élections législatives, a dû céder la place au Hamas, ce « Mouvement de la résistance islamique » soutenu par l’Iran et qui règne depuis sur Gaza.
Ce sont les hommes du Hamas qui ont lancé l’attaque de ce 7 octobre, eux encore qui ont choisi de la baptiser « Déluge d’Al-Aqsa ». Soit le nom de la plus grande et très vénérée mosquée de Jérusalem, érigée sur l’emplacement à partir duquel le prophète Mohammed a accompli son ascension céleste, le mi‘raj, accompagné de l’ange Gabriel, après son voyage nocturne, isra, de La Mecque à Jérusalem.
Issu de la branche jordanienne des Frères musulmans, le Hamas a pour objectif la destruction de l’État hébreu – en 2007-2008, il s’était dit prêt à reconnaître les frontières de 1967 – et la création d’un État islamiste dans la Palestine historique.
Différentes instances internationales ont classé sa branche armée, les Brigades Izz al-Din al-Qassam, comme « organisation terroriste ». Ce qui ne l’empêche pas de gérer Gaza depuis près de vingt ans. Pour cela, le mouvement peut compter sur l’appui du Hezbollah libanais, parti d’obédience chiite aligné sur les préceptes de l’ayatollah Khomeiny et conduit par Hassan Nasrallah. Une formation dont la branche paramilitaire a, elle aussi, été déclarée organisation terroriste.
Influent sur le plan régional, le Hezbollah est un allié de la Syrie et un adversaire de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, auxquels il reproche à la fois d’être des monarchies et de se montrer trop accommodants avec Israël.
Des considérations diplomatiques et politiques qui en appellent d’autres. Notamment celle-ci : l’offensive du Hamas pourrait être analysée à l’aune du recul des Frères musulmans au Maghreb, qui auraient par ce biais l’opportunité de rebondir et de tenter de reprendre leur activité ou de retrouver un début d’audience auprès de populations acquises à la cause palestinienne.
Une stratégie teintée de cynisme et qui a un prix : depuis le début de « Déluge d’Al-Aqsa », de nombreux civils gazaouis ont, eux aussi, trouvé la mort durant les affrontements. Des pertes visiblement admissibles aux yeux du Hamas, qui considère sa nouvelle offensive comme une guerre sainte.
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